A partir du 1er janvier, ce sera le président du groupe socialiste, Martin Schulz, qui prendra la présidence du Parlement européen, après Jerzy Buzek, membre du PPE, selon un accord entre les deux grands groupes. Yves Daoudal dresse son portrait :
"La différence n’est pas tellement que l’un soit de droite et l’autre de gauche, car tous deux sont d’abord européistes, mais que l’on quitte un Polonais bien élevé pour un Allemand malotru. Martin Schulz s’est fait surtout connaître par les insultes qu’il lance à l’encontre des personnalités qu’il n’aime pas, ou des gouvernements qui n’obéissent pas au doigt et à l’oeil aux diktats européens.
A propos des Polonais, justement. En septembre 2007, il avait dénoncé le blocage de Varsovie sur la journée européenne contre la peine de mort et avait rappelé des propos du président Lech Kaczynski favorables à la peine capitale, et il avait ajouté : « Je me demande combien de temps encore les 26 autres Etats membres vont accepter de supporter cela sans broncher… Les dirigeants européens doivent montrer que la Pologne est totalement isolée sur cette question. » Le propos avait fait scandale, et, le lendemain, pour se justifier, il ajoutait une grossièreté à sa grossièreté : « Je n’ai jamais parlé d’isoler la Pologne… Je ne confonds pas le gouvernement polonais et les Polonais. Quand je critique le président polonais, je ne critique pas le peuple polonais. La Pologne est un pays formidable, avec un peuple formidable, mais malheureusement un gouvernement très mauvais. » Le président de la Diète, Ludwik Dorn, avait demandé aux eurodéputés polonais membres du groupe socialiste de faire en sorte d’obtenir la destitution de Martin Schulz de son poste de président du groupe. En vain, bien sûr.
En 2008, ce sont les Irlandais qui en prenaient pour leur grade, pour avoir osé voter contre le traité de Lisbonne, et particulièrement le Premier ministre Brian Cowen: « Je crois nécessaire une évaluation critique du rôle du gouvernement irlandais. 70 % des Irlandais ont dit ne pas savoir ce qu’il y avait dans le traité. C’est la faute du gouvernement. Depuis six semaines, l’Irlande est gouvernée par un homme qui n’a pas fait grand-chose (pour expliquer le traité). Une fois de plus, la politique européenne a été sacrifiée sur l’autel des intérêts nationaux. » En réalité, Brian Cowen avait tout fait pour le oui: il avait mobilisé tout le ban et l’arrière-ban de l’establishment politique, médiatique, économique, et il avait même présidé une conférence de presse commune des trois principaux partis pour montrer l’unité de la classe politique en faveur du traité. Et s’il n’était là que depuis six semaines, c’est parce que l’ancien Premier ministre avait démissionné de façon à ce que le scrutin ne fût pas pollué par les considérations de politique intérieure… Martin Schulz avait également jugé « scandaleux » que le commissaire européen irlandais Charlier McCreevy avoue ne pas avoir lu le traité.
En mars 2009, Martin Schulz fut à l’origine de cet épisode de haute démocratie consistant à faire en sorte que le doyen de l’assemblée ne préside plus la séance inaugurale… parce que le doyen était Jean-Marie Le Pen. Martin Schulz avait dit, bien avant les élections : « Je suis préoccupé par le fait qu'un négationniste de l'Holocauste puisse présider la session inaugurale du Parlement européen. Il est inacceptable, inadmissible qu'un négationniste pour qui Auschwitz est un détail de l'Histoire, un vieux fasciste comme Le Pen, puisse le faire. » Cet amoncellement d’insultes et de calomnies avait trouvé une oreille complaisante chez les Verts, puis au PPE, puis au groupe libéral. Le 26 mars, les présidents des groupes politiques décidaient de donner leur feu vert à une modification du règlement, afin d'empêcher Jean-Marie Le Pen de présider la prochaine session inaugurale en tant que doyen (considérant donc qu’il était déjà réélu…). Mais, le 23 avril, la commission institutionnelle du Parlement rejetait la proposition. Alors Martin Schulz (président du groupe socialiste) et Joseph Daul (président du groupe PPE) déposèrent conjointement un « amendement » à un rapport, stipulant que jusqu'à l'élection d'un nouveau président, la session constitutive du nouveau Parlement issu des urnes serait désormais présidée par le président sortant ou, à défaut, par un vice-président sortant. Ce qui fut adopté « à une écrasante majorité » le 6 mai 2009.
Le premier grand coup d’éclat de Martin Schulz avait été sa diatribe contre Silvio Berlusconi, le 2 juillet 2003, c’est-à-dire le lendemain du jour où le Premier ministre italien prenait la présidence tournante du Conseil européen. Mais c’est la réplique de Berlusconi qui est restée dans les mémoires : « Monsieur Schulz, je sais qu'en Italie il y a un producteur qui en train de monter un film sur les camps de concentration nazis: je vous proposerai pour le rôle de kapo. Vous êtes parfait ! » Ce propos provoqua un tollé en Allemagne, et même une certaine tension diplomatique avec l’Italie. Comme s’il était inconcevable qu’un Allemand pût être nazi… Jean-Marie Le Pen avait quant à lui brossé un portrait précis de Martin Schulz en quelques mots : « M. Schulz, qui est le président du groupe socialiste au Parlement, est un monsieur qui a la tête de Lénine et parle comme Hitler. » Il est désormais le président du Parlement…
Philippe
C’est celui-là même à qui Berlusconi suggère un rôle de Kapo dans le tournage d’un film. http://www.youtube.com/watch?v=9HtmfCyVMbU&feature=related
jonglez
détestable cet homme
LB
Cela va avoir l’avantage de montrer quel est le véritable visage de l’Europe.
Sancenay
ne tiendrait-il pas aussi un peu de Landru ?
PK
L’avantage avec les révolutionnaires, c’est qu’ils finissent toujours par jeter le masque… Ça permettra sans doute aux derniers gogos d’ouvrir les yeux…