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L'Eglise : Vie de l'Eglise

« Le salut des âmes est la suprême loi »

« Le salut des âmes est la suprême loi »

De l’abbé Claude Barthe sur Res Novae :

Salus animarum, suprema lex. Après Traditionis custodes le 16 juillet 2021, ont été publiées le 18 décembre les réponses de la Congrégation pour le Culte divinà des dubia, des questions qui sont censées lui avoir été posées. Ce texte, largement commenté explicite l’intention du motu proprio: abroger à terme la liturgie traditionnelle, en maintenant une tolérance provisoire et très encadrée du missel traditionnel pour ceux qui y sont encore attachés, mais en interdisant les autres livres liturgiques, spécialement le rituel et le pontifical.

Ces dispositions tyranniques et tatillonnes, qui réactivent la guerre liturgique avec un monde traditionnel vivant et important, et cela au plus mauvais moment, c’est-à-dire dans un contexte d’effondrement du catholicisme, provoquent des critiques jusque chez des prélats « progressistes ». Il n’est donc pas évident qu’elles soient parfaitement appliquées. Cependant, si l’on obéit à ces interdictions, il n’y aura plus de baptêmes ni de mariages traditionnels (sauf dans les paroisses personnelles, sous réserve de l’accord de l’évêque) et, sans aucune exception possible, il n’y aura plus de confirmations ni d’ordinations traditionnelles.

Cette loi est clairement injuste du point de vue pastoral, et aussi à cause de sa motivation doctrinale (la liturgie traditionnelle aurait cessé d’être une expression de la lex orandi : point fondamental dont nous parlerons dans la prochaine livraison de Res Novæ).

Ne pas la recevoir est donc un droit, et même, compte tenu de l’objet, est un devoir. Sur qui repose-t-il ? Sur tout le peuple de Dieu, au nom du sensus fidelium. Il est évident, en effet, que la détermination des fidèles est de la plus grande importance. Il reste que, s’agissant de baptiser, d’absoudre, de recevoir les consentements à mariage, d’extrémiser, de confirmer ou d’ordonner, ce sont les ministres des sacrements qui sont, par la force des choses, à nouveau, en première ligne.

À nouveau, parce que dans les années qui ont suivi la réforme de Paul VI, si la liturgie tridentine a survécu, c’est grâce à un ensemble de prêtres, de curés de paroisse, qui ont continué à la célébrer. Ensuite sont venus, appui décisif, Mgr Lefebvre (Mgr de Castro Mayer au Brésil) et les prêtres qu’il a (qu’ils ont) consacrés. Ce grand refus sacerdotal puis épiscopal très concret a, comme on le sait, « fait bouger les lignes ». Il a enclenché un processus de tolérance progressive puis de reconnaissance, soutenu par le cardinal Ratzinger/Benoît XVI, à l’ombre duquel se sont développées les communautés Ecclesia Dei pour le plus grand bien des âmes et le service de l’Église.

Aujourd’hui, voilà que les prêtres engendrés de la sorte et les évêques qui les soutiennent ont à assumer, sans provocation inutile, avec prudence et fermeté, soutenus par la prière et la force de la grâce, un identique grand refus. Il y va de la continuation de la lex orandi et du salut de bien des âmes.

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