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Pays : Etats-Unis

Le plan Paulson : une fuite en avant

Le Démocrate [et non Républicain comme écrit précédemment] Dennis Kucinich, qui fait partie de ceux qui ont refusé le plan Paulson, indique :

D "Le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars est motivé par la peur, non par les faits. Cela fait trop d’argent qui ira à trop peu de gens en trop peu de temps, alors que beaucoup de questions restent sans réponse. Pourquoi ne nous accorde-t-on pas des auditions ? Pourquoi n’est-il question d’aucun plan alternatif ? (…) Pourquoi ne votons-nous pas des lois qui mettent un terme à la spéculation qui a déclenché tout ceci ? (…) Pourquoi n’aidons-nous pas les propriétaires de maisons à faire face à leurs dettes ? (…) N’est-il pas temps de changer fondamentalement notre système monétaire fondé sur la dette afin que nous puissions nous libérer de la manipulation de la Réserve fédérale et des banques ?"

Même de nombreux Démocrates ont refusé ce plan (contrairement à ce que disent certains médias qui accusent un peu vite les Républicains).

Le plan Paulson, qui voulait engager une somme équivalente à 5% du PIB américain, présentait la possibilité pour les banques de surévaluer dans leurs actifs, à leur propre guise, des actions dont le cours en bourse avait chuté de manière spectaculaire. Il prévoyait aussi ceci :

"Les décisions du Secrétaire relevant de l’autorité de cet Acte ne sont pas susceptibles d’être évaluées et relèvent de la discrétion de l’agence, et ne sont sujettes au contrôle d’aucune cour de justice ou d’aucune agence administrative."

Autrement dit, comme l’écrit Jeanne Smits dans Présent :

"un blanc-seing total en faveur de l’exécutif ; et de la Réserve fédérale, dont les directeurs sont nommés et qui est indépendante par rapport à l’Etat ; et qui détient le pouvoir d’imprimer des dollars. Chose qu’elle devrait sans doute faire pour arriver aux sommes faramineuses exigées par le plan Paulson…

Sachant que la politique de la Réserve fédérale a largement contribué à la crise en fixant artificiellement le taux des prêts à un niveau bas pour faciliter le crédit, et donc le crédit pourri, on comprend mieux la réticence de la Chambre des représentants. En 2003, le sénateur Ron Paul avait accusé la Réserve fédérale de préparer une crise de l’immobilier et, de là, une crise financière.

Michel Janva

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7 commentaires

  1. En attendant, la réalité est ce qu’elle est. Encore une fois, le monde entier paie les excès et les bonus des américains. Que le gouvernement américain paie et qu’ils se débrouillent avec leurs propres victimes !
    Ce plan ne peut pas ne pas passer. Sinon, c’est la fin du système capitaliste que l’on connait actuellement. Pour les Etats-Unis, cela reviendrait à abdiquer de toute ambition d’hégémonie. Ils enterreraient leur système, celui qu’ils ont mis en place en 1944. Un peu comme l’Europe après la 1è GM.
    Je crois que peu de gens se rendent compte quel point nous sommes au bord de l’effondrement du système économique et financier mondial. Certains peuvent rêver d’un grand soir, mais il faut avoir à l’esprit quelques petites choses.
    D’abord, le gel du système interbancaire pralyserait les banques. Imaginez que demain la SG, BNP, et autres soient incapables de fonctionner. Plus de salaires virés sur le compte. Plus de paiement par CB. Plus de crédit à rembourser non plus. Plus de possibilité de payer les fournisseurs. Cela signifierait des faillites en cascade.
    Lorsqu’un système s’effondre, il y a toujours un malin pour prendre la relève. Qui sortirait renforcé ? A part les Chinois et les pays producteurs de pétrole, je ne vois pas qui…

  2. Euh… Kucinich appartient à la gauche du parti Démocrate ! Mais le bon sens étant la chose du monde la mieux partagée…
    [Oui, je suis victime de Jeanne Smits ;-)
    L’intégralité de l’article de Présent est accessible. MJ]

  3. Michel Janva, et si vous vous documentiez convenablement ? Dennis Kucinich est membre plusieurs décennies du Parti Démocrate, il est même considéré comme appartenant à l’aile gauche du Parti de l’Ane (non pas vous Michel, je parle du Parti Démocrate)
    Il n’est pas opposé à l’avortement, est pour la légalisation des mariages homosexuels (le Saint Homme que voilà) et milite pour l’impeachment de G.W. Bush (il va falloir qu’il se dépêche…)
    [L’article de Présent indique à tort qu’il est Républicain. MJ]

  4. Jean-Claude, vous me semblez avoir beaucoup de prévenance pour les bandits de la finance mondialisée. C’est fort charitable de votre part. Mais de là à défendre le plan de “sauvetage” (qui ne sauvera rien du tout si ce n’est les “fat cats” de Wall Street), il y a un pas que je me refuse à franchir.
    Reportez-vous par exemple à ce qu’écrit par exemple un Ron Paul, qui n’a rien d’un irresponsable: ce plan, outre son inutilité et même sa nocivité, est absolument immoral, ce qui est bien plus grave.
    Phil

  5. Désolée de vous avoir induit en erreur, cher Michel Janva : c’était une erreur documentaire mais les conditions du quotidien, c’est cela aussi : avoir à peine deux heures pour rechercher, rassembler et lire toute sa doc, rédiger et donner son “papier”. Je viens d’aller voir ma “source”… et la source de mon erreur : il y était question du “Rep Kucinich”. Représentant, pas républicain ! Au temps pour moi… Mais ce qu’il disait me paraissait frappé au coin du bon sens. Amitiés !
    [Pas de problème, cela arrive à tout le monde. Il n’empêche que sans Présent, je n’aurais pas lu les propos pertinents de Kucinich. MJ]

  6. Phil,
    Laissons les électeurs américains décider de ce qui est moral. Après tout, ce sont leurs impôts. En attendant, c’est nous qui payons leurs excès.
    Quant à mon commentaire, il ne visait qu’à énoncer que le système financier mondial actuel est LEUR système et qu’il est de l’intérêt du pays de le sauver. Je ne préconise rien, mais je ne les vois pas sacrifier leur hégémonie pour de bons sentiments.

  7. Pour ceux que cela intéresse, l’intéressante analyse de George Soros dans l’Agefi
    Le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars du secrétaire américain au Trésor Hank Paulson s’est heurté à des difficultés au Congrès. Et c’est normal: il est mal conçu. Le Congrès abdiquerait ses responsabilités s’il donnait un blanc-seing au secrétaire au Trésor. Le projet de loi soumis au Congrès allait jusqu’à impliquer que les décisions du secrétaire n’auraient à être révisées par aucune cour ni organisme administratif – la réalisation suprême du rêve de l’administration Bush d’un exécutif unitaire.
    Le passif de Paulson n’inspire pas assez la confiance pour le laisser gérer plus de 700 milliards de dollars. Ce sont ses actes de la semaine dernière qui ont provoqué la crise rendant ce sauvetage nécessaire. Lundi, il laissé Lehman Brothers couler et a refusé de mettre des fonds gouvernementaux à disposition pour sauver AIG. Mardi, il a été obligé de faire marche arrière et de fournir un prêt de 85 milliards de dollars, avec des conditions sévères pour AIG.
    Les banques ne pouvaient plus fianancer leurs opérations
    La faillite de Lehman a semé la confusion sur le marché des billets de trésorerie. Un grand fonds commun de placement est passé sous la barre de 1 dollar et les banques d’investissement qui comptaient sur ce marché ont éprouvé des difficultés à financer leurs opérations. Jeudi, la ruée sur les fonds communs de placement battait son plein; nous n’avions jamais été aussi près d’un effondrement depuis les années 1930. Paulson a de nouveau fait volte-face et a avancé un plan de sauvetage du système.
    Paulson avait déjà obtenu un blanc seing du Congrès à une occasion. Il avait eu toute latitude pour gérer le problème de Fannie Mae et Freddie Mac. Sa solution a jeté le marché immobilier dans la pire des catastrophes: les dirigeants, conscients qu’ils perdraient leurs postes si les blancs-seings étaient utilisés, ont réduit les dépenses, rendu les hypothèques plus chères et moins facilement accessibles. En quelques semaines, le marché a forcé la main de Paulson et il a été obligé de les mettre sous tutelle.
    La proposition de Paulson d’acheter des titres adossés à des créances hypothécaires en péril (distressed securities) pose le problème classique de l’asymétrie des informations. Les titres sont difficiles à estimer mais les vendeurs ont plus d’information que les acheteurs: dans n’importe quelle vente aux enchères, le Trésor américain se retrouverait avec la lie. Cette proposition renferme aussi une foule de conflits latents sur des questions d’intérêts. À moins que le Trésor ne paie ces titres plus que leur valeur, le plan ne soulagera personne. Mais si ce projet sert à renflouer des banques insolvables, que vont obtenir les contribuables en échange?
    Pour Barack Obama, il faut imposer quatre conditions: que les contribuables obtiennent des avantages avec les inconvénients; un comité bipartisan pour superviser les opérations; une aide aux propriétaires comme aux titulaires des hypothèques; et des limites aux rémunérations de ceux qui tirent des profits de l’argent des contribuables. Ce sont de bons principes. Ils pourraient être appliqués plus efficacement en capitalisant les institutions encombrées de distressed securities directement plutôt que de les décharger de ces titres.
    Une injection en faveur des fonds propres
    L’injection de fonds gouvernementaux serait bien moins problématique si elle était appliquée aux fonds propres plutôt qu’au bilan. 700 milliards de dollars en actions privilégiées avec warrants pourraient suffire à combler le trou creusé par l’éclatement de la bulle immobilière. En revanche, l’addition de 700 milliards de dollars côté demande pourrait ne pas suffire à arrêter le déclin des prix de l’immobilier. Il faut aussi faire quelque chose du côté de l’offre. Pour empêcher une aggravation des cours de l’immobilier, il faut garder au minimum le nombre de saisies. Les termes des prêts hypothécaires doivent être ajustés à la capacité de paiement des propriétaires.
    Un plan de sauvetage à grande échelle indispensable
    Le plan de sauvetage ne le prévoit pas. Apporter les modifications nécessaires est une tâche délicate rendue encore plus difficile par le fait que de nombreuses hypothèques ont été découpées et réorganisées sous la forme d’obligations adossées à des actifs. Les titulaires des différentes «tranches» ont des intérêts conflictuels. Résoudre le conflit prendrait trop de temps pour inclure un plan de modification des prêts hypothécaires dans le projet de sauvetage. En revanche, cette formule peut préparer le terrain en modifiant les lois sur la faillite en ce qui concerne les résidences principales. Maintenant que la crise se déchaîne, un plan de sauvetage à grande échelle est probablement indispensable si l’on veut la maîtriser. Reconstituer les bilans décimés du système bancaire est la bonne solution. Toutes les banques ne méritent pas d’être sauvées, mais, avec une supervision adéquate, on peut compter sur les experts de la Réserve fédérale pour prendre les bonnes décisions.
    Il convient de pénaliser les directions qui rechignent à assumer les conséquences des erreurs passées en les privant des services de crédit de la Fed. La mise à disponibilité des fonds gouvernementaux devrait aussi encourager le secteur privé à participer à la recapitalisation du secteur bancaire et à mettre un terme à la crise financière. (Lire également en pages 8, 10, 12 et 15.
    * George Soros préside le Soros Fund Management.

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