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Culture / Culture : cinéma

Le Seigneur des Anneaux n’est pas une banale chasse au trésor

Le Seigneur des Anneaux n’est pas une banale chasse au trésor

Lu sur Claves :

L’un des coups de génie de Tolkien dans Le Seigneur des Anneaux a été de construire toute une quête dont le but premier n’est pas d’acquérir un trésor, un objet précieux, une personne aimée (même si cela est présent aussi : Aragorn se bat pour monter sur le trône du Gondor et mériter la main d’Arwen, fille d’Elrond) mais de se défaire à jamais d’un faux trésor, d’un objet aussi terriblement dangereux qu’il est beau, à savoir l’Anneau unique forgé par Sauron.

Pourquoi l’Anneau est-il si dangereux ? Parce que Sauron l’a forgé dans le but d’asservir les esprits, il a fait passer en lui tout son orgueil, toute sa volonté de domination absolue et de puissance sans limite. C’est pour cela que, dans l’œuvre de Tolkien, l’Anneau est à la fois le Tentateur et la Tentation par excellence, le symbole et le résumé de toute tentation : il est la volonté de puissance à l’état pur, le désir effréné du pouvoir brut, un pouvoir sans amour et sans sagesse, qui ne connaît pas d’autre mesure que lui-même. « Prends-moi, sers-toi de la force que je te donne et je ferai de toi un dieu » : telle est la tentation que l’Anneau suggère à tous ses possesseurs, petits ou grands. Sa forme circulaire suggère bien cela : il symbolise l’enfermement en soi d’une volonté de puissance coupée de Dieu, des autres, de tout le réel[1]. Mais l’anneau ne se ferme que sur le vide : une créature qui veut être à elle-même sa propre fin, qui veut être le centre de tout, ne peut, pour ainsi dire que tomber dans son propre néant, se vider de sa substance. C’est pourquoi l’Anneau a d’abord pour effet de rendre invisible son porteur : il le coupe du monde et l’isole dans sa volonté solitaire de puissance. Mais celui qui se sert souvent de l’Anneau, comme l’explique Gandalf à Frodo, finit par s’évanouir purement et simplement, il devient spectral, comme les Nazgul (« spectre de l’anneau ») : il quitte définitivement le monde réel, le monde des vivants, il n’est plus, à l’image des Nazgul ou d’Arachne, qu’une volonté insatiable de tout dévorer, de tout absorber en soi.

On voit donc à quelle profondeur Tolkien a compris le mal par excellence, le mal du péché, sa séduction, sa force apparente et sa faiblesse irrémédiable.

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