Le père Danziec revient dans Valeurs Actuelles sur la tenue républicaine :
Nous avons certainement les polémiques que nous méritons. Jeudi soir dernier, lors de l’émission « Vous avez la parole » et au terme d’un débat laborieux, parfois cacophonique, Léa Salamé posait au Premier ministre son ultime question : « Qu’est-ce qu’une tenue républicaine ? » La journaliste souhaitait faire réagir Jean Castex à la sortie récente de son ministre de l’Education nationale. Quelques jours plus tôt, face à la fièvre féministe qui s’indignait sur les réseaux sociaux, derrière le hashtag #BalanceTonBahut, des règlements intérieurs jugés sexistes et trop normatifs, Jean-Michel Blanquer avait en effet répondu qu’il fallait s’en tenir à une « position d’équilibre et de bon sens », en se rendant en classe avec « une tenue normale, une tenue républicaine ». Mais comment définir ce si précieux “juste milieu républicain” ? Embarrassé, le Premier ministre botta en touche et éluda la question sous prétexte de ne pas vouloir alimenter une vaine polémique.
Sans nul doute, l’école offre en miroir les problématiques du monde de demain. Mais elle dit aussi beaucoup des écueils d’aujourd’hui. L’éloge de la diversité est devenu un véritable mantra et « la doxa déteste la normalité », dira Finkielkraut sur le plateau de David Pujadas. C’est pourtant ce dont a besoin l’école : de normes pour cadrer, de règles pour préserver. Et l’essayiste d’inviter tous les ministres de la rue de Grenelle à adopter comme livre de chevet l’ouvrage Propos sur l’éducation du philosophe Alain. Ce dernier rappelle combien la neutralité d’une école est nécessaire pour l’épanouissement de la vie de l’esprit. Loin de la bataille des marques qui gangrènent certaines cours de récréation ou des affres de l’hypersexualisation qui polluent la mixité des collèges et des lycées, la blouse et l’uniforme d’antan, en effaçant les singularités sociales, avaient leurs vertus propres.
La décence, une clef pour la paix sociale
Exiger raisonnablement une tenue correcte en société nécessite, avant toute chose, une réflexion authentique sur le sens du vêtement. Une « position d’équilibre et de bon sens » sur la façon de s’habiller ne peut rester une idée vague. Elle doit s’incarner autour de principes. Et de repères. Car si l’habit – ou la tenue républicaine ! – ne fait pas le moine, il participe néanmoins d’une civilisation. Le vêtement témoigne d’une certaine vision de l’homme et de la femme. A défaut du livre d’Alain, on conseillerait plutôt vivement aux ministres, mais aussi aux parents et aux éducateurs, de se procurer la précieuse étude des Pères Louis-Marie de Blignières et Bertrand-Marie Guillaume, publiée sous le titre évocateur : Réflexions sur la Mode et le vêtement (chemere.org).
En effet, la manière de s’habiller, si elle comporte un aspect fonctionnel, esthétique, symbolique et social très important, ne saurait s’y réduire pour autant. Pour garantir la paix sociale, elle suppose également la recherche d’un bien honnête, et cela sous peine de ne pas honorer une vertu : la décence. A l’heure de la “femme objet”, dont le mouvement féministe s’indigne à bon droit, il devient plus que jamais urgent de s’interroger sur les modèles et les idéaux que la société de consommation insuffle à la jeunesse. Dans toute civilisation, à l’inverse des périodes de décadence, le vêtement fut à la fois l’un des lieux de l’affirmation de soi en même temps qu’une protection pour le regard. Il conduit à voir la personne au-delà de ses formes (le corps) pour s’intéresser davantage au fond (l’esprit).
La réalité anthropologique et historique du vêtement permet ainsi d’éviter de tomber dans un angélisme béat ou un naturalisme forcené. Par sa nature, le vêtement tient lieu d’instrument, il est un accessoire au service du corps. Il protège des intempéries ou du froid, il facilite l’exercice de tel sport ou de telle activité. Il couvre ou met en valeur la beauté. Il signifie un engagement ou une orientation de vie. La vertu de prudence vient avec raison régler son usage et sa variété selon les lieux, les temps et les personnes. Mais surtout, parce qu’il comporte une dimension interpersonnelle indéniable : le vêtement ne regarde pas seulement celui qui le porte. A l’image d’un burkini ou d’un bikini, il peut renvoyer aux autres des conceptions de l’existence diamétralement opposées.
« Le beau, c’est le vrai bien habillé », disait Honoré de Balzac
Or, nul ne peut ignorer que la civilisation occidentale, dans ses us et ses coutumes, s’est façonnée autour de la morale biblique. Tout l’écosystème judéo-chrétien, siècle après siècle, en est imprégné. Ainsi, dans le livre de la Genèse qui ouvre l’Ancien Testament, la chute d’Adam et Eve représente une notion clef qui échappe à beaucoup aujourd’hui. Avant de croquer dans le fruit défendu, le récit nous précise qu’Adam et Eve ne ressentaient aucun besoin d’être habillés. Leur nudité ne faisait aucun obstacle à leur relation. Mais après la faute originelle, le texte indique qu’ils se cachèrent parce qu’ils virent qu’ils étaient nus (Ge 3,10). La pudeur devint alors pour eux une nécessité : l’oubli ou la négation d’un tel soubassement civilisationnel ne peut se faire sans conséquence funeste. Qu’on le veuille ou non, le vêtement a pour rôle de favoriser une juste sociabilité ainsi qu’un droit exercice de l’élégance et de la séduction. Du fait de la nature sexuée et sociale de l’espèce humaine, il existe une manière convenable, d’autres diraient vertueuse, de s’habiller : celle qui respecte la nature de l’homme et de la femme.
Balzac définissait le beau comme « le vrai, en bien habillé ». On comprend mieux l’embarras du nouveau monde à rappeler des règles, héritées pourtant des “bonnes manières de nos grand-mères”, quand, dans le même temps, il nie à grands coups de théorie du gender les différences homme/femme ou cherche à faire valoir à travers l’écriture inclusive les revendications de minorités sexuelles. Tel est le drame relativiste. A force de refuser des repères objectifs, étroitement liés avec la condition humaine, c’est le bon sens qui se trouve blessé au coeur. Et l’élégance qui mange son chapeau.
Gaudete
Ce serait tellement plus simple d’avoir un uniforme ainsi il n’y aurait plus de marques ni rien d’autre
AFumey
On peut également relever la grande habileté des porte-voix libéraux de tout poil: posséder une emprise sur les esprits au point de convaincre les jeunes filles elles-mêmes que se transformer en objet de convoitise – au profit masculin exclusif – est le sommet de la libération féminine…
Il y a juste que confrontées à la réalité, les intéressées “adaptent” les tenues en portant un pantalon sous leur jupe, gênées qu’elles sont des regards indiscrets dans les escaliers.
DUPORT
Hélas ce n’est pas parce que les gens assistent ou participent à la messe qu’ils sont catholiques !
Je peux vous dire que l’écrasante majorité des catholiques ne se rend plus à l’église à cause de ce genre de choses et de tous les bouleversements qui s’y passent depuis des décennies. Ceux qui tentent parfois d’y revenir repartent aussitôt en voyant ce qu’il s’y passe sur tous les plans, tant de la part des fidèles que du clergé.
Cela est malheureusement aussi valable pour les communautés intégristes ou traditionnelles même si les motifs ne sont pas tout a fait les mêmes.
Les minorités qui se pavanent chaque dimanche dans nos églises bloquent le retour de la masse du troupeau au sein de l’église par leurs comportements.
L’heure des comptes viendra.
Ermort
Romano Guardini écrivait que le beau est le vêtement de la vérité.
Forme et fond, en cohérence.