Suite à l'entretien réalisé avec le Père Argouarc'h pour la radio diocésaine RCF Vendée, le journaliste Thomas Cauchebrais en a tiré un portrait publié dans la revue diocésaine "Catholique en Vendée" de cette semaine ainsi que sur le site internet du diocèse de Luçon :
"Le rosaire lui ceignant la taille, un épais blouson de cuir jeté par-dessus une bure beige laissant dépasser ses godillots, le Père Jean-Paul Argouarc'h vous salue d'un sourire timide mais d'une franche poignée de main. Celle d'un homme sûrement plus à l'aise autour d'un feu de camp qu'au micro d'un journaliste. Engagé depuis 1968 auprès des enfants défavorisés à qui il tente de faire découvrir un idéal de vie à travers la pédagogie scoute, le Père Argouarc'h est prêtre de l'Institut Sainte Croix de Riaumont. Tout d'abord village d'accueil pour enfants en rupture de ban et fraternité de prêtres, Riaumont fut fondé en 1958 dans le Nord-Pas-de-Calais par le Père Revet, lui-même disciple du Père Sevin, fondateur des Scouts de France. C'est en 1991 que le pape Jean-Paul II reconnut définitivement les statuts canoniques de ces oblats de Fontgombault, célébrant la messe dans la forme extraordinaire du rite romain comme les y autorisent les Motu Proprio de 1988 puis de 2007. Leur spiritualité se situe dans la lignée des ordres scouts fondés par le Père Sevin. « Des chefs scouts qui souhaitent se donner complétement au Bon Dieu », ajoute le Père Argouarc'h qui en assuma la direction de la mort du Père Revet en 1986 jusqu'à l'an 2000.
Toute une vie que le jeune Jean-Paul a décidé de consacrer à Dieu et à la jeunesse de France au sortir du Forum de la Cité catholique à Lausanne où l'avaient emmené ses parents.
« A cette époque, se souvient celui que l'on appelle parfois Padre, j'étais en Allemagne où je faisais mon service militaire dans les parachutistes. Durant les trois semaines précédentes, je priais chaque soir pour demander à Dieu de me faire connaître quelqu'un qui pourrait me prendre comme éducateur à l'essai. C'est par hasard, que j'ai entendu le témoignage du Père Revet qui, au lieu de parler de pédagogie, a raconté des histoires d'enfants. J'ai été touché au cœur. S'il exauçait ma demande, j'avais promis au Seigneur de faire une retraite afin de réfléchir si je devais, oui ou non, me donner complétement à Lui. Je l'ai faite à Fontgombault un an après et j'ai décidé de suivre le Père Revet. J'avais 21 ans. »
Un engagement qui s'est forgé durant sa jeunesse en Vendée. D'une mère qui trouva la foi à 17 ans, il garda d'elle la fougue des convertis. « C'est elle qui m'a transmis ces racines chrétiennes. » Malgré un père militaire, le port d'attache de la famille maternelle demeura toujours les Sables d'Olonne. Au retour du père d'Indochine en 1954, la famille Argouarc'h emménagea à Belleville-sur-Vie. « Mon grand-père, Stanislas Guédon, avait deux métairies non loin de là, aux Lucs sur Boulogne. On partait dans la traction avant ou la vieille Simca 1000 de mes parents, se rappelle-t-il avec un sourire en coin, pour visiter ces fermes et nous ne manquions jamais de nous rendre à la chapelle du Petit-Luc. »
C'est là que le futur prêtre sentit sa vocation se dessiner. « Convaincu que le sang des martyrs est semence de Chrétienté, j'ai été touché par ce lieu sacré ! » Déjà tout petit, il priait pour la béatification des 109 petits martyrs, brûlés vifs en haine de la foi au pire moment des guerres de Vendée, demandée depuis 1947 par Mgr Cazeaux, alors évêque de Luçon. Une vénération qu'il n'a pas hésité à faire partager aux centaines de scouts qu'il a fait crapahuter depuis 42 ans jusqu'à cette chapelle dominant la Boulogne, ainsi qu'à ceux qui participent au pèlerinage annuel au début du printemps. Mais pour le Père Argouarc'h, cette prière revêt une symbolique plus importante encore.
« A travers ces martyrs, nous prions aussi pour la France, pour notre patrie, à qui le sacrifice de la Vendée, par amour pour le Sacré-Cœur de Jésus, a rendu sa liberté de culte et de conscience ».