C'est le père Rougé qui l'affirme, curé de l’église Saint-Ferdinand des Ternes à Paris (XVIIe) et professeur au collège des Bernardins :
"Notre société est moins sécularisée qu’on ne l’imagine et demeure marquée par des références chrétiennes. On y constate de profondes attentes spirituelles, notamment à l’égard de l’Eglise catholique.
Les relations entre les chrétiens de France et le pouvoir sont difficiles actuellement. Quelle est votre analyse ?
Beaucoup de chrétiens ont pris une conscience plus vive de la nécessité de s’engager dans la cité, ce qui est réjouissant. Les crispations laïcistes actuelles sont des réactions à la recomposition du rapport au religieux en France. On a voulu faire comme si la religion n’existait pas et l’on se rend à l’évidence aujourd’hui : elle est toujours là.
La tension que l’on constate depuis plus d’un an est forte. Cela vous inquiète t-il ?
J’ai le sentiment que nous assistons à la « crise d’acné » d’une société adolescente, façonnée par le christianisme et qui veut soudainement se couper de ses racines sans se rendre compte des dangers qu’elle court ainsi. J’espère et je pense que cette phase débouchera sur une période plus paisible, mais une perte d’équilibre n’est pas à exclure.
Quelle en serait la forme ?
La disparition d’une saine laïcité en raison de son durcissement nuirait à la paix de notre société. La laïcité, on le sait, est issue du christianisme. Or en sapant le christianisme – on parle de supprimer des fêtes chrétiennes, on veut interdire certains signes d’appartenance religieuse – c’est la laïcité que l’on sape. Le pire adversaire de la laïcité, c’est le laïcisme."