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L'Eglise : L'Eglise en France

L’enracinement dans une tradition vivante

L’enracinement dans une tradition vivante

De Victor Aubert, sur Academia Christiana :

[…] Que signifie le fait que plus de 16.000 pèlerins – d’une moyenne d’âge de 21 ans – marchent durant trois jours, de Paris à Chartres, au sein d’un pèlerinage où est célébrée la messe dans la forme extraordinaire du rite romain (messe traditionnelle ou de St Pie V) ?

A première vue, on pourrait se dire que 16.000 pèlerins représentent peu en comparaison des 30.000 fêtards du Tecknival 2023, des 10% des Français qui se déclarent LGBTQ+, ou de confession musulmane.

Seulement, est-il raisonnable de comparer un pèlerin à un festivalier, à une personne sondée anonymement ou à un statistique tirée d’une étude sociologique ? Marcher de Paris à Chartres suppose une forme d’engagement a priori plus profonde, et c’est de cela dont il est question.

Ce phénomène est difficilement quantifiable mais il est perceptible pour l’observateur attentif qui fréquente un tant soi peu cette jeunesse chrétienne de 2023. Je ne dispose d’aucune étude statistique, mais j’ai marché au milieu de jeunes âgés d’une douzaine d’années de moins que moi, et c’est cette même génération que je retrouve lors des évènements d’Academia Christiana.

Que se passe-t-il ? De nombreux baptêmes de jeunes adultes, beaucoup de retour à la pratique religieuse, des jeunes totalement étrangers au monde de la tradition qui s’en approchent sans pré-jugés ni outrance. Mais ce sont aussi des jeunes qui s’engagent : chefs scouts, maraudes auprès des sans abris, volontaires chez SOS Chrétiens d’Orient, recherche de métiers et d’engagements qui ont du sens… Ce n’est sans doute pas si anecdotique que cela, il semble qu’il y ait une lame de fond, silencieuse. Que chaque année les baptêmes et les retours à la foi soient d’autant plus nombreux et qu’ils s’accompagnent d’un changement intégral dans la vie de ces convertis.

Il y a des raisons d’espérer.

Cette jeunesse qui a marché vers Chartres n’a pas vécu les combats qui ont animé l’Eglise depuis les années 70. La plupart sont étrangers aux querelles de chapelles et aux disputes théologiques. Sur le plan spirituel, leur principal souci est avant tout la recherche d’un discours qui ne soit pas vide de tout contenu, ils sont attirés par les prédications dans lesquelles on accorde la place principale au fond et au sens. Ils se détournent des discours creux où l’on ressasse des paroles totalement travesties, là où amour et tolérance ne sont que des mots, érigés en principes, étrangers à la vérité, la force et la justice. Ils ne veulent pas de cet ersatz de christianisme dans lequel les clercs et les « dames caté » se confondent avec les ONG sans frontieristes.

On aura tôt fait de les affubler de qualificatifs méprisants « catholiques-identitaires », « rétrogrades ». Mais il est trop facile de dénigrer ce qu’on se refuse à comprendre. Pour côtoyer quotidiennement cette génération, je constate bien souvent que leur foi ne se limite pas à un attachement superficiel pour des signes extérieurs. S’ils aiment la liturgie traditionnelle, ce n’est ni par nostalgie (nostalgie de quoi, lorsqu’on est né en 2002 ?) ni par mépris de qui que ce soit, mais parce qu’ils y ont trouvé une aide pour nourrir leur vie spirituelle, un escabeau vers le Ciel.

Ce phénomène générationnel démontre encore une fois la pertinence de l’axiome bien connu : « le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racines ». Ces jeunes ne sont pas crispés, ils ne veulent pas revenir en arrière, ils éprouvent un besoin de l’âme ; celui de l’enracinement dans une tradition vivante. Ces jeunes semblent avoir pressenti que toutes les promesses de la modernité mènent au néant et au malheur. La liberté sexuelle a conduit à la misère du désir et la solitude du divorce, l’hédonisme consumériste au repli sur soi et à la tristesse, l’ouverture au monde au mépris de soi et à la violence multiculturelle.

Ce qu’il faut espérer, maintenant, c’est que cette jeunesse sera à la hauteur des défis qui seront les siens, il faut qu’elle persévère, qu’elle conserve son enthousiasme à travers un engagement durable et fécond dans les sentiers parfois difficiles qui mènent à la vérité, au don de soi, au bien commun et ultimement au Christ.

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