Il y a une semaine, les européistes restaient déterminés à ne pas baisser les bras, même face à un "non" français, et même suivi d’un "non" néerlandais. La stratégie qu’ils avaient prévue consistait à forcer les pays à poursuivre le processus de ratification pour isoler les récalcitrants et les faire revoter (voir ici, ici, ici et ici.)
L’ampleur inattendue des victoires du "non" pourrait toutefois laisser espérer que le Traité est mortellement atteint.
D’après le Figaro, Tony Blair "s’apprêterait à enterrer son référendum" sur le Traité en 2006, et à suspendre son processus de ratification. Il compterait décider cela unilatéralement, s’affranchissant des décisions du Conseil européen (qu’il présidera d’ailleurs à partir de juillet.) Le Conseil est pourtant le seul autorisé à interrompre les ratifications d’après les européistes. Paris pousserait à la poursuite du processus, mais si la France insiste,
… (l)e Royaume-Uni s’engagera à tenir, en 2006, le référendum promis à la condition que la France organise une nouvelle consultation sur le traité constitutionnel inchangé. Une exigence que les diplomates britanniques savent irrecevable.
Le chef du Foreign Office, Jack Straw, prononcera lundi prochain un discours devant les Communes. Pour le Telegraph, il pourrait à cette occasion annoncer la suspension de la loi de ratification britannique.
L’excellent blog britannique EU Referendum ne parvient pas à être pleinement rassuré : il pense que Blair voudra gagner du temps, sans renoncer à une ratification à terme. Le Telegraph (et déjà Michel ici), citant des fonctionnaires bruxellois, évoque la possibilité que le Conseil reporte le butoir de fin octobre 2006 initialement fixé pour les ratifications,
… afin de donner à la France et à la Hollande une occasion de voir s’ils peuvent tenir de nouveaux scrutins et obtenir un "oui."
Soyons donc attentifs : si le Conseil européen des 16 et 17 juin reportait la limite de 2006, l’arrière-pensée serait un nouveau référendum en France, par exemple dans la foulée des élections présidentielle et législatives.