Interrogé dans l’Homme Nouveau, Thibaud Collin, philosophe et auteur du livre Le mariage gay : les enjeux d’une revendication, affirme :
"Les partisans du mariage gay veulent un renversement de ce qu’ils nomment "l’hétérosexisme". Ils désignent par là, sur le modèle du sexisme et du racisme, une idéologie visant à assurer la domination des hétéros sur les homos. Il y a là une reprise du schéma marxiste dans le but de culpabiliser le sens commun afin de reproduire une révolution anthropologique. Car le soit-disant "hétérosexisme" consiste, en fait, à considérer que l’ordre humain est antérieur au politique, que le champ politique ne peut légiférer sur tout et qu’il a à reconnaître la signification du corps sexué comme origine de la vie humaine et donc par là aussi du social.
On voit ici que l’égalité, comprise comme indifférenciation promouvant un mariage et une filiation neutre, asexuée, est le fer de lance de la revendication et que ce discours, très habilement, touche le discours républicain classique. La République se trouve très démunie contre cette revendication qui lui subtilise son propre vocabulaire. On peut aussi se demander ce qui rend, dès son origine, la République laïque manipulable. Je crois que cette revendication est l’occasion d’une prise de conscience de la faiblesse anthropologique du discours laïque."
jean-françois
Si l’on prend comme principe la “liberté” des francs-maçons, qui est une liberté absolue de l’être humain, même par rapport à la vérité connue et à la morale, il n’existe aucun argument, du moins doctrinal, contre l’idéologie homosexuelle.
C’est exactement la problématique de F. Bayrou qui ne veut pas entendre parler de religion ou de morale en politique. “Je ne mélange pas l’ordre de la loi et la conception que chacun se fait de la morale. […]” dit Bayrou dans Famille Chrétienne.
Il réclame de l’homme que sa morale, sa vérité personnelles d’un côté ; l’ordre de la loi de l’autre, soient deux domaines tout aussi arbitraires. C’est du volontarisme comme disent les moralistes. Deux choses sans communication coexisteraient dans le même esprit. Ces deux choses ne sont unies que par la volonté commune de ne reconnaître aucun bien. L’être humain est invité à vivre par delà le bien et le mal. Cette doctrine est terrifiante, inhumaine.
A l’inverse la doctrine du bien commun et de la dignité de l’homme concilie la juste liberté, avec une donnée objective et obligatoire : le bien commun dont il est impossible de s’affranchir en politique.
Le bien, qui est le but de toute la morale, s’impose à tous, y compris au législateur.
Comme l’a écrit PEF hier sur le Salon Beige “Il aura fallu arriver à notre époque pour entendre des édiles refuser cyniquement de mélanger l’action publique et la morale.” Je crois savoir que Monsieur Bayrou est professeur de philosophie [Prof d’Histoire je crois. MJ]. Or parmi les philosophes Nietzsche continue ses ravages dans de nombreux esprits (dont d’ailleurs parfois ceux de « catholiques tradis »).
Monsieur Collin dans l’Homme Nouveau touche le problème central de la république. Il semble aujourd’hui qu’elle vive, comme Monsieur Bayrou ou Monsieur Chirac du volontarisme maçonnique, à mon avis une réforme intellectuelle et morale réclame qu’elle se fonde sur une morale du bien, jointe à une liberté sociale en matière de religion et de philosophie.
Cet examen de conscience ne concerne pas seulement la république, hélas ! Nous autres aussi devons faire notre examen de conscience à ce propos.
Il est opportun de (re)lire sur ce sujet le discours de Ratisbonne du 12 septembre 2006 et Dignitatis Humanae de Vatican II. Deux textes dont il convient de scruter le sens.