Le débat sur l’habillement des jeunes filles et des femmes musulmanes ne se limite pas à la France ou aux pays européens. La semaine dernière, le ministère égyptien de l’éducation a interdit le port du niqab (le voile qui couvre également le visage, ne laissant que les yeux découverts) dans les écoles publiques et les établissements d’enseignement de l’Azhar. Cette interdiction concerne les étudiantes, mais pas les enseignantes.
Le journal gouvernemental égyptien al-Ahram a tenté de justifier cette décision ministérielle en retraçant brièvement les étapes qui ont conduit à cette décision. En effet, ce n’est pas la première fois que la question du niqab est soulevée en Egypte. Dans les années 1990, le même ministère avait tenté, sans succès, de bannir le voile intégral en l’interdisant à la fois aux enseignants et aux étudiantes, au motif que la dissimulation du visage empêche la communication entre les deux parties. En 2009, le niqab avait également été critiqué par le grand imam de la mosquée al-Azhar de l’époque, Shaykh Sayyid Tantawi, qui avait expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un vêtement imposé par la religion islamique. Cette prise de position lui avait valu d’être accusé de soutenir l’ancien président français Nicolas Sarkozy, qui avait entre-temps déclaré la guerre au niqab en France. Aujourd’hui comme hier, la décision du ministère d’abolir le niqab dans les écoles a été applaudie par certaines personnalités de l’Azhar, dont Ahmed Karima, professeur de jurisprudence comparée, pour qui le voile intégral n’est pas obligatoire mais relève d’un libre choix personnel. Jusqu’à présent, cependant, il n’y a pas eu de réaction de la part du Grand Imam Ahmad al-Tayyib.
Outre l’interdiction du niqab pour les étudiantes, la règle ministérielle réglemente également le port du hijab, le voile qui couvre les cheveux mais laisse le visage découvert. Selon cette disposition, une étudiante peut porter le hijab à condition qu’elle le fasse de son plein gré et que son tuteur en ait été informé.
Pour al-‘Arab, quotidien proche des Emiratis et hostile à l’islamisme, l’interdiction du niqab dans les écoles “est le premier pas dans l’opposition aux salafistes”. L’ancien parlementaire égyptien Muhammad Abu Hamid en appelle aux institutions religieuses officielles, qui devraient jouer leur rôle dans la bataille contre le voile intégral car “le gouvernement ne peut pas mener une bataille sur une question jurisprudentielle sans avoir une couverture religieuse pour la soutenir en apportant des preuves et des indices confirmant l’absence de relation entre le niqab, la pudeur et la charia”. Et il accuse Al-Azhar d’aborder la question du niqab avec “deux poids, deux mesures” : d’une part, il nie l’existence d’une relation entre ce vêtement et la charia et le considère comme une coutume, mais d’autre part, il en autorise le port dans ses facultés.
L’article publié par al-Quds al-Arabi va dans le sens contraire. L’objectif du gouvernement était de s’en prendre aux salafistes. Al-Nur, le principal parti salafiste égyptien, a annoncé qu’il ferait appel à la justice et au parlement égyptiens car la décision “viole la Constitution et la référence à la charia islamique dans l’article 2, ainsi que les articles établissant le devoir de préserver la liberté personnelle”. La décision ministérielle contredit “beaucoup de preuves claires” (adilla), explique un représentant d’al-Nur ; les oulémas sont d’accord pour dire que ce vêtement est licite ; ils sont même divisés sur la question de savoir si le niqab est obligatoire ou non. Cette disposition, explique-t-il, est la dernière d’une série d’attaques, y compris la décision de supprimer les versets coraniques et les hadiths, les récits des prophètes, des messagers et des compagnons du Prophète, des manuels scolaires.
“Dans les pas de la laïcité française”, titrait plutôt al-Jazeera. Le journaliste égyptien Muhammad ‘Abd al-Shakur se moque du ministre de l’éducation, qui pense résoudre les problèmes du système scolaire égyptien en interdisant aux étudiantes de porter le niqab. Se lançant dans une diatribe, le journaliste note que cette décision intervient quelques jours seulement après la décision française d’interdire l’abaya dans les écoles. La France considère que l’État est laïque et que le hijab, le niqab et l’abaya sont contraires à la laïcité ; le ministre égyptien de l’éducation de l’État islamique d’Égypte, ainsi que le pays d’al-Azhar, considèrent-ils que l’Égypte est également laïque au point d’interdire le niqab ? demande al-Shakur avec sarcasme, ajoutant que les problèmes qui affectent les écoles depuis des années demeurent cependant : la surcharge des classes, le manque d’enseignants, la faible qualité de l’enseignement, le problème des leçons privées auxquelles ont recours ceux qui en ont les moyens, et le prix prohibitif des textes étrangers.
Janot
Les musulmans ne savent pas quoi inventer pour rabaisser les femmes … c’est vraiùent une croyance délétère.
christianlair
Je dirais même : une secte malfaisante autant que dangereuse !
Irishman
Une secte fondamentalement intolérante à l’idolâtrie barbare !
Le monde musulman a été incapable de produire le moindre progrès technique, scientifique, médical et social depuis 14 siècles !