Un porte-parole des HOMMEN accepte de répondre aux questions d'un journaliste (entretien paru dans Présent) :
Pouvez-vous nous rappeler brièvement les circonstances et les raisons qui vous ont amené à créer ce mouvement pas comme les autres ?
Le 24 mars 2013, lors de la manifestation nationale contre le projet de loi Taubira conduite par la Manif Pour Tous et ayant réuni plus d’un million de participants, les forces de l’ordre ont significativement basculé dans la violence et les répressions arbitraires. La présidence de la République, elle, s’est murée dans le silence. Les « enfants gazés » ne sont pas une rumeur et les nombreuses vidéos en libre accès sur internet en témoignent. Nous avons été témoins de ces dérapages… Nous avons compris ce jour-là que la seule réponse du gouvernement, c’était la violence. Nous avons compris qu’il fallait agir autrement.
Pour des raisons évidentes de sécurité, vous ne livrez aucune information sur vos militants. Mais, vous est-il possible de dresser pour nos lecteurs un portrait type d'HOMMEN ?
Ce n’est pas pour des raisons de sécurité que nous ne livrons pas d’informations sur les participants aux actions HOMMEN.
D’une part, il nous serait difficile de le faire en raison de la structure même du mouvement. En effet, nous ne connaissons pas, ou peu, les participants. Ce sont des inconnus qui se manifestent à nous et qui, après vérification de leur identité, se portent volontaires pour une ou plusieurs opérations. Si nous portons un masque, c’est que derrière lui peut se retrouver n’importe quel homme qui s’oppose au mariage homosexuel. Ce n’est pas un slogan, c’est une réalité.
D’autre part, nous avons fait le choix de véhiculer nos messages par des actions et non par des personnes. Nous refusons d’ « incarner » le mouvement afin d’éviter la dilution des messages et permettre de canaliser l’attention sur nos opérations. C’est pour cette raison que nous ne donnons aucune interview lors des actions HOMMEN.
Tout en étant non-violents, vous avez choisi un mode d'action plus « musclé » que les autres défenseurs de la famille. Est-ce parce que vous pensez que votre combat doit se durcir ? Ou simplement pour capter plus facilement l'attention des médias ?
Dans un débat politique et social comme celui du mariage homosexuel, l’opinion publique est au coeur des enjeux. Il faut comprendre qu’en matière d’opinion, la « masse » ne fait pas la « masse ». Comprenez ici que le nombre, en l’occurrence celui des participants aux manifestations, n’est jamais facteur d’adhésion. Il peut au mieux constituer une intimidation.
Les mécanismes de l’influence s’appuient sur le constat que l’opinion publique se place toujours au centre. La machine d’influence est alors un système à deux vitesses. D’une part, des « agitateurs » volontairement provocants déclenchent des polémiques ciblées et suscitent des débats porteurs de revendications. De l’autre, des décideurs publics donnent l’illusion d’apaiser les tensions en coupant la poire en deux. Ainsi, les groupes d’agitation demandent « 10 », les décideurs publics donnent « 5 ». Le lendemain ils demandent « 15 » et les décideurs donnent « 10 ». Et l’opinion suit.
L’exemple du mariage homosexuel est parlant. Des mouvements activistes tels que les Femen, Act-UP ou le lobby LGBT, ont provoqué des actualités ciblées en multipliants les actions et ont fait exister le débat sur un hypothétique mariage pour les couples de même sexe, sur la GPA, la PMA ou encore la théorie du Genre. Ils ont choqué, créé l’émotion, monopolisé la parole publique et fabriqué de toutes pièces une urgence sociale et un impératif politique.
Les décideurs publics acquis à la cause ont alors les mains libres pour agir. Ils endossent leur déguisement d’arbitre et établissent un compromis : il y aura mariage homosexuel, mais pas de GPA, ni de PMA ! La « machine à opinion » a ainsi progressé d’une marche, avant de s’attaquer à la suivante… Lorsque l’on veut influencer efficacement, ont cherche à placer le « milieu », le « centre » du débat, là où l’on veut que la décision soit prise. Et pour ce faire, on joue sur les extrémités. Le rôle des HOMMEN est d’être une nouvelle extrémité au débat qui soit symétriquement opposée à celle formée par les Femen/Act-UP/LGBT afin de remettre « la balle au centre ».
Le caractère « musclé » ou provoquant des actions HOMMEN résulte donc d’une symétrie avec celles menées par les activistes du camp adverse : Si un opposant tire légèrement la couette d’un côté, nous allons la tirer légèrement de l’autre pour rééquilibrer. S’il la tire franchement, nous ferons de même dans l’autre sens. Cette action, si elle est bien réalisée, annule de fait celle de notre opposant. Elle a pour conséquence d’enrayer la machine.
Vous avez édité dernièrement une affiche avec le portrait de Jean Moulin sur fond de Croix de Lorraine avec pour slogan « Non au mariage gay. On ne lâche rien ». Pensez-vous que la France soit devenue un pays totalitaire ?
Le Larousse définit le totalitarisme de cette manière : « Système politique dans lequel l'État, au nom d'une idéologie, exerce une mainmise sur la totalité des activités individuelles ». Dire que la France est devenue un État totalitaire est, à l’heure actuelle, une exagération de langage. Néanmoins, puisque qu’« au nom d’une idéologie », elle est passée au-dessus de la volonté de ses citoyens (la majorité des français étaient et sont encore contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels), il est parfaitement raisonnable d’affirmer que si elle n’y est pas encore arrivée, elle semble en avoir pris le chemin le plus court…
En juin 2013, l'European Center for Law and Justice dénonçait aux Nations Unies la violente répression exercée par la France contre les manifestants opposés au « mariage » gay. Dans la foulée, le Conseil de l’Europe adoptait la résolution 1947 déplorant en France « les récents cas de recours excessif à la force pour disperser les manifestants » et réitérait son appel aux autorités à « veiller au respect de la liberté de réunion et de manifestation ». Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Nous avons fermement dénoncé les répressions policières inédites dont ont été victimes les défenseurs du mariage homme/femme ainsi que les actes de malveillance et les intimidations au-delà des frontières légales commis en toute impunité par les forces de l’ordre. Le gouvernement français a crié à la propagande. L’ Europe a enquêté. Le résultat est sans appel…
Vos militants sont régulièrement interpellés et placés en garde à vue. Pouvez-vous nous dire où vous en êtes côté justice ?
Ils n’y a pas de « militants » HOMMEN, seulement des bénévoles répartis sur l’ensemble du territoire national et couvrant un grand nombre de villes. Certains ont été placé en garde à vue à plusieurs reprises. Généralement, ils sont relâchés dès l’arrivée de nos avocats lorsque ceux-ci rappellent aux forces de l’ordre que le port de l’uniforme ne les autorise pas à violer le droit français. Il semblerait que nos amis de la Police Nationale soient fâchés avec le code de procédure pénale… La garde à vue s’est transformée en une sorte d’outil d’ « intimidation sans sommation ».
À l'approche d'importantes élections, souhaitez-vous profiter de cet entretien pour faire passer un message à nos lecteurs ?
Les élections municipales, mais aussi les européennes, ont une incidence directe sur le quotidien. Pour un défenseur du mariage homme/femme, choisir de ne pas voter est un comportement irresponsable. C’est laisser libre la place aux ennemis de la famille. C’est laisser faire, et s’indigner ensuite. Il nous semble important de rappeler que le jugement que l’on peut porter sur le travail d’un homme politique doit être le résultat d’une analyse de trois facteurs : promesses, moyens disponibles pour les atteindre, et résultats concrets. Sur cette base, nous savons en qui nous pouvons avoir confiance et en qui nous ne le pouvons pas. Signer la charte de la Manif Pour Tous est une chose, la respecter en est une autre. Ce qui compte ce sont les actes. Méfions-nous des beaux parleurs, aussi engagés soient-ils. Ceux qui ont lâché un jour, lâcheront à nouveau demain. Nos politiques refusent d’entendre le peuple qui hurle ? Alors changeons-les. Il est temps."