D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
La cérémonie de couronnement du roi Charles III, qui succède à sa mère la reine Elizabeth, a eu lieu samedi 6 mai. Des millions de personnes à travers le monde ont suivi cet événement, quelles que soient leur nationalité et leur religion. Beaucoup commenteront la présence du prince Harry, les différentes personnes présentes, etc. C’est en fait l’un de ces événements où l’on peut dire que le monde entier assiste.
Évidemment, en tant que catholiques, nous sommes bien conscients que la communauté anglicane est le résultat d’un schisme perpétré il y a quelques siècles avec l’Église catholique. Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas faire quelques observations qui pourraient également être utiles pour réfléchir sur ce qui se passe ici. D’autre part, l’œcuménisme nous a appris à apprécier les autres religions, parfois même au détriment de la nôtre.
Selon des sources de Buckingham Palace, le roi lui-même a supervisé les choix du programme musical. On sait en effet à quel point Charles III aime la musique et s’est toujours distingué comme mécène des arts. Dans les pièces jouées pour la cérémonie, il y a de nombreuses compositions écrites pour l’occasion. Un programme de grande qualité, excellemment interprété sous la direction du chef de chœur de l’abbaye de Westminster, Andrew Nethsinga. La cérémonie était vraiment d’une grande solennité et d’une beauté visuelle, ce à quoi les catholiques ne sont malheureusement plus habitués. Pourtant, même ceux qui ne sont pas anglicans ne pouvaient s’empêcher d’admirer la beauté de l’ensemble, une beauté qui attire vraiment vers les choses surnaturelles. Il y avait bien sûr quelques concessions aux temps modernes, mais dans l’ensemble c’était vraiment admirable.
Qu’est-ce qui est comparable chez nous ? Le couronnement d’un pape (pardon, la messe du début du pontificat) ? On est loin du compte. Et pourtant, si vous regardez la messe du sacre de Jean XXIII, disponible sur YouTube, vous vous rendez compte que jadis nous aussi qui savions ce que signifiait la solennité, ce que signifiait la grande musique. Aujourd’hui, cependant, la seule chose qui compte est l’environnement durable, personne ne se soucie de savoir si la musique est durable. Chez nous au Moyen Age le Pape voulait savoir qui chanterait le psaume. On dit que Saint Grégoire le Grand prenait grand soin de sa Schola Cantorum, d’où sont sortis de nombreux autres Papes. Combien d’évêques sont vraiment intéressés par la qualité de la musique sacrée dans leur propre diocèse aujourd’hui ? Aujourd’hui, ce qui compte, c’est de suivre “l’époque moderne”, dont personne ne comprend ce que cela signifie vraiment. On suit les jeunes, on écoute les jeunes, on apprend des jeunes… mais eux, de qui apprennent-ils ?
Il faudrait aujourd’hui une conversion esthétique, pour vraiment revenir à la beauté qui nous parle de Dieu, mais la seule conversion qui compte est la conversion écologique. Sans beauté et avec les nouvelles divinités écologiques, nous pourrions avoir un monde durable, mais une vie insupportable. Ils ont dévasté la vigne du Seigneur, les raisins sont empoisonnés, les grappes sont amères. Jusqu’à quand, Seigneur ? Jusqu’à?