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Valeurs chrétiennes : Culture

Le totalitarisme se définit par la prétention de l’État à tout régenter

Guillaume de Thieulloy interroge Michel De Jaeghere sur la démocratie. Extraits :

"Le totalitarisme, en effet, ne se caractérise pas essentiellement
par la violence, la privation des libertés formelles (celles de parler,
d’aller et venir), le rejet des procédures électives. Il y a des
élections en Chine. Il y en avait en Union soviétique. Le totalitarisme
se définit, comme son nom l’indique, par la prétention de l’État à tout
régenter
 : la vie sociale, économique, spirituelle tout autant que la
vie politique. Il peut le faire par la violence ou par la persuasion, le
lavage de cerveau, la douceur apparente. Ce qui le caractérise, ce
n’est pas l’absence d’élections pour la désignation des dirigeants ; ce
n’est pas non plus la violence policière. C’est la contestation de toute
liberté intérieure, l’idée qu’il n’y a rien au-dessus de l’autorité de
l’État
– ni autorité supérieure, ni principe transcendant – qui
justifierait que la personne, la famille, la communauté professionnelle
refusent une soumission inconditionnelle et totale, qu’elles se
réclament d’un ordre, d’une autorité, de principes, de traditions sur
lesquels l’État n’aurait pas de prise. Le totalitarisme ce n’est pas le
règne de la police (qui peut dans tout État commettre des abus). C’est
la prétention de l’État à régner sur les âmes elles-mêmes. […]

[O]n observe que les
démocraties modernes, dont les dirigeants sont choisis par l’élection,
où la liberté de l’individu est, en principe, la règle, et qui sont si
peu dictatoriales qu’elles peinent parfois à s’imposer dans l’exercice
de ces mêmes fonctions régaliennes – au point qu’elles se montrent
incapables de maîtriser leurs propres frontières, comme de faire régner
l’ordre et la justice dans ce qu’on appelle des zones de non droit,
parfois même au cœur des villes ; qu’elles se trouvent en outre
contraintes d’abandonner des parts importantes de leur souveraineté à
des institutions internationales dont le contrôle leur échappe –, en
viennent dans le même temps à prétendre régenter des domaines qui ne
devraient pas relever de l’État 
: l’éducation des enfants, qui
appartient, selon le droit naturel, à leurs parents, la morale (avec la
prohibition d’un nombre croissant de « phobies », la répression de
paroles jugées attentatoires au politiquement correct, de comportements
dénoncés comme discriminatoires alors qu’ils ne sont parfois que
l’exercice de libertés essentielles, comme celle par exemple de choisir
qui on loge dans un appartement qu’on loue, qui on engage dans son
entreprise, ce qu’on accepte de vendre à ses clients, de prescrire à ses
patients, d’enseigner à ses élèves), la définition de la vie (puisque
c’est désormais la loi civile qui détermine, à la majorité des voix, et
d’une manière d’ailleurs variable d’un pays à un autre, à quel âge un
embryon est un être humain, une personne dont l’existence doit être
protégée et garantie, ou un amas de cellules qu’on peut utiliser comme
matériau de recherche, congeler ou détruire), celle de la famille (un
homme, une femme et leur descendance ici ; ailleurs deux hommes, deux
femmes et les enfants qu’ils auront adoptés, fait concevoir in vitro ou porter par autrui). […]

Comment résister à ce nouveau totalitarisme ?

À vue humaine, il y a longtemps que ce combat paraît perdu. Mais
l’expérience de la chute du mur de Berlin l’a montré : il existe une
fragilité constitutive du mensonge, une force intrinsèque liée à la
vérité
. La vague de fond soulevée dans tout le pays par la loi sur le
mariage homosexuel n’a pas seulement surpris le gouvernement. Elle nous a
stupéfaits nous-mêmes. La force tranquille des manifestants, face au
mensonge d’État, à la diffamation, aux violences policières, aux gardes à
vue injustifiées et aux poursuites judiciaires, a transformé l’adoption
de la loi en défaite pour ses propres partisans. Sans doute, la
contestation du projet de loi n’est-elle pas elle-même exempte de
divisions ni d’ambiguïtés, marquée par l’imperfection de toutes les
choses humaines ; elle s’est achevée sur un échec, puisque la loi est
entrée en vigueur. Reste que l’espoir a changé de camp. La course à la
décadence a cessé de paraître irrésistible. [Lire la suite]

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