Selon Françoise Candelier, institutrice durant 30 ans dans le public, qui a créé une école hors contrat à Croix, dans le Nord. Le Cours Candelier ou Ecole-Collège du Blanc-Mesnil compte aujourd’hui 300 élèves, de la maternelle à la 3e. Elle interviendra samedi à Paris au colloque organisé par l’Institut Iliade, « Européens : transmettre ou disparaître ». Elle déclare à Minute :
"Je suis passée directement du public au privé hors contrat sans connaître le privé sous contrat. Je l’ai découvert à travers les enfants qui en viennent, c’est-à-dire à travers ceux dont les parents ont décidé de les en faire sortir. Or maintenant que je reçois les cahiers d’enfants issus du privé sous contrat, je constate que celui-ci est contaminé par le pédagogisme, tout autant que le public, hormis peut-être dans certains établissements situés dans des quartiers favorisés, mais c’est là une question de catégories sociales. Tout ce dont le privé sous contrat peut se prévaloir, c’est de pouvoir maintenir une certaine discipline, ne serait-ce que parce qu’il a la faculté de pouvoir se séparer des éléments perturbateurs, ce qui n’est pas le cas du public, obligé de garder tout le monde. Sinon, je n’y vois pas de résistance au pédagogisme, car il est dans le système dont il reçoit les subsides qui lui permettent de vivre. En contrepartie – c’est le « contrat » –, il est tenu d’appliquer les programmes et les directives de l’Education nationale, et il est tout autant contraint d’appliquer les réformes destructrices.
Alors quelles sont les spécificités de l’école hors contrat que vous avez créée ? Que proposez-vous aux parents qui souhaitent renouer avec la transmission ?
Tout d’abord, je ne veux plus qu’on me demande de l’originalité : je veux donner du classicisme et je le revendique ! L’école n’est pas là pour faire des expériences sur les enfants des autres. Elle n’est pas là pour prendre les enfants des autres afin d’en faire des cobayes ! La transmission, c’est simple : cela consiste à remplir les valises de la génération qui arrive de valeurs et d’oeuvres qui ont été mises à l’épreuve du temps. C’est le temps qui donne la valeur aux choses. C’est donc une démarche d’humilité : que dois-je mettre dans les valises de l’enfant pour qu’il puisse ensuite construire autre chose que je n’ai même pas à imaginer ? L’école hors contrat que j’ai créée propose de retrouver le niveau de l’école publique des années 1960, qui était la meilleure du monde. Elle propose de la grammaire de mots, pour pouvoir étudier un jour le latin ou l’allemand. Elle propose de la chronologie en histoire. Elle propose de connaître la carte de la France, puis de l’Europe. Elle propose de remplir la valise de toutes les choses solides qui sont indispensables pour se structurer… et que demandent les parents ! Le niveau des élèves que je vois arriver me confirme que nous vivons une véritable tragédie nationale. Ils ne connaissent rien. Bien sûr, il y a toujours un tiers des élèves qui ont un bon niveau, mais pas grâce à l’Education nationale, grâce à leurs parents ! La sélection existe toujours, mais c’est une sélection sociale ! Pour les autres, c’est une catastrophe. Alors nous remplissons la valise."