D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"Il fallait y penser : après « Dieu oui, mais sans l’Église », des athées en mal de spiritualité viennent de créer une église… sans Dieu ! C’est ce que révèle le lancement de la première Sunday Assembly française, le 28 septembre à Paris. De quoi s’agit-il ? D’une assemblée de non-croyants voulant partager des valeurs communes, pour « vivre mieux ». Une « messe athée », commente la presse – sans craindre d’ailleurs la contradiction dans les termes – comme il en existe déjà ailleurs. On notera que la France laïque prend pour une fois le train en marche, et pas forcément le mieux inspiré…
Coïncidence pour le moins étonnante avec le voyage du pape François en Albanie. Ce pays, naguère qualifié de « premier État athée du monde », est en effet en plein renouveau de la foi chrétienne ! Pour son premier déplacement en Europe, le Souverain Pontife n’avait pas choisi au hasard cette petite nation oubliée de tous. Elle qui a su résister vaillamment, par son enracinement séculaire dans le christianisme, par la force des familles et le courage des martyrs, à une dictature antireligieuse digne de la Corée du Nord. Le message du pape est clair : l’oubli de Dieu et le laïcisme peuvent mener au pire. Et ne reste alors que le témoignage de foi vécue et assumée jusqu’au bout pour édifier ses semblables.
Le pape François lui-même a particulièrement montré son émotion à Tirana, devant l’histoire de ces martyrs albanais. Et ce qui est frappant, c’est que parmi la longue liste des chrétiens persécutés figuraient en premier lieu des prêtres. Dieu Lui-même semblait visé à travers ses serviteurs…
C’est pourquoi il ne faut pas sous-estimer l’intérêt que peut susciter cette nouvelle mode anglo-saxonne des assemblées sans Dieu. D’abord parce qu’elles révèlent un vrai désir de rituel, d’intériorité et de rassemblement en communauté – ce que l’individualisme contemporain ignore. Surtout, elles vont pousser les prêtres à creuser ce qui différencie nos liturgies dominicales de cette parodie incluant prêche, recueillement et sens de la mise en scène. Il y manque juste l’essentiel : le saint sacrifice.
C’est donc très certainement à ce prix, celui d’une redécouverte d’une vraie culture eucharistique, que viendra la renaissance spirituelle de notre pays. Au prix aussi d’un renoncement à ce que le pape François considère comme le principal ennemi des catholiques : la mondanité, cette tentation de faire entrer la foi dans les catégories du monde, pour la rendre plus acceptable. Quoi de plus étrange et dérangeant, de fait, que la mort de Dieu sur la Croix ? Mais quelle consolation, affirmait encore le pape !
Alors on comprendra la portée théologique de cette réponse lumineuse jaillie du cœur pur de Jeanne d’Arc, selon laquelle le Christ et l’Église – on pourrait dire la messe et l’Église – « m’est avis que c’est tout un » !"