L’Homme nouveau consacre un dossier à “la liberté d’expression, un principe absolu ?”, avec des articles de Guillaume Bernard, Cyrille Dounot, l’Abbé Paul Roy, Armelle Signargout. Introduction :
La liberté d’expression est-elle réellement au service du vrai, comme certains le prétendent, ou bien un instrument de contrôle habilement déguisé ? À écouter les modernes, elle serait un droit fondamental, condition même de la démocratie. Pourtant, le Syllabus de saint Pie X dénonçait déjà cette illusion : une parole totalement libre, sans lien avec la vérité, ne conduit pas à un débat éclairé, mais à la confusion des esprits et à la corruption des mœurs. Pendant des siècles, l’expression publique était encadrée pour préserver l’ordre social et moral. Aujourd’hui, sous prétexte d’émancipation, un autre système de contrôle s’est mis en place. Les interdits n’ont pas disparu, ils ont seulement changé de nature. Autrefois on condamnait au nom de la foi et de la loi naturelle, on condamne désormais au nom des nouveaux dogmes progressistes. La parole est mise sous surveillance pour garantir l’adhésion aux normes idéologiques en vigueur. Le problème n’est donc pas de savoir si l’expression doit être encadrée, mais par qui et en fonction de quels principes. Loin de garantir un espace de libre discussion, la liberté d’expression moderne fonctionne à sens unique. On ne protège plus la vérité contre l’erreur mais l’erreur contre la vérité. L’ordre moral n’a pas disparu, il a seulement basculé dans l’inversion. Ce n’est plus le blasphème qui choque, mais toute remise en cause du progressisme. Si la parole est soumise à des règles, elles doivent être claires : sert-elle encore la vérité et le bien commun, ou bien un système qui dicte ce qu’il est permis de penser et de dire ?