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France : Politique en France

Le “Système” face à Marine Le Pen

Le “Système” face à Marine Le Pen

De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :

Depuis la condamnation de Marine Le Pen, j’ai croisé plusieurs observateurs de la vie politique française qui me faisaient part de leur incompréhension. Plus précisément de leur incompréhension devant l’inéligibilité de la candidate: pourquoi, demandaient-ils, torpiller la candidature de Marine Le Pen, si utile au « Système »?

À cette question, je peux imaginer trois types de réponse.

Tout d’abord, ce que l’on appelle par facilité le « Système » (ou « l’État profond ») n’est pas une structure organisée. Quelques milliers de dirigeants partagent certes une vision commune du monde – et cette vision est assez éloignée de celle du RN, ce qui explique largement l’hostilité que subit ce dernier. Toutefois, ces personnes divergent aussi sur de multiples sujets – et, par conséquent, une partie de cet « État profond » pourrait être tentée de laisser le pouvoir au RN (tout en « l’encadrant », pour éviter qu’il nuise aux intérêts des puissants du jour), ne serait-ce que pour éviter l’élection de Jean-Luc Mélenchon. Dans les couloirs du parlement, on dit que de plus en plus de hauts fonctionnaires se font à l’idée de cette arrivée du RN au pouvoir. Par conséquent, le « cordon sanitaire » semblant de moins en moins efficace, il a pu sembler utile à certains dirigeants de prévenir ce risque, en le « traitant » par une condamnation judiciaire.

Une deuxième réponse pourrait être que les juges, une fois saisis, n’obéissent plus à personne. On peut imaginer que certains politiciens aient voulu montrer par ce procès que le RN demeurait décidément « infréquentable » – mais que les juges aient été beaucoup plus loin que leurs « mandants ». D’autant que les parlementaires n’ont cessé de se défausser de leur pouvoir sur les juges qui seraient bien bêtes de n’en point profiter!

Enfin, une troisième réponse peut venir à l’esprit. D’un côté, on constate que la « dédiabolisation » ne fonctionne pas aussi bien que le souhaiteraient les dirigeants du RN (à chaque élection, le front républicain est réactivé avec une facilité déconcertante, y compris avec des gens qui, comme les élus LFI, assument publiquement leur idéologie totalitaire – dont le « front républicain » est censé nous protéger!). Mais, d’un autre côté, cette « dédiabolisation » fonctionne tout de même: il ne reste plus beaucoup de Français à croire que Marine Le Pen mange des enfants au petit-déjeuner ou décorerait Paris de drapeaux à croix gammée en cas de victoire! Or, la république, depuis ses origines, a besoin d’un diable (que ce soit le « contre-révolutionnaire » en 1793, le « clérical» en 1905, ou le « fasciste» après 1944). Jean-Marie Le Pen joua admirablement ce rôle de diable. Mais sa fille est un peu moins « convaincante » dans le personnage et certains ont pu penser qu’il serait opportun, pour éviter les « aventures » et conserver le pouvoir au « bloc central », de susciter un nouveau diable. Éric Zemmour fut un temps un très acceptable candidat au rôle. Mais il pèse désormais trop peu électoralement. Alors pourquoi pas Jean-Luc Mélenchon? Bien sûr, ce que j’écris n’est qu’hypothèse, mais ce serait logique. Dans ce cas, le « front républicain » pourrait opposer tous les partis à LFI – qui conteste aussi vigoureusement son antisémitisme que Jean-Marie Le Pen dans les années 1980, mais les médias auraient davantage de raison qu’alors d’en brosser un tableau méphistophélique. Inutile de dire que cet hypothétique changement de pied modifierait bien des choses dans le paysage politique – et permettrait notamment l’union des droites que nous appelons de nos vœux depuis longtemps. Attendons la suite, mais les mois à venir vont être passionnants!

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7 commentaires

  1. Bonjour monsieur de Thieulloy,
    Hélas pour ma part plus rien ne me passionne et passionnera ,ni au présent , ni dans l’avenir , le système me fait beaucoup plus peur que le RN , je ne crois pas en l’union des droites qui ne pourrait que se faire si le RN laissait sa place de candidat à la présidence , et j’avoue que je ne fais pas confiance aux LR qui promettent beaucoup avant et ne font rien ensuite . Bref nous allons tourner en rond longtemps encore je le crains , mais votre édito est bien vu .

  2. L’effet repoussoir du nom de Le Pen joue à fond sur le peuple souverain. Au moins sur une partie de celui-ci : mélenchonistes et bourgeois post-gaullistes associés. Auxquels on peut ajouter des Jean-Marie Le Pénistes réticents, dont je fais partie, et qui se disent : “pourquoi voter pour des gens qui ne ressemblent plus à rien et qui de toutes façons seront battus par le front ripoublicain ?”. Il y a eu la tentation Zemmour, à laquelle j’ai succombé. Je suis malgré tout satisfait d’avoir pu envoyer au parlement européen Marion Maréchal et ses amis. Mais maintenant pour moi Zemmour-Knafo c’est terminé. Alors Bardella ? Aucune chance pour ce petit gars bien propre sur lui qui récite à peu près bien sa leçon à peu près nationaliste. Mélenchon c’est mon repoussoir à moi. Pas tellement lui que ses suiveurs psychopathes qui ont gardé leurs piques de 1792 et se tiennent prêts à s’en resservir. Alors que faire ? Je ne sais si Fillon a gardé ses trois costumes sur mesure. Un zombie bien habillé dans son style pourrait servir de parachute ventral de secours pour ralentir si possible la décadence. L’union des droites est-elle possible ?

  3. Faire avec le « système »c’est le perpétuer. Retailleau fait du Sarko, peut être en plus sincère et il risque fort d’absorber pas mal de voix du RN. Mais il part de plus loin et le RN est plus haut qu’à l’époque. Le vrai danger : RN et LR au coude à coude aux prochaines élections et le troisième larron, LFI, juste devant. La droite la plus bête…

  4. Faites la liste des lois de mort qui ont été votées sous la “droite” ou avec elle : pilule, divorce, avortement et j’en oublie.
    Il n’y a pas de droite au sens chrétien du terme dans notre pays et c’est logique puisque la république, quel que soit son chiffre, est par essence anti-catholique.
    Alors, l’union des droites …..

  5. Je ne crois pas trop à la fin de votre raisonnement mais seulement à la première hypothèse (les juges qui sont allés trop loin ignorant sur marine le pen est la meilleure alliée du système pour qu’il se perpétue). Et je vous prédis qu’elle sera condamnée en appel, et graciée par Macron au nom de je ne sais quoi mais qu’il trouvera bien. À moins qu’il déteste tellement Édouard Philippe qu’il ne voudra pas lui offrir la victoire en le laissant affronter Marine? Mais je ne crois pas non plus à un tel cynisme alors qu’il a intérêt à avoir un allié à l’Elysee pour la suite de sa carrière (président d’une commission européenne aux pouvoirs élargis)
    Voilà mon scénario !

  6. GdeT, cette notion de “Système” à mon avis date de la Libération de 1944. Le mot a été créé à ce moment là, me semble t-il. Les Français sous l’Occupation étaient trop occupés par leur propre survie pour s’intéresser à la politique. Les “quelques milliers” dont vous parlez sont issus des luttes clandestines et des factions constituées en secret pour une reprise du pouvoir. Pour faire simple, ce qui les rapprochait c’était leur opposition fondamentale aux principes de la “Révolution Nationale” dont la recherche du “Bien Commun”. Quatre-vingts ans après que reste t-il du “Système” ? Ou plutôt, comment a t-il évolué ? Sans doute vers un éloignement irréversible des principes de la morale naturelle. Ce n’est pas par hasard si nos politiciens votent sans broncher pour l’avortement, dont la constitutionnalisation de la chose, l’euthanasie, le mariage gay, les manipulations génétiques, la recherche d’un homme artificiel, les manipulations de masses, le wokisme, etc… Ce sera difficile d’en sortir.

  7. Avortement dans la Constitution, mariage homo, bientôt euthanasie … ils votent toutes les lois de mort, qu’ils meurent donc, eux aussi !

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