Voici l’homélie prononcée par Mgr Schneider, évêque auxiliaire d’Astana au Kazakhstan, prononcée dimanche de la Pentecôte dans la praire des Courlis à l’occasion du 43e pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté de Paris à Chartres :
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
« Viens, Saint-Esprit, remplis les cœurs de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour ».
La Pentecôte est le jour où l’Église s’est manifestée pour la première fois à l’humanité d’une manière étonnante. Elle s’est montrée catholique parce qu’il n’y a qu’une seule Église de Dieu : l’Église catholique. En effet, le Saint-Esprit maintient le Christ vivant sur terre à travers son corps mystique : l’Église. À la Pentecôte, les apôtres, semblables aux cellules d’un corps (humain), sont devenus le corps mystique vivifié par le Saint-Esprit et gouverné par un chef visible, Pierre, et un chef invisible, Jésus-Christ. De même qu’une goutte de sang ne peut rester vivante en dehors du corps (humain), de même nous ne pouvons survivre sans être à l’intérieur du corps mystique de l’Église catholique.
L’Église n’est donc pas une organisation humaine, une ONG ou une entreprise internationale, mais le corps mystique du Christ. Saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars, disait que
“sans le Saint-Esprit, nous sommes comme une pierre sur le bord du chemin. Prenez une éponge pleine d’eau dans une main et un petit caillou dans l’autre. Pressez-les toutes les deux de la même manière : rien ne sortira de la pierre, tandis que de l’éponge coulera de l’eau en abondance. L’éponge, c’est l’âme remplie du Saint-Esprit. La pierre, c’est le cœur froid et endurci où le Saint-Esprit n’habite pas”.
C’est le Saint-Esprit qui met les bonnes intentions dans le cœur des justes et qui forme les paroles qui sortent de leurs lèvres. Lorsque le Saint-Esprit est en nous, nos cœurs se dilatent et sont imprégnés de l’amour divin.
Le Saint-Esprit est celui qui nous aide à distinguer la Vérité du mensonge, le bien du mal. Comme ces lunettes qui agrandissent les objets, le Saint-Esprit nous aide à voir le bien et le mal de plus près. « Sans le Saint-Esprit, rien de ce que nous faisons n’a de substance ni de saveur », disait le curé d’Ars. Nous devons remercier l’Esprit de Vérité de nous avoir permis de connaître la loi de l’Évangile. Qu’est-ce que la loi de l’Évangile ? C’est la foi catholique dans sa plénitude de vérité, promulguée pour la première fois par l’Église en cette grande fête de la Pentecôte.
Le rite traditionnel de la Sainte Messe, que nous avons la joie et la grâce de célébrer ici aujourd’hui, peut être appelé dans une certaine mesure le rite « pentecôtiste » parce que ce rite est la véritable expression catholique de la dévotion au Saint-Esprit qui consiste en une ivresse sobre. Le rite traditionnel de la Sainte Messe nous donne l’atmosphère spirituelle dans laquelle nous pouvons avoir des cœurs ardents tout en restant sobres et ordonnés, guidés par notre raison éclairée par la Foi ainsi que par la beauté extérieure et la dignité (du rite). Le rite traditionnel de la Sainte Messe reflète tout cela de la manière la plus impressionnante. C’est pourquoi ce rite attire les âmes des jeunes. C’est le rite aimé et chéri d’innombrables générations catholiques. C’est pourquoi le rite traditionnel de la Sainte Messe est le rite qui est toujours nouveau, toujours à jour, jamais démodé.
Cette année, nous célébrons le centenaire de la publication de l’encyclique « Quas primas » de Pie XI sur la royauté du Christ. Le Christ est le seul véritable roi de toutes les créatures. Si les princes des hommes, les prêtres et les pharisiens disaient autrefois qu’ils « n’avaient d’autre roi que César », tous ceux qui croient au Christ doivent au contraire dire « nous n’avons d’autre roi que Jésus-Christ ». C’est pourquoi le Fils de Dieu s’est fait homme, afin de régner en tant que roi, de régner en tant que Vérité elle-même, et de régner en tant que Sauveur sur le cœur de tous les hommes, sur toutes les nations, les sociétés et les institutions humaines. Il ne règne pas par la force, mais par la puissance de son amour. La paix digne de ce nom n’existera jamais si les doctrines et les préceptes du Christ ne sont pas respectés par tous (les hommes) dans la vie publique et privée. C’est ce que nous entendons en un mot par la royauté du Christ. Même s’il y a tant de progrès technologiques aujourd’hui et de fraternité humaine pour la paix mondiale, si le Christ ne règne pas comme roi dans nos familles et dans nos pays, alors notre monde manque de vraie beauté spirituelle, alors notre monde manque de la pleine Vérité divine, alors notre monde manque d’amour surnaturel.
Que signifie être chrétien, être catholique ? Cela signifie que le Christ est le roi de ma vie : cela signifie que je n’ai jamais honte de confesser le Christ et la vérité de la foi catholique. Cela signifie observer les commandements de Dieu avec l’aide de sa grâce, la pureté de l’âme et la chasteté du corps, le pardon mutuel et la charité infatigable envers notre prochain.
Implorons le Saint-Esprit en disant : viens, Saint-Esprit, remplis le champ de ton Église du parfum et de la beauté des fleurs de la sainteté, du zèle pour le salut des âmes, en particulier parmi les jeunes, les familles et le clergé. Que nous soyons remplis de la joie de notre foi, une joie que rien ne peut nous enlever. Que notre foi catholique, plus précieuse que l’or, raffinée par le feu même de nos jours, retourne à sa grande dilatation comme royaume du Christ, à l’honneur de la Très Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu qui règne pour les siècles des siècles.
Amen.