À l’occasion de Noël et de l’Épiphanie, en partant du chant basque « Belenen sortu zaigu » chanté par le chœur traditionnel basque Oldarra Thomas Debesse explore la tradition de la crèche comme tradition vivante qui féconde notre civilisation. À une époque où la crèche est remise en cause dans l’espace public, il montre que prétendre que la crèche est une tradition privée ou régionalement spécifique est contredit par la présence du nom de Bethléem dans de très divers aspects de notre culture. Il montre aussi comment l’émergence, le développement et la continuité de la tradition de la crèche suppose une tradition vivante et publique. Il en profite aussi pour inviter nos élus et candidats à observer la trêve de Noël et à se mettre à genoux.
Citations de la vidéo :
[…] Ce chant commence par ce mot, Belenen. Belenen en basque, c’est Bethléem. De la même manière que Belem, qui a donné son nom au célèbre bateau nantais, c’est Bethléem. Belem, c’est aussi le nom d’un quartier de Lisbonne au Portugal, et c’est aussi le nom de la capitale de l’état du Pará au Brésil.
[…] Il y a quelques années, c’était une association se faisant appeler Ligue des droits de l’Homme qui avait demandé le retrait d’une crèche, dans la mairie de Paray-le-Monial. […] Cette association avait avancé l’idée qu’il n’y aurait aucune tradition de crèche en Bourgogne.
Mais […] Bethléem dépasse l’échelle d’une région […] Nous chantons ce nom de Bethléem, nous adaptons parfois ce nom dans nos langues régionales, nous nommons nos bateaux d’après Bethléem, et si nous traversons les mers, c’est de ce nom que nous pourrions bien nommer des capitales. […] Cette crèche était présente dans la mairie de Paray-le-Monial dans le cadre d’un jumelage avec […] la ville de Bethléem en Palestine.
[…] On situerait au Ve siècle l’apparition de la crèche sous forme de statues, et au XIIIe avec Saint François d’Assise la tradition des crèches vivantes. L’Italien François d’Assise ayant reçu son prénom en hommage à notre pays la France. On y voit donc la trace d’un tissage profond et réciproque entre les mystères de la crèche, nos territoires et nos traditions régionales fécondées par le Christianisme.
[…] Entre la naissance du Christ et la naissance de la tradition de la crèche, il a fallu une tradition vivante, il a fallu une foi, il a fallu une transmission, il a fallu des hommes qui enseignent et qui transmettent. […] C’est Bethléem qui vient dans chacune de nos familles, de nos paroisses, de nos villes, dans nos pays et jusque sur les mers.
Si plus de 2000 ans après la première crèche nous nous retrouvons chaque année devant cette scène de la nativité, c’est que la crèche elle-même est le fruit, l’enfant d’une tradition vivante qui donne la vie à son tour à d’autres crèches, et qui enfante à son tour nos traditions.
Il en a fallu des messes de minuit chaque années, il en a fallu des processions tout au long des saisons, de rogations en grands pardons… Il a fallu des confréries de pénitents,[…] des calvaires dressés sur nos chemins, il a fallu des pèlerinages, […] pour que de génération en génération, d’enfantement en enfantement, nous accouchions de la crèche, chaque année.
[…] À minuit le jour de Noël nous y déposons l’enfant, et le 6 janvier pour l’épiphanie, nous y amenons les rois. Alors que cette année la France élira le prochain prince du moment, il est peut-être opportun de rappeler que, même en retard il est bon qu’un prince vienne s’agenouiller devant l’enfant.