Esther Benbassa (écologiste) ayant déposé une proposition de loi pour une libéralisation "encadrée" du cannabis, ce projet sera examiné demain au Sénat :
"Partant du constat que "la consommation de cannabis en France est une réalité" basée sur des chiffres "édifiants" et considérant que cette consommation "notamment chez les adolescents et les jeunes adultes, est un véritable problème de santé publique", les auteurs de ce texte proposent "d'autoriser, de façon très encadrée, la vente au détail aux personnes majeures et l'usage de plantes de cannabis et de produits dérivés issus de cultures et de pratiques culturales contrôlées, et dont les caractéristiques et la teneur en principe psychoactif (tétrahydrocannabinol ou THC) seront réglementées".[…]
Le texte ci-dessous est l'argumentaire d'Enfance Sans Drogue, qui expose les raisons qui s'opposent à ce projet de loi :
"Raymond Yans, président de l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (ONU), « Il est urgent d’empêcher la première prise de cannabis » Il demande aux responsables, aux enseignants, aux parents de ne pas baisser les bras face à la banalisation croissante du cannabis. Au moment où cet homme alerte le monde entier sur la situation catastrophique en matière de consommation de drogue, certaines personnes en France souhaitent en faciliter l’usage…
- La dépénalisation du cannabis ne fait pas baisser le trafic Tous les pays qui ont dépénalisé le cannabis (Suède, Espagne, Hollande, Australie…) ont fait le même constat : augmentation du nombre de consommateurs, de la délinquance, de la criminalité…
- Nombre de ces pays ont repénalisé (Suède, Espagne…)
- La Hollande et la Belgique sont confrontés à de tels problèmes qu’ils cherchent des solutions pour éradiquer ce fléau.
- Vouloir dépénaliser le cannabis, c’est ignorer que plus la drogue est disponible, plus elle est consommée… et plus le trafic augmente !
- Ce n’est pas écologique de vouloir autoriser l’usage contrôlé du cannabis Les écologistes défendent en principe des mesures en faveur de l’environnement. Or la forte augmentation de la demande mondiale de drogues a des effets catastrophiques sur l’environnement :
- Déforestation du Rif marocain (cannabis),
- Pollution spectaculaire en Colombie et dans les pays d’Amérique du Sud producteurs de cocaïne : la fabrication de la cocaïne nécessite de faire macérer les feuilles de coca vertes dans des bains de kérosène, lui même rejeté tel quel dans la nature après usage, de même que beaucoup de produits chimiques utilisés pour la production de cocaïne.
- Rappel : Art 33 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ratifiée par la France le 20/11/89 : «Les États parties prennent toutes les mesures appropriées, y compris des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives, pour protéger les enfants contre l’usage illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, tels que les définissent les conventions internationales pertinentes, et pour empêcher que des enfants ne soient utilisés pour la production et le trafic illicite de ces substances. »
- 70% des lycéens consommateurs occasionnels ou réguliers de cannabis Enfance Sans Drogue a rencontré 300000 jeunes en conférence. Notre expérience nous permet d’estimer à 70% le nombre de lycéens consommateurs occasionnels ou réguliers de cannabis. Demandez aux lycéens que vous connaissez quel pourcentage de jeunes dans leur classe consomme ?
- Le cannabis, drogue piège des adolescents, porte d’entrée dans la drogue et vecteur de la toxicomanie. 100% des consommateurs de cannabis ne deviendront pas forcément héroïnomanes ou cocaïnomanes. En revanche, 100% des héroïnomanes, cocaïnomanes… ont commencé par le cannabis. Le cannabis est la porte d’entrée dans la drogue.
- Ce n’est pas parce que le crime existe, qu’il faut l’accompagner ! De même, ce n’est pas parce que le cannabis est consommé fortement dans notre pays qu’il faut l’encourager en autorisant son usage. La drogue tue, accidents de la route, suicides, noyades… Il faut éviter à chacun (mineurs et majeurs) de tomber dans le piège. On n’accompagne pas la drogue, on ne la banalise pas, on combat son usage en augmentant l’effort de prévention au niveau national.
- Principe de précaution à appliquer d’urgence à la drogue en France Le principe de précaution est appliqué en France dans nombre de situations parfois excessives. Il faudrait a fortiori l’appliquer à l’usage de la drogue dont les ravages et le coût pour la société sont énormes.
- Pourquoi les politiques de prévention de la toxicomanie échouent-elles dans notre pays ? Les intérêts financiers sont énormes. Les jeunes représentent un marché colossal pour les dealers, pour le soin, pour le suivi, les écoutes… Beaucoup de gens dans notre pays vivent directement ou indirectement de la drogue ou de ses conséquences sur la santé. Actuellement la majorité des préventions dans les établissements scolaires est dispensée par des psychologues ou des psychiatres. Ils interviennent en prévention mais vivent du suivi, des écoutes, du « soin ». Il faut pour tous nos jeunes un discours de vérité, une parole juste. Les interventions dans les établissements devraient être animées par des personnes indépendantes, qui n’ont qu’un « intérêt d’amour » et dont le seul objectif est d’éviter la première prise de drogue. La drogue est interdite car elle tue. Il est criminel de tenir aux jeunes un discours selon lequel le cannabis n’est pas si dangereux, qu’on peut le gérer. Tous les consommateurs de drogues disent gérer leur consommation. Ils sont tombés dans le piège : c’est la drogue qui gère ! Evitons aux jeunes de tomber dans ce piège. La diabolisation du tabac contribue à la banalisation du cannabis. Le tabac est un toxique puissant, mais ne disons pas aux jeunes que c’est une drogue. L’ONU, qui classe les drogues psychotropes, ne classe d’ailleurs pas le tabac dans les drogues. Personne n’a jamais tué sous l’emprise du tabac ! Dans aucun pays du monde il est interdit de conduire son véhicule après avoir fumé du tabac ! Le tabac doit faire l’objet d’une véritable prévention. Un seul message : consommation zéro. En France, à cause de cette désinformation (le tabac est une drogue terrifiante !), pour les jeunes, le tabac est la « drogue » des adultes. Il ne les désocialise pas, ne les empêche pas de faire des études longues, d’avoir un travail, d’élever une famille, de réfléchir etc… La drogue des jeunes est le cannabis. La différence est que le cannabis est psychotrope, qu’il reste minimum 28 jours dans l’organisme, que la consommation de drogues psychotropes entraîne mal-être, dépression, suicide etc. Au nom de quoi la prévention contre le tabac est elle si importante ? A cause du cancer. Il est donc normal d’encourager la consommation zéro. Si nous étions cohérents, la prévention contre le cannabis devrait être beaucoup plus importante : le cannabis est beaucoup plus cancérigène que le tabac ! Personne ne le dit ! Toutes les études nous montrent que le tabac est responsable du cancer du fumeur mais aucune statistique ne met en exergue la responsabilité du cannabis. Pour le Docteur Chamayou, tous les cancers ORL chez des sujets de moins de 35 ans sont liés au cannabis. Voir la liste des 22 points de réflexion à soumettre au patient par le praticien."
Plus d’informations sur le cannabis : http://www.enfancesansdrogue.org/fr/drogues-psychotropes/les-drogues-psychotropes-description-detaillee/le-cannabis.html