Dalil Boubakeur n'avait pas encore lancé son ballon d'essai sur la conversion d'églises en mosquées quand ce texte de l'abbé René Arbez a été publié sur Dreuz-Info (au mois de mai). Il constitue néanmoins une réponse argumentée à ceux qui veulent faire croire que chrétiens et musulmans ont le même Dieu – Dalil Boubakeur en tête. En voici quelques extraits :
- Allah n'est pas le Dieu sauveur de la Bible
"Le christianisme, fondé par des juifs, a ouvert l’alliance à des peuples prêts à reconnaître le Dieu d’Israël et à vivre de l’éthique des dix paroles. Dans l’islam, cette alliance est absente. Le seul pacte est celui d’Allah avec Adam, ce qui fait de l’islam la religion adamique par excellence. Allah ne correspond pas au Dieu sauveur de la Bible judéo-chrétienne. Pas étonnant que les 99 noms d’Allah de la tradition islamique aient « oublié » de l’appeler « al mukhalliç » (le sauveur) et « al fâdî » (le rédempteur). On comprend aussi pourquoi l’islam refuse de donner à Jésus son vrai nom « Yehoshua » : Dieu sauve…
Ceux qui complaisamment veulent nous faire croire à un « tronc commun » des trois religions sont des aveugles voulant guider des aveugles. Cela, pour minimiser la parenté entre juifs et chrétiens d’une part, et pour raccrocher artificiellement l’islam à la tradition biblique, d’autre part."
- Pas d’œcuménisme avec l'islam
"En se donnant un air savant, les médias nous parlent des « trois monothéismes » pour entretenir l’amalgame, ou encore des « religions abrahamiques » comme si l’on parlait du même Abraham, quand ce n’est pas des « religions du Livre », expression pourtant spécifiquement islamique.
Or, la problématique des liens entre chrétiens et musulmans ne relève pas de l’œcuménisme – qui supposerait un noyau dur originel identique – mais de l’interreligieux, concept à géométrie variable et arbitraire."
- Le sens polémique d'"Allah ou akbar"
"Malgré l’enchaînement des événements un peu partout dans le monde, peu de chrétiens sont conscients du sens de l’expression, devenue banale, « Allah ou akbar » clamée lors de l’appel à la prière mais aussi lors d’assassinats ou d’attentats.
Cette phrase répétitive ne signifie pas de manière bucolique « Ah ! Que Dieu est grand ! » mais de manière polémique : « Allah est le plus grand !», ce qui est évidemment une revendication à placer l’islam comme supérieur à toutes les autres croyances.
« Vous êtes la meilleure communauté au monde ! » dit le coran aux musulmans. C’est cette même visée qui les incite à construire des minarets plus élevés que les clochers des églises ou à imposer leurs coutumes en terres juives ou chrétiennes."
- La profession de foi musulmane repose sur le rejet de la foi chrétienne
"Peu de chrétiens savent que la profession de foi musulmane, la chahada, (ashadu an la ilaha illa I-illah) est une expression négative. « Il n’y a pas de dieu si ce n’est Allah ».
Cette « négation affirmative » est en fait une profession de foi exclusiviste : elle implique le rejet du polythéisme mais aussi et surtout celui de la foi trinitaire des chrétiens, appelés associateurs. Dénonciation méprisante des infidèles et des impies, puisque le plus grand péché pour les musulmans est le shirk, le fait d’associer à Allah un être humain, en l’occurrence Jésus."
- Le Coran contre les juifs et les chrétiens
"L’Ecriture Sainte des juifs et des chrétiens est considérée par les musulmans comme abrogée, dépassée. D’ailleurs les musulmans ne lisent ni la bible hébraïque, ni les évangiles, car le coran est la vérité première restituée et la vérité ultime proclamée. Le coran, qui loue le Miséricordieux mais ignore le mot « amour » s’ouvre par la Fatiha, une sourate considérée par la tradition islamique comme matricielle ; elle serait comme un résumé théologique de l’ensemble du coran. Or, selon une tradition millénaire, le verset 7 de cette sourate, après avoir dit tout le bien des vrais croyants, (les musulmans), exècre deux catégories à bannir : les juifs « ceux qui sont l’objet de la colère d’Allah » (al-magdubi ‘alyhim) et les chrétiens « ceux qui se sont dévoyés loin de sa volonté » (ad-dalin)."
- Myriam et Issa dans le Coran ne sont ni Marie ni Jésus
"Les chrétiens qui se réjouissent un peu vite de retrouver Jésus et Marie dans la religion islamique devraient y regarder à deux fois. Car cette Myriam, même si elle est vierge, est la sœur de Moïse qui a vécu 1350 ans auparavant ! Et ce Jésus appelé Issa n’est pas celui de la foi néo-testamentaire issue de la Bible : Issa ibn Myriam est un bon musulman, un prophète de l’islam dont les hadiths nous disent qu’il viendra à la fin des temps pour « briser les croix, tuer les porcs et instaurer la seule vraie religion, celle d’Allah » (Abou Dawoud). Il éliminera les juifs et les chrétiens – ainsi que toutes les autres catégories d’infidèles – pour purifier le monde de tout obstacle impur au règne d’Allah.
Ce Issa n’est pas le Jésus des évangiles. Il n’est pas mort sur la croix, nous dit le coran. Il n’est en tout cas pas un Fils de Dieu, puisque Allah n’est pas père, et comme il n’y a pas de péché, il n’y a pas de rédemption ni de salut. On peut constater à quel point l’islam est diamétralement opposé au cœur du message chrétien et des références bibliques qui le sous-tendent. Pas d’alliance, pas d’amour, pas de péché, pas de rédemption, pas de salut, mais avant tout : une loi, la charia, c’est-à-dire des règles à observer pour ne pas fâcher le souverain céleste, inconnu, lointain, implacable. L’islam demande d’obéir, le christianisme demande d’aimer."
- Quelles relations avec l'islam ?
"L’islam n’est pas demandeur de dialogue. Ce qui l’intéresse, c’est d’amener des chrétiens sur son terrain, fût-ce par le biais des soufis – mystiques d’influence judéo-chrétienne honnis par les autorités islamiques. (…)
Il n’y a aucune convergence théologique et spirituelle entre christianisme et islam. Il y a certainement des possibilités de bonnes relations entre personnes, l’expérience le prouve. Mais en ce qui concerne la confrontation des systèmes de pensée, le traitement réservé aux chrétiens dans de nombreux pays islamiques – médiatisé seulement à une période récente mais trop longtemps occulté – aurait déjà dû ouvrir les yeux de tant d’occidentaux inconscients du péril mondial qui s’affirme."