De Guillaume de Thieulloy dans les 4 Vérités :
Le verdict du procès dit « des assistants parlementaires du RN », le 31 mars, a fait l’effet d’une bombe. J’avoue que je n’étais pas vraiment convaincu par les discours lénifiants selon lesquels « les juges n’oseraient pas » aller aussi loin et priver la présidente du principal parti de France de la possibilité de se présenter aux prochaines présidentielles. Il me semblait, au contraire, qu’il n’y avait aucune raison pour qu’ils ne manifestent pas avec éclat leur domination. Le « gouvernement des juges » avait déjà empêché François Fillon d’accéder au deuxième tour en 2017. Il avait condamné Nicolas Sarkozy – et menaçait même de le condamner à nouveau à sept ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen. Rappelons au passage que ces financements libyens demeurent toujours une simple hypothèse. Hypothèse crédible, certes, entraînant sans doute l’intime conviction des magistrats mais cette intime conviction est bien fragile pour entraîner une telle condamnation, spécialement pour un tel inculpé. On voit donc mal pourquoi les juges auraient hésité à appliquer la loi dans toute sa rigueur dans le cas de Marine Le Pen.
Naturellement, dans ce jugement, ce qui est scandaleux n’est pas tant l’amende, ni même la peine de prison avec sursis que plusieurs élus et cadres (anciens et actuels) du RN ont reçue (ils sont 23 condamnés), mais bel et bien la peine d’inéligibilité immédiatement applicable – c’est-à-dire pour laquelle l’appel n’est pas suspensif (prétendument pour éviter la récidive!). Une nouvelle fois, nous constatons que les parlementaires votent des lois sans songer aux conséquences. Car, enfin, cette peine d’inéligibilité systématique en cas de condamnation à une peine de prison dans une affaire de détournement de fonds publics et la possibilité de la rendre applicable même en cas d’appel ont bien été votées.
L’essentiel de la classe politique dénonce aujourd’hui le coup de force des juges, mais qui leur a donné cette arme? Le gouvernement des juges, c’est d’abord l’absence de gouvernement des hommes politiques.
Ceci étant, que peut-il désormais se passer au sein du RN, de la droite et, plus généralement, pour la politique française? Selon toute vraisemblance, les condamnés vont faire appel, ce qui n’empêchera pas la disqualification de Marine Le Pen pour 2027. Jordan Bardella prendra sans doute la relève. Du point de vue des faiblesses, le jeune président du RN a clairement moins d’expérience que Marine Le Pen, ce qui pourrait lui coûter cher (nous l’avons vu lors des dernières législatives). Côté atouts, il « hérite » d’un appareil partisan puissant et a plusieurs fois laissé entendre qu’il était bien plus favorable à l’union des droites que sa « patronne ». Sera-t-il capable d’en faire une réalité? L’avenir le dira.
En attendant, il y a fort à parier que le RN constate aujourd’hui amèrement les limites de sa stratégie de dédiabolisation et même de connivence – rappelons que le RN a permis à Richard Ferrand, très proche d’Emmanuel Macron, de devenir président du Conseil constitutionnel (et beaucoup de commentateurs supposaient que ce curieux soutien était la contrepartie d’une négociation dont le sort judiciaire de Marine Le Pen aurait été l’élément principal). On voit mal pourquoi, dans ces conditions, le parti à la flamme continuerait à soutenir le fragile équilibre parlementaire actuel. La censure, puis une nouvelle dissolution (si tous les gouvernements tombent en quelques semaines, comment Emmanuel Macron pourrait-il éviter de réitérer cette dissolution, dont il a pourtant convenu qu’elle avait été une erreur?!!) ont de fortes chances d’être les conséquences de cette condamnation.
Australe
Richard Ferran est sûrement un moindre mal, cela aurait pu être pire
Taubira et Dupond-Moretti étaient cités
Oncle-Donald
Cette histoire de Taubira et DM a été lancée par le RN pour justifier la validation de Ferrand, rien ne l’atteste :
https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/richard-ferrand-ou-est-linteret-de-marine-le-pen-2149749
De toute façon, Macron aurait pu proposer ces deux-là et bien d’autres, rien n’aurait empêché le RN de les bloquer. Ce n’est pas ou l’un ou l’autre.
Le RN a toujours des justifications douteuses, comme lorsque MLP et Bardella ont raconté durant la campagne des législatives de 2022 que Macron devait avoir sa majorité parlementaire, qu’il n’était pas question pour le RN d’entrer en cohabitation pour appliquer la politique de Macron.
Janot
La démocratie est bien malade en France, on le constate une fois de plus. Cela reste finalement bien en phase avec toutes les dégringolades des 2 mandats de Macron. Que quelqu’un d’honnête m’indique un seul point positif de la présence de ce guignol à la tête de ce qui fut un si beau pays …
Collapsus
S’il y a dissolution après le 9 juin ce qui semble effectivement inévitable, Marine Le Pen perdrait son siège de député. Autant dire qu’elle disparaîtra rapidement du paysage politique. Bardella handicapé par son jeune âge, son inexpérience et sans personnalités de poids au RN ne pourra accéder seul à l’Elysée et n’aura pas d’autre choix que l’union des droites en allant chercher des poids lourds plutôt bien positionnés à droite dans d’autres partis, comme Ciotti, Retailleau, Bellamy ou même Villiers et Zemmour.
Au fond, il aura fallu en arriver là pour que l’union se fasse contrainte et forcée.
La droite la plus bête du monde pourrait-elle alors redevenir intelligente ? Ce n’est pas encore gagné.
mouette
LFI pourrait ne pas s’associer avec le RN pour une destitution de Bayrou … auquel cas …
MLP n’a que ce qu’elle mérite : elle a tout lâché ! les agri, point trop n’en faut, les gilets jaunes, très peu pour elle, la Russie, ce sont les agresseurs, l’avortement : dans la Constitution !
Et il vaut mieux qu’on ouvre les yeux tout de suite : elle n’aurait absolument rien fait pour la France, à part : je voudrais bien, mais l’Europe ne veut pas …
Gaudete
Apparemment les choses sont en train de changer. Il est vrai que j’aimerai bien voir un De Villiers accéder à la magistrature suprême ça nous changerait du larbin en p^lace actuellement, ce qui est sûr que les russes ne seraient plus nos ennemis, l’eurss de la ss s’écroulerait d’elle-même, l’immigration terminée, etc etc que Dieu nous entende!
France Fougère
M. de Villiers a la voix cassante à dépassé l’âge d’être un chef d Etat. Il a lâché la Culture pour devenir un commercial envahissant et très content de lui.
Collapsus
Heureusement son bilan plaide pour lui et dépasse largement les petites critiques mesquines sur sa voix ou son âge …
Bernard Mitjavile
Il est plus que temps ! Au lieu de vouloir se normaliser et de chasser JMLP, ils auraient dû suivre la stratégie de Trump, démasquer continuellement les mensonges du politiquement correct et proposer une véritable alternative.
AFumey
Un point mérite peut-être une précision.
L’auteur affirme, avec une certaine raison, “les parlementaires votent des lois sans songer aux conséquences”.
Ce n’est pas faux mais incomplet: il faut prendre en compte la pratique des “cavaliers législatifs”.
Lorsqu’un acteur quelconque – au hasard, ce qu’on appelle “l’état profond” – veut faire passer un texte, indéfendable pour toutes sortes de raisons que le lecteur imagine sans difficulté, il se contente de le découper, le “saucissonner” en morceaux disparates, incompréhensibles en eux-mêmes. Ces portions sont alors glissées dans les projets ou propositions de loi recevant une approbation majoritaire, juste avant le vote et en fin de journée, au moment où les parlementaires sont épuisés.
Une fois les divers bouts rassemblés à la fin du processus, on se retrouve avec un truc totalitaire sidérant. Et ceux qui l’ont voulu et l’appliquent ne l’assume en rien, se dissimulant derrière un “cépamoicélautre”, l’idiot de parlementaire qui l’a voté – en pleine ignorance lasse de ce qui se faisait.