Jean-Frédéric Poisson réagit dans Valeurs Actuelles au soutien d'Alain Juppé à Aurore Bergé, candidate En Marche ! dans sa circonscription des Yvelines :
"[…] Monsieur Juppé a reçu François Baroin à Bordeaux il y a quelques semaines en confirmant son engagement de soutenir les candidats aux législatives investis par LR. Chacun voit midi à sa porte. Pour autant, ce changement de pied et ce manque de respect de la parole donnée ne sont pas ma conception de la vie politique. Ils représentent exactement ce que les Français ont fermement rejeté dans les récentes élections présidentielles. J’ai construit mon engagement personnel sur la fidélité à des convictions, à une famille politique, à un territoire, et à l’exigence d’intégrité. Ma voix n’a jamais manqué aux miens. J’observe que la candidate d’En Marche a fait des choix inverses, et est soutenue aujourd’hui par une personne qui oublie elle aussi ses propres engagements. Chacun jugera.
Bergé a raillé la réaction de Christine Boutin au geste de Juppé. Elle estime que vous avez les “soutiens que vous méritez”. Que lui répondez vous ?
Madame Boutin a été Maire, député, ministre, et est conseiller départemental. Elle est restée tout au long de sa carrière politique enracinée dans son territoire. On peut ou pas apprécier ce qu’elle défend ou ce qu’elle dit, et j’ai moi-même exprimé des désaccords clairs avec ses récentes prises de position. Mais personne ne peut lui nier ni le sens du service, ni le courage de ses convictions.
Lorsque Madame Bergé aura réalisé dans sa vie politique le centième de ce qu’a engagé, soutenu et réussi Christine Boutin, nous en reparlerons, et sa suffisance aura peut-être alors un socle un peu plus solide : ça n’est pas pour demain.
En ce qui me concerne, je me suis toujours interdit ce genre d’ironie mal lavée, dont les Français ont marre : c’est encore une différence entre la candidate d’En Marche et moi.
Quant à mes soutiens, ils proviennent par exemple du Président du Sénat, de la Présidente de la région Ile-de-France, du Président du groupe UDI de l’Assemblée nationale, de très nombreux maires et élus de notre circonscription et de nombreux acteurs de la société civile. On a effectivement les soutiens qu’on mérite : je suis très honoré des miens, de leur fidélité et de leur constance. Chacun peut-il en dire autant ?
Que dit ce soutien de l’état idéologique de la droite ?
Il dit ce que l’on sait depuis un moment : la nécessité d’une recomposition de la droite française, autour d’une ligne politique claire. La présidentielle a fait émerger une nouvelle ligne de séparation des espaces politiques. Au clivage “gauche-droite” habituel s’est ajouté celui qui sépare les “protecteurs” et les “libéraux”, ceux qui donnent la priorité au modèle social français sur la dérégulation, et ceux qui préfèrent l’inverse. Je suis un protecteur de droite assumé, et Monsieur Macron et ses amis sont pour l’immense majorité d’entre eux des libéraux de gauche. C’est le clivage qui est à l’œuvre dans cette élection législative, et que la campagne sert à expliciter. C’est également sur ces différences que la recomposition de la droite devra se faire. Et j’y travaille."