Suite à la réponse de Mgr Gollnisch, le père Edouard-Marie Gallez nous demande de publier ces précisions :
"L'Oeuvre d'Orient fait, depuis un siècle et demi, un remarquable travail de soutien aux Chrétiens d'Orient. Sa mission doit continuer fidèlement. Simplement, la prudence consiste à rester à distance de "dialogues" qui ne sont pas fondés de manière juste, et cela même à titre de partenariat avec un institut de formation, comme l'indique par exemple la page indiquée ici.
Avant de quitter Paris, en septembre 2014, j'avais écrit à son directeur, Mgr Gollnisch, en vue de passer le voir à propos de ces orientations mal fondées. Il ne m'a pas répondu et ne s'en souvient certainement plus (mais, dans le passé, nous nous étions déjà rencontrés et croisés à diverses occasions).
Le fond de mon article se situe vraiment loin de toute question relative à une œuvre caritative. Le problème est autre : des institutions d'enseignement, ecclésiastiques ou même laïques se prévalant d'un minimum de rigueur intellectuelle, peuvent-elles répéter comme une vérité établie et sans le moindre esprit critique la légende muhammadienne, qui fonde le dogme islamique de la "3e révélation" (venant accomplir la volonté de Dieu méconnue jusqu'alors), alors que la recherche en a montré l'inanité il y a 10 ans déjà ? Que les grands médias aux ordres promeuvent cette légende, personne ne s'en étonnera ; mais des institutions financées par l'argent des chrétiens ?
Une telle question n'est pas simplement théorique, car ce dogme fonde la conviction d'être choisi par Dieu au dessus des autres hommes, ce qui porte à conséquences. En effet, une telle croyance stimule inévitablement ce que René Girard a décrit comme les désirs mimétiques, et ceux-ci vont jusqu'à la volonté de s'accaparer le monde ou le dominer (au reste, le Coran lui-même y invite : s.7,128 ; s.19,40 ; s.21,105). Alors que l'idéal chrétien est au contraire de servir. Quand on ouvre de telles vannes, il ne faut pas s'étonner ensuite des formes "d'islamisme" qui en découlent… et qui ne sont pas nouvelles : on en trouve depuis 14 siècles. Tous les musulmans un peu lucides condamnent ces islamismes, mais leurs efforts sont entravés par ce dogme – et aujourd'hui d'autant plus que les islamistes sont encouragés ou utilisés par divers intérêts (pas nécessairement saoudiens ou qataris).
On peut comprendre que certains responsables ecclésiastiques orientaux soient obligés de s'impliquer ; ils savent y faire, ils ont des siècles d'expérience. Mais pouvons-nous faire pareil, nous qui, malgré le travail fait par Pierre le Vénérable au 12e siècle et son édition imprimée en 1550, n'avons commencé à regarder sérieusement le Coran qu'au 19e siècle, tandis que l'image d'un islam romantique et fantasmé s'était déjà installée dans notre culture ? Pouvons-nous jouer à dialoguer sur fond de légende muhammadienne comme on le fait depuis plus de 50 ans ? Et à quel titre parler avec les financeurs du terrorisme, même pour relayer des plaintes de chrétiens d'Orient (mais en évitant bien d'aborder les responsabilités) ? Sommes-nous seulement crédibles, car qu'avons-nous dit quand nos avions sont allés bombarder les Libyens et que l'un de nos "services" a sans doute assassiné leur président (présenté comme un grand méchant par nos médias), quand bien même les conséquences désastreuses étaient évidentes en termes de déstabilisation, de terrorisme et réfugiés ?
Sans vérité et refus du mensonge (un combat bien difficile), il ne peut y avoir ni justice, ni paix. Jésus appelle Satan "père du mensonge et de l'homicide" (Jn 8,44), alors qu'il aurait pu dire : "père de la jalousie", ou "père de la débauche", ou encore "père de l'injustice", etc. Mais justement, il a choisi ses mots et a même placé le mensonge avant l'homicide ! C'est que le mensonge tue l'âme avant de tuer le corps : il conduit notamment à légitimer la destruction de pays entiers, ainsi que bien d'autres horreurs.
Pour les chrétiens, la vérité la plus fondamentale (et objectivement la plus attaquée) concerne Jésus-Christ ; cependant, c'est dans tous les domaines que sévissent aujourd'hui de terribles manipulations. Nous ne pouvons jamais les accepter."