L'abbé Laurent Touze est français et professeur de théologie spirituelle à l'Université pontificale de la Sainte-Croix (Rome). Il a publié, en cette année sacerdotale, un livre d'actualité : L'avenir du célibat sacerdotal. Extraits de l'entretien accordé à Zénit :
Zenit – On entend dire qu'ouvrir le sacerdoce aux hommes mariés permettrait de surmonter la crise des vocations.
La "crise des vocations", elle n'existe pas partout, elle frappe surtout les pays occidentaux, en plein hiver démographique et aux communautés souvent mal informées sur ce qu'est le ministère, et parfois plus généralement sur ce qu'est la foi de l'Église et la sainteté en Jésus-Christ. Dans des familles plus nombreuses, vibrantes d'une foi vraie et vécue, fleuriront des vocations à tous les états de vie.
De plus, la crise des vocations existe aussi chez les protestants, dont les ministres peuvent être mariés.
Et puis, ordonner des hommes mariés, ce serait aussi risquer de faire oublier la vocation universelle à la sainteté, le cœur du Magistère de Vatican II : la première mission des laïcs, femmes et hommes, mariés ou célibataires, c'est la sanctification des structures temporelles, et non pas la substitution des clercs.
Zenit – On a aussi entendu dire, ces derniers mois que le célibat sacerdotal serait en cause dans les cas de pédophilie : qu'est-ce qui est en cause ?
Face aux scandales que vous évoquez, les premières tâches de la communauté ecclésiale sont d'abord l'accompagnement des victimes, mais aussi la prévention, tout faire pour que ces cas ne se reproduisent plus. Et donc être attentif à la sélection des candidats au sacerdoce, leur apprendre à vivre la sincérité dans la direction spirituelle. Un jeune homme qui a une affectivité troublée peut devenir saint, il devra apprendre à vivre la continence, à recevoir peut-être un accompagnement médical. Mais il ne pourra pas devenir prêtre.
Zenit – Le célibat sacerdotal – je continue à faire l'avocat du diable – serait une invention du moyen âge, plus encore, "moyenâgeuse"…
(…) On ignore trop souvent le renouveau récent de l'historiographie du célibat sacerdotal, je pense à Alfons Maria Stickler, Christian Cochini et plus récemment et amplement, à Stefan Heid. Ces auteurs ont prouvé que les évêques et les prêtres au IVe siècle étaient ou bien célibataires, ou continents depuis leur ordination s'ils étaient mariés, qu'ils renonçaient aux actes conjugaux. (…) Les canons du IVe siècle ont donc seulement mis par écrit ce qui était vécu auparavant comme une coutume ayant force de loi (…)"
SD - Vintage
Je rajouterai que dans l’Antiquité, les rabbins qui se consacraient à l’étude de la Bible étaient généralement célibataires, montrant par là qu’ils se consacraient entièrement à Dieu et à l’étude de sa parole.