Extrait du discours prononcé par le pape Léon XIV aux jeunes libanais :
[…] Vous m’avez demandé où trouver le point d’ancrage pour persévérer dans l’engagement en faveur de la paix. Très chers amis, ce point d’ancrage ne peut être une idée, un contrat ou un principe moral. Le véritable principe d’une vie nouvelle c’est l’espérance qui vient d’en haut : c’est le Christ Lui-même ! Jésus est mort et ressuscité pour le salut de tous. Lui, le Vivant, est le fondement de notre confiance ; Il est le témoin de la miséricorde qui rachète le monde de tout mal. Comme le rappelle saint Augustin en faisant écho à l’apôtre Paul, « c’est toujours en Lui, par Lui que nous avons la paix » (Commentaire sur l’Évangile de Jean, LXXVII, 3). La paix n’est pas authentique si elle n’est que le fruit d’intérêts partisans, mais elle est vraiment sincère lorsque moi, je fais à l’autre ce que je voudrais qu’il me fasse (cf. Mt 7, 12). Bien inspiré, saint Jean-Paul II disait qu’il n’y a « pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon » (Message pour la 35e Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2002). Il en est ainsi : du pardon naît la justice qui est le fondement de la paix.
Votre deuxième question peut alors trouver sa réponse précisément dans cette dynamique. C’est vrai, nous vivons à une époque où les relations personnelles semblent fragiles et sont utilisées comme s’il s’agissait d’objets. Même chez les plus jeunes, quelques fois l’intérêt individuel s’oppose à la confiance dans le prochain, le profit personnel est préféré au dévouement envers l’autre. Ces attitudes rendent superficielles même les paroles aussi belles que celles de l’amitié et de l’amour qui, souvent, sont confondues avec un sentiment de satisfaction égoïste. Si au centre d’une relation d’amitié ou d’amour se trouve le moi, cette relation ne peut être féconde. De même, on n’aime pas vraiment si l’on aime à terme, tant que dure un sentiment. Un amour à durée déterminée est un amour de piètre qualité. Au contraire, l’amitié est véritable lorsqu’elle dit “toi” avant “moi”. Ce regard respectueux et accueillant envers l’autre nous permet de construire un “nous” plus grand, ouvert à la société tout entière, à toute l’humanité. Et l’amour n’est authentique et ne peut durer pour toujours que lorsqu’il reflète la splendeur éternelle de Dieu, Dieu qui est amour (cf. 1 Jn 4, 8). Des relations solides et fécondes se construisent ensemble sur la confiance réciproque, sur ce “pour toujours” qui palpite en toute vocation à la vie familiale et à la consécration religieuse.
Très chers jeunes, qu’est-ce qui exprime plus que tout autre chose la présence de Dieu dans le monde ? L’amour, la charité ! La charité parle un langage universel parce qu’elle parle à chaque cœur humain. Celle-ci n’est pas un idéal, mais une histoire révélée dans la vie de Jésus et des saints qui sont nos compagnons dans les épreuves de la vie. Regardez en particulier les nombreux jeunes qui, comme vous, ne se sont pas laissés décourager par les injustices et les contre-témoignages reçus, y compris au sein de l’Église, mais ont essayé de tracer de nouvelles voies à la recherche du Royaume de Dieu et de sa justice. Avec la force que vous recevez du Christ, construisez un monde meilleur que celui que vous avez trouvé ! Vous, les jeunes, vous êtes plus directs dans vos relations avec les autres, même avec ceux qui sont différents en raison de leurs origines culturelles et religieuses. Le véritable renouveau que désire un cœur jeune commence par des gestes quotidiens : en commençant par l’accueil du voisin ou de qui vient de loin, par la main tendue à l’ami ou au réfugié, par le difficile mais nécessaire pardon de l’ennemi. […]
