[…] L’esclavage a toujours été difficile a nommer. Le premier point c’est qu’un esclavage fait profondément partie de la société où il se développe et qui s’enrichit de lui. Il est difficile de nommer l’esclavage tout comme il est difficile de sentir l’air que l’on respire. Cette difficulté à nommer l’esclavage est ancrée dans le langage, on voit que les mots utilisés pour désigner l’esclave sont originellement des mots qui signifiaient autre chose. J’ai parlé de navire négrier, cet adjectif désignait tout simplement une couleur. L’adjectif « niger, nigra, nigrum » est un mot latin pour désigner la couleur noire, sans aucun rapport avec la couleur de peau d’ailleurs, rien que la couleur noir. mais l’association de cet adjectif à l’esclavage est hérité d’une pratique esclavagiste sur les populations noires. Ainsi dire qu’un navire est un navire négrier signifie que ce navire pratique le trafic d’être humain, et ce même indépendamment de la couleur de ces esclaves.
Le mot « esclave » quant à lui désigne un homme blanc et le mot « esclavage » désigne la condition de cet homme blanc. Le mot « esclave » est littéralement le même mot que « slave ». Ça vient du fait que la population européenne d’europe de l’Est a été réduite en esclavage autour du VIIe siècle et la langue reflète que la condition de l’homme slave est de faire l’objet d’un trafic humain. Le sclave, ou sclavène, ou sclavus en latin, c’est tout simplement l’homme slave. Le C de sclave a parfois été conservé et a parfois disparu du langage au fil des siècles. En anglais on dit aussi « a slave » et donc « un slave » pour désigner un homme réduit en esclavage. On peut dire « j’achète un Ibère », c’est à dire un habitant de la péninsule Ibérique, un espagnol ou un portugais. On peut dire « j’achète un numide » c’est à dire quelqu’un qui vient d’Afrique du nord, par exemple un Libyen. Et on peut dire « j’achète un slave », c’est à dire « j’achète un homme européen non méditerranéen ». Dans l’Espagne musulmane, était appelé esclavon l’esclave blanc européen, qu’il soit slave ou germanique. Par opposition on peut dire que le non-esclavon c’est à dire le non-esclave ou encore le non-blanc est un homme libre. Le quai des Esclavons à Venise est le quai d’où partaient les esclaves européens castrés à destination de la clientèle musulmane. Ainsi depuis le haut moyen-âge on continue de dire qu’un homme est slave pour dire qu’il n’est pas libre, quelque soit son origine, et depuis la traite atlantique on qualifie de navire négrier un bateau qui participe à un trafic de traite humaine.
Est-il possible qu’au 21e siècle le mot employé par les esclavagistes pour nommer l’objet de leur trafic soit « migrant » ? Est-il possible ainsi que ceux qui ont besoin d’esclaves pour leur commerce emploient le mot de « migrant » pour réclamer la livraison de leur main d’œuvre abusable ? […]
incongru
coke en stock ! à revoir…
philippe paternot
étonnant d’entendre les grands patrons français soutenir cette politique d’immigration sauvage pour payer leurs employés avec des cacahuètes. les syndicats ne le savent pas puisqu’ils ne disent rien