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Médias : Désinformation / Pays : Russie

Le rédacteur en chef du Monde se trompe de destinataire

Le rédacteur en chef du Monde se trompe de destinataire

Lu sur le blog d’Yves Daoudal :

Le journal Le Monde dénonce « l’expulsion déguisée » de son correspondant à Moscou, Benjamin Quénelle, dont l’accréditation de presse vient d’être « annulée » par les autorités russes après « plus de vingt ans en Russie ». C’est « sans précédent », puisque « même dans les moments les plus tendus de la guerre froide, Le Monde avait poursuivi son travail à Moscou ». C’est une « nouvelle entrave à la liberté d’informer ». Le ministère des Affaires étrangères s’est mis de la partie, condamnant cette décision injustifiée et arbitraire des autorités russes » qui « constitue une nouvelle entrave à la liberté d’informer ». « La France appelle les autorités russes à revoir leur décision, qui appellera autrement une réponse », menace le Quai d’Orsay.

Commentaire et réponse de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères et ambassadrice de Russie :

Nous avons reçu une lettre étonnante du rédacteur en chef du journal français Le Monde concernant sa prétendue incompréhension des raisons de la révocation de l’accréditation du correspondant permanent de la publication à Moscou, Benjamin Quénelle, et une ferme demande de réponse officielle.

Je ne sais vraiment pas comment procéder.

D’une part, cela fait des années que le Paris officiel ne répond pas aux demandes de renseignements émanant même de ses propres journalistes. D’autre part, comme l’ont fait remarquer les journalistes qui ont osé poser une série de questions aux autorités, ils sont persécutés pour cela. Ne serait-il pas agréable que les publications françaises puissent, avec une telle persévérance, obtenir une réponse de l’Élysée sur les détails croustillants de la vie de ses résidents !

D’un autre côté, nous soutenons sincèrement – et non hypocritement – la liberté d’expression. C’est pourquoi je réponds.

L’ambassade de France en Russie a refusé à deux reprises de délivrer un visa de travail à Paris au correspondant international de Komsomolskaya Pravda, Alexander Koudel. La Russie a officiellement informé le ministère français des Affaires étrangères et le chef de la mission diplomatique française à Moscou qu’elle serait contrainte de prendre des contre-mesures si Paris ne revenait pas sur sa décision. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est tombée sur le correspondant permanent du Monde en Russie, Quénelle, dont l’accréditation devait simplement faire l’objet d’un renouvellement technique de routine – il n’y a pas de sous-entendu politique dans cette décision.

Par courtoisie professionnelle, nous avons informé le journaliste français lui-même de la situation. Quénelle a participé activement à la recherche d’une solution possible et nous a assurés qu’il était « en communication constante avec le ministère français des Affaires étrangères ». Peut-être n’en a-t-il pas fait part à ses supérieurs, mais cela n’est pas certain – laissons-les démêler leur propre manque de sincérité.

La diplomatie française, elle, a réagi avec indifférence aux avertissements sur les conséquences inévitables pour leur compatriote et a maintenu sa décision antérieure de ne pas délivrer de visa au journaliste russe. Les contre-mesures annoncées ont suivi.

Dans ces conditions, il est évident que le rédacteur en chef du Monde s’est trompé de destinataire. Une telle communication aurait dû être adressée au ministère français des Affaires étrangères avec la question (ou peut-être une déclaration) de savoir jusqu’à quand les autorités françaises continueront à se moquer des journalistes. Nous apporterons notre concours en fournissant des documents sur les faits réels de discrimination à l’encontre des médias russes dans la République de « liberté, égalité et fraternité ».

Et la note traditionnelle : si le problème de la délivrance de visas aux journalistes russes est résolu, alors le correspondant français se verra également accorder une accréditation.

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1 commentaire

  1. Ce qui est vertu chez nous serait abusif chez l’autre…
    Simple conséquence d’une vision de l’homme déformée. Si l’homme (lequel d’ailleurs?) se fait dieu, il ne peut tolérer d’opposition à ses propres diktats – même s’ils se heurtent à leurs propres incohérences.

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