De Benjamin Guillemaind dans L'Homme Nouveau :
" Le terme d’« économie » désigne généralement l’ensemble des rapports marchands entre producteurs et consommateurs. L’économe d’une collectivité gère les questions matérielles. On oublie souvent qu’économie exprime d’abord une idée de parcimonie et de frugalité. Être économe est d’abord une vertu. L’abondance et les théories productivistes nous ont fait perdre ce sens. La publicité vient exciter l’envie et centre tout le bonheur de vivre dans la consommation. Avant l’ère industrielle, la réclame était interdite : l’artisan doit attendre et non attirer le client. Cette mesure s’applique toujours aux notaires et médecins, où la concurrence s’établit sur la qualité de la prestation. L’idéologie de la croissance matérielle cherche à susciter des besoins, qui ne sont pas essentiels à la finalité première de la vie, la croissance spirituelle. Georges Bernanos le disait en termes réalistes :
«Paris-Marseille en un quart d’heure, c’est formidable ! Car vos fils et vos filles peuvent crever, le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l’éclair. Que fuyez-vous donc, imbéciles ? Hélas, c’est vous que vous fuyez, vous-mêmes» (La France contre les robots).
Et encore :
«Il était fatal que l’homme construisit ces machines, et d’ailleurs il en a toujours construit. Il n’était nullement fatal que l’humanité consacrât toute son intelligence à la construction des mécaniques, que la planète entière devint une immense machinerie et l’homme une sorte d’insecte industrieux » (La liberté, pour quoi faire ?).
Inversant les valeurs, le matériel s’est ainsi substitué au spirituel, à notre insu. On ne se contente plus du suffisant, on veut jouir du superflu, disposer du confort à tout prix. […] Ainsi deux courants contraires s’affrontent. L’un exploite le désir, l’envie, la consommation. Il résulte d’une conception évolutionniste de l’humanité, dont l’âge industriel serait l’aboutissement. […] L’autre se fonde sur la hiérarchie des valeurs, selon la célèbre formule de saint Ignace : user des biens matériels « autant qu’il faut, mais pas plus qu’il faut ». L’office de Complies le rappelle : Sobrii estote et vigilate. (Soyez sobres et veillez).
Des générations furent élevées dans cet état d’esprit de frugalité : on ne jetait rien, on réparait, on raccommodait. […] On prenait son temps, on se contentait de ce que l’on avait. On était économe. Ces habitudes de vie ont été balayées par la civilisation industrielle du tout jetable, dont les déchets, inhérents à l’urbanisation, nécessitent des traitements coûteux, l’épuration des eaux usées, un gâchis invraisemblable. La nécessité va nous contraindre à redécouvrir que l’économie, avant d’être une science, est d’abord une vertu et un art."
MJ
trahoir
La vraie vie des cathos bobos expliqué à un journaliste du Monde :
“Notre communauté s’est fondée sur l’idée qu’il fallait partager sa vie avec les pauvres. Or à Paris, les plus pauvres ne sont pas catholiques.”
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/25/on-ne-peut-pas-arriver-avec-notre-bible-a-la-main-alors-on-essaye-de-faire-passer-des-valeurs_1135094_3224.html
Dubrule
Sur le même thème , on peut lire également dans “Contre-attaques” de Jean Cau ((Editions Labyrinthe, 1993)l’avant propos, “Eloge du lourd”, sur la civilisation du jetable.
trahoir
Alain Juppé touché par la grâce ?
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/12/24/alain-juppe-j-adhere-completement-au-message-social-de-l-eglise_1134714_0.html
Adhérez-vous à la pensée sociale chrétienne ?
J’adhère effectivement complètement au message social de l’Eglise et aux valeurs qui sont exprimées dans ce texte. Je suis chrétien par formation et par attachement. J’adhère totalement aux valeurs de la morale chrétienne. La foi est un sujet plus compliqué que je garde au fond de moi-même. Je ne suis pas pratiquant constant, mais fréquent. Je vais à l’église et pas uniquement dans les manifestations officielles, mais aussi à titre tout à fait privé. J’aime bien quand la messe est belle, et non pas figée et artificielle comme ça arrive souvent. J’aime quand elle est vraiment participative et qu’il se passe quelque chose. J’ai écrit d’ailleurs à plusieurs reprises que je suis très sensible à l’aspect liturgique, à la cérémonie.
Pascal G.
M. GUILLEMAIND est dans le vrai.
Mais comment éviter de vivre dans l’éphémère et le jetable, même si on choisit de préférer le durable, le ”lourd” de Jean CAU dans ”Contre-attaques” qu’évoque TRAHOIR ?
Car tout ce qui est proposé est fait pour ne pas durer, ne pas être réparable, ne pas être économe, frugal, etc….. ? Y compris pour ce qui est indispensable technologiquement.
Certes, on peut ne pas remplacer dans son domicile, son entreprise, et son environnement ce qui fonctionne, faire durer les objets, les machines, les automobiles, etc….., ne pas céder au mirage de la pseudo nouveauté, qui la plupart du temps n’apporte que très peu de valeur ajoutée sur le plan humain et culturel, voire même en terme d’utilité réelle. Mais souvent la maintenance, et donc la conservation, se révèlent impossibles : l’industrialisation a rendu le fait de réparer, de faire durer, très difficile, y compris pour les objets les plus simples, réparables il y a encore 30 ou 40 ans.
Car le 1er corollaire du ”jetable” réside dans l’attrait de son coût devenu très bas : les usines de l’extrême orient onf fait de nous des consommateurs inconscients de la valeur des choses. Mais aussi des producteurs heureux : l’abaissement des coûts de l’informatique a permis une profonde modification des modes de vie et de travail.
Soit nous payons nos tee shirts qq euros, soit nous les produisons ici dix fois plus chers, et nos ordinateurs également. Le Salon Beige n’existe que parce que le coût des ordinateurs, a chuté en 25 ans rendant ainsi possible l’Internet grand public.
Sommes-nous prêts et préparés à y renoncer ?
trahoir
Non ce n’est pas moi, c’est “Dubrule”.
Je fais moi même souvent la confusion mais les noms sont en bas des messages.