Les 5 ministres chiites du gouvernement libanais, appartenant aux mouvements Hezbollah et Amal, ont démissionné samedi (et un sixième ministre proche du Hezbollah a remis sa démission ce matin), après l’échec de consultations sur la formation d’un gouvernement d’union nationale au sein duquel le Hezbollah, soutenu par Damas, entendait accroître son influence. Dimanche, le fils de Rafic Hariri et chef de la majorité parlementaire anti-syrienne, Saad Hariri, a accusé la Syrie et l’Iran de vouloir empêcher la création d’un tribunal international pour juger les assassins de son père. Le Premier ministre Fouad Siniora n’a pas accepté les démissions des ministres.
Le chef de l’Etat Emile Lahoud, pro-syrien, a déclaré :
"le gouvernement a perdu sa légitimité constitutionnelle et de ce fait, toute réunion du cabinet est anticonstitutionnelle et sans valeur".
L’Alliance du 14 mars, anti-syrienne, s’attendait à un scénario de ce type et appelle à ne pas céder face à ces tentatives d’intimidations. Théoriquement, Fouad Siniora peut passer outre la démission des ministres chiites. Il dispose en Conseil des ministres de la majorité des deux-tiers nécessaires à l’approbation du projet de tribunal. À l’issue d’une rencontre samedi avec le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, en présence de l’ancien président de la République, Amine Gemayel, et du député Boutros Harble, le chef des FL, Samir Geagea, a déclaré :
«Le gouvernement devrait se réunir au plus tôt pour adopter le projet, car il existe d’énormes pressions intérieures et extérieures pour entraver l’adoption du texte. Le président de la République, Émile Lahoud, essaiera de trouver des prétextes pour entraver la tenue du Conseil des ministres lundi. Nous sommes contre l’ajournement de cette réunion, qui pourrait mener à annuler la création d’un tribunal international».
M. Geagea a indiqué que «les options qui se présentent sont difficiles à cerner. Mais nous sommes prêts à toutes les éventualités».