On sait déjà la capacité des autorités et mouvements musulmans à se présenter sous une forme agréablement compatible avec le droit et la civilité occidentaux. Par exemple, quand un Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé en grande pompe par le Pape François et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, rappelle la nécessité de la liberté de culte mais omet la liberté de changer de religion, ou bien rappelle le droit des femmes à jouir pleinement de leursdroits, mais omet de rappeler que ces droits ne sont pas égaux à ceux des hommes.
Le Salon beige a opportunément mis en ligne des éléments d’entretien de Nagib Azergui, président de l’Union des démocrates musulmans français, à l’occasion de la présentation d’une liste de candidats aux élections européennes par ce parti politique (apparemment avec retard par rapport aux délais légaux, point qui resterait à valider et alors à comprendre).
Dans ces extraits, M.Azergui, qui rappelle que « sur le débat des idées, sur le débat intellectuel, nous avons probablement trop laissé faire certains philosophes, qui ont clairement obscurci les mentalités. Je parle de Finkielkraut », indique aussi :
« Pour moi, être démocrate, laïque et musulman, ce n’est pas antinomique, c’est avant tout une évidence ».
« Laïque » ? Louis Massignon, islamologue réputé, écrivait que l’islam était une « théocratie laïque et égalitaire ». Le caractère laïque de l’islam n’est donc pas impossible, mais avec un sens précis : l’islam (sunnite) est une religion de laïcs, sans clergé.
« Démocrate » ? Adrien Candiard (Comprendre l’islam ; ou plutôt pourquoi on n’y comprend rien, 2016), membre de l’Institut dominicain d’études orientales au Caire, affirme :
« L’islam classique ne s’oppose nullement à un fonctionnement démocratique, où les dirigeants seraient choisis par l’électeur ».
Dont acte. Cependant il ajoute dans la même phrase :
« mais il ne prévoit pas que ces gouvernants puissent promulguer des lois distinctes du droit religieux, ni même tirer de l’élection une légitimité à interpréter le droit religieux ».
Le bon sens populaire le dit : le diable est dans le détail.