Vie humaine naissante et loi naturelle : c’est sur ces deux sujets que la congrégation pour la doctrine de la foi prépare actuellement deux nouveaux textes. Le secrétaire de la congrégation, l’archevêque Angelo Amato, l’a annoncé dans un entretien à Avvenire, le quotidien de la conférence épiscopale italienne. Le premier texte, qui traite de la vie humaine naissante, sera dans le droit fil de l’instruction Donum Vitae publiée en 1987 par le préfet de la congrégation de l’époque, le cardinal Joseph Ratzinger. Nous en avions parlé ici.
Le second texte, relatif à la loi naturelle, sera une première. En plusieurs occasions, Benoît XVI a donné comme fondement à la vie des hommes en commun les principes moraux imprimés dans le cœur de chaque homme et "répétés de manière unique par la voix faible mais claire de la conscience". Mgr Amato explique :
"Un catholique, par exemple, ne peut donner son consentement à une législation qui introduit le mariage entre deux personnes du même sexe : cela va contre la révélation biblique et la loi naturelle elle-même. […] Le pape Benoît XVI cite souvent cette dernière dans ses catéchèses. Et notre congrégation prépare quelque chose sur la question. A cette fin, elle a déjà consulté toutes les universités catholiques. Les réponses venues du monde entier sont encourageantes, même celles qui viennent des universités considérées comme plus ‘difficiles’. La loi naturelle est également très importante car elle peut être le seul socle pour un dialogue fructueux entre les religions".
Mgr Amato a accordé cet entretien à l’occasion de la publication d’un imposant volume (600 pages) rassemblant les 105 textes produits par la congrégation pour la doctrine de la foi pendant quarante ans, de 1965 à aujourd’hui. Le souhait que tous ces textes soient publiés à nouveau en un seul volume a été émis par "beaucoup d’évêques, de cardinaux et de théologiens" du monde entier. Parmi ces textes, la note de 2002 sur les catholiques dans la vie politique se révèle aujourd’hui d’une brûlante actualité. Les principes "fondamentaux et irrévocables" qui y sont rappelés – et constamment repris par Benoît XVI dans sa prédication – sont de plus en plus au centre des controverses éthico-politiques qui divisent les différents pays sur l’avortement, l’euthanasie, l’embryon, la famille, l’éducation. Mgr Amato observe :
"Beaucoup d’hommes politiques catholiques demandent des éclaircissements sur ce genre de sujets. Qu’ils veuillent ou réussissent ensuite à agir en conséquence, c’est une autre question. Les hommes politiques catholiques devraient en tout cas toujours se rappeler qu’ils n’ont pas à consentir à l’introduction de lois allant à l’encontre des principes moraux. Quand bien même ce type de loi serait déjà en vigueur, ils pourraient au moins chercher à en atténuer la portée".
Pascal G.
“Les hommes politiques catholiques devraient en tout cas toujours se rappeler qu’ils n’ont pas à consentir à l’introduction de lois allant à l’encontre des principes moraux. Quand bien même ce type de loi serait déjà en vigueur, ils pourraient au moins chercher à en atténuer la portée”.
Contrairement à l’attitude du tout ou rien d’une partie de la droite catholique française, il est donc bien licite moralement et prudent politiquement de tenter d'”atténuer la portée” des lois contraires au respect de la vie plutôt que de camper dans un ghetto voulu et accepté. Il est donc préférable de commencer par diminuer les possibilités d’avorter, et donc le nombre d’avortements, au lieu d’espérer revenir à un respect total de la vie par un coup de baguette magique législative.
C’est un point important dans le débat présidentielle actuel, et au delà. Cela devrait clore en théorie les polémiques stériles sur le “glissement du FN et de ses dirigeants en faveur de l’avortement et du mariage homosexuel” qui est l’un des grands thèmes de certains journaux et groupes catholiques -et bien pharisiens- depuis deux ans. Mais ne rêvons pas, hélas : sans querelles artificielles sur l’impureté de l’autre et faux procès d’intention, notre famille ne serait plus aussi pittoresque…
Sancenay
La question du respect de la Vie, de sa conception jusqu’à la mort, dont, selon Sa Sainteté Benoît XVI,nous avons «l’impérieux devoir » d’assurer la promotion et la défense dans la Cité, doit devenir l’épicentre du débat politique au regard des très lourdes atteintes et menaces qui s’accumulent à l’encontre de l’humanité.
Sa prégnance sur le débat politique doit également nous libérer définitivement du clivage matérialiste gauche-droite imposé depuis déjà plusieurs siècles avec comme résultat le désastre économique et social que l’on sait.
Les tenants du désordre a-naturel établi ont parfaitement perçu le risque de voir ainsi, non seulement leur fond de commerce liquidé, mais également de voir l’humanité recouvrer toute sa place aux dépends de celle ficelée par le culte du progrès non défini.
Pour mémoire, c’est bien la raison pour laquelle en son temps les mêmes s’efforcèrent de diaboliser le bien aimé Professeur Lejeune.
Dieu merci, dans ce ténébreux décor faustien, des fenêtres de Lumière s’ouvrent ici et là, malgré la chape de plomb savamment entretenue.
Telle la position du journaliste du Monde,Yves Nau, dans son commentaire respectueux de la position des 11 courageux Evêques lors du Téléthon.
Il convient de ne pas manquer de tendre solidairement et charitablement la main à de tels hommes de bonne volonté pour briser le mur du silence et de la caricature diabolique.
Cependant, compte tenu de l’attrait financier manifeste de ce que l’on pourrait appeler avec lucidité autant que dégoût : « le marché de la vie en kit », il faut s’attendre à un long et difficile combat .Car la Bête qui domine l’esprit du monde ne se laissera pas dérober facilement sa proie convoitée, aujourd’hui si proche de sa fin, l’humanité toute entière, sans combattre au besoin en recourant aux moyens les plus retors.
Espérance et charité pour la partie verticale, vigilance et courage pour la portée horizontale peuvent dessiner une croix rayonnante qui guidera notre regard pour nous en aller « pêcher » ces hommes de bonne volonté que la vision de l’horreur accomplie ne manquera pas de ramener comme une marée à la Lumière.