Gilles de Robien, ministre de l’Education nationale, a visité mardi un collège privé catholique de Cholet. Une telle visite est la première du genre depuis 15 ans. En apparence, c’est plutôt sympathique : Robien a justifié ce geste en déclarant que "la guerre scolaire est enterrée depuis bien longtemps." Il a même ajouté sur Radio Notre-Dame qu’il voulait "donner une égalité de moyens à l’enseignement public et privé."
Mais le prix de ces attentions est une autre déclaration, lourde de menaces, du ministre : "Il n’y a qu’une Ecole, l’Ecole de la République" – incluant l’enseignement privé sous contrat.
Présent de demain fait sa "une" sur cette déclaration, que Jeanne Smits qualifie de "révolutionnaire – et même totalitaire."
En effet, que la formule ait été préméditée ou pas, elle s’inscrit dans un processus d’absorption de fait de l’enseignement privé sous contrat par le service public d’éducation.
La conception derrière cette absorption est celle qui range l’éducation parmi les "fonctions régaliennes" de l’Etat – c’est-à-dire les fonctions qui, comme la Justice, la Défense, la Monnaie, appartiennent par nature "au Roi". Jean-Pierre Raffarin avait ainsi déclaré en 2002 :
Les Français veulent retrouver un Etat fort, respecté et respectable, un Etat qui puisse répondre à leurs besoins sur ses missions essentielles qu’on appelle les fonctions régaliennes : la justice, la police, la sécurité, l’éducation.(Source.)
Cette conception est effectivement totalitaire : l’éducation des enfants n’appartiendrait pas par nature aux parents, quitte à ce qu’ils en confient une part à la collectivité, mais à l’Etat. Le Catéchisme de l’Eglise catholique dit tout le contraire (§2229) :
Premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, les parents ont le droit de choisir pour eux une école qui correspond à leur propres convictions. Ce droit est fondamental. Les parents ont, autant que possible, le devoir de choisir les écoles qui les assisteront au mieux dans leur tâche d’éducateurs chrétiens (cf. GE 6). Les pouvoirs publics ont le devoir de garantir ce droit des parents et d’assurer les conditions réelles de son exercice.
Jusqu’où ira l’absorption de l’enseignement catholique sous contrat par le service public ? Sur la pente actuelle, jusqu’au bout : jusqu’à l’interdiction des signes religieux ! Aussi incroyable que cela paraisse, plusieurs voix, à la Commission Stasi comme à l’Assemblée nationale, l’avaient réclamé lors du débat sur la loi interdisant les signes religieux ostensibles dans les écoles publiques.