Sous le titre "Les crispations alarmantes de la société française", Gérard Courtois écrit dans Le Monde :
"[…] Ainsi, un Français sur deux (et
jusqu'à 77 % des sympathisants du FN) considère aujourd'hui que " le déclin de la France est inéluctable ",
en matière économique comme dans le domaine culturel. Mais ils sont
plus nombreux encore – trois sur cinq – à voir dans la mondialisation " une menace pour la France " et à juger que " la France doit se protéger davantage du monde d'aujourd'hui ". Quant
à l'Europe, s'il ne se trouve que 28 % des sondés pour souhaiter une
sortie de la zone euro et un retour au franc, deux sur trois, en
revanche, souhaitent " renforcer les pouvoirs de décision de notre pays, même si cela doit conduire à limiter ceux de l'Europe ".Dans un autre registre, celui de la vie politique, l'irritation atteint également des sommets. Non seulement " le système démocratique fonctionne plutôt mal en France " (72 %), mais " les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels " (82 %) et " la plupart " d'entre eux " sont corrompus " (62 %). Comme c'est le cas depuis une vingtaine d'années, les médias sont mis dans le même sac."
Les médias dans le même sac, voilà qui est alarmant pour notre quotidien.
"86 % des sondés (sans écarts
significatifs entre gauche et droite, jeunes et vieux) estiment que " l'autorité est une valeur trop souvent critiquée ". Et, pour la première fois, elle trouve explicitement sa traduction politique : 87 % des sondés sont d'accord pour dire que l'" on a besoin d'un vrai chef en France pour remettre de l'ordre ". La question est brutale, la réponse aussi.Quant
à la crispation identitaire, elle n'est pas moins impressionnante.
Depuis une trentaine d'années, elle s'était cristallisée sur la question
de l'immigration. Celle-ci ne s'est pas effacée, loin de là : 70 % des
sondés (et jusqu'à 83 % à l'UMP) jugent qu'il y a " trop d'étrangers en France " et 62 % que l'on " ne se sent plus chez soi comme avant ".Mais
le point de fixation de ce rejet massif s'est déplacé du terrain
économique vers le terrain religieux. Ce n'est plus, majoritairement, le
travailleur immigré, susceptible de " prendre le travail des Français " qui
est pointé du doigt, mais le musulman, volontiers assimilé à "
l'intégriste ", et dont la religion est jugée, par 74 % des Français,
intolérante et incompatible avec la société française."
Le matraquage médiatique serait-il inefficace face à la réalité ?