Inspirée du modèle suédois, la crèche Bourdarias de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis ne fait pas la différence entre filles et garçons. Vendredi, Najat Vallaud-Belkacem, ministre pour le Droit des femmes, et Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, s'y sont rendues. La seconde menace de faire évoluer la formation de tous les professionnels de la petite enfance pour les sensibiliser à la question.
Depuis avril 2009, les équipes de la crèche Bourdarias, formées avec un spécialiste suédois, pratiquent une pédagogie «active égalitaire». Dans la bibliothèque, un certain nombre d'ouvrages ont été censurés. Comme Petit Ours brun, jugé inopportun avec ses représentations de papa fumant le pipe en lisant le journal et de maman aux fourneaux. Quand les petites filles se rêvent en princesse, le personnel confisque diadèmes et robes roses et justifie :
«Nous essayons d'ouvrir l'horizon de la princesse en lui proposant du bricolage mais sans l'empêcher de jouer à la princesse».
En Suède, certains établissements vont jusqu'à prôner l'emploi d'un pronom neutre pour remplacer les traditionnels «il» et «elle». Cette pratique qui n'a pas (encore) cours à Bourdarias. Le pédopsychiatre Stéphane Clerget explique :
"Il faut proposer à chaque enfant d'être garçon ou fille à sa manière, sans nier la différence des sexes comme le font des partisans de la théorie du gender."