Il faut d’abord situer le Père Neuhaus : c’est un des intellectuels catholiques les plus éminents aux Etats-Unis. Très engagé dans le dialogue inter-religieux, en particulier avec les évangéliques, les orthodoxes et les juifs, il a été un des acteurs de la percée intellectuelle néoconservatrice ces 30 dernières années. Time magazine classait l’an dernier ce prêtre catholique, ancien pasteur luthérien, parmi les "25 personnalités évangéliques les plus influentes" du pays – l’hebdomadaire disait qu’il avait l’oreille de Bush.
Comme le Père Neuhaus suit d’extrêmement près l’actualité européenne, je suivais depuis plusieurs jours de près le Blog de sa revue First Things, attendant la lecture que ferait le Père Neuhaus aux événements de France. La voici :
L’intifada en France suscite sans nul doute chez certains Américains une satisfaction : celle de voir le gouvernement français, plein de morgue, être rabaissé de plusieurs crans. Mais il faut résister fermement à la tentation de se complaire dans la Schadenfreude [la joie éprouvée au malheur des autres]. Ce qui arrive en France et dans d’autres parties de l’Europe est une tragédie de proportions historiques. Comme je l’ai écrit dans mon article "La Nouvelle Europe" (numéro d’octobre de First Things), nous assistons à la mort d’un continent. […]
La peinture par Samuel Huntington du "choc des civilisations" n’est pas le dernier mot, mais le repousser en le traitant d’ "alarmiste" est certainement de la folie. Jean-Paul le Grand a appelé avec persistance à la re-christianisation de l’Europe, et le Pape Benoît n’est pas moins résolu. […] En l’absence de raisons d’être allant au-delà de la satisfaction de conforts matériels, les Européens continueront d’approuver leur propre destruction. On peut appeler ça le suicide assisté par les musulmans.