L’environnement alimente les usines à gaz…

De Francis Bergeron dans Présent :

Nous avons donc un ministère de la Transition écologique et solidaire, richement doté d’une nuée de fonctionnaires et d’experts formidablement qualifiés, et piloté par le charismatique François de Rugy. Nous avons un splendide Conseil général de l’environnement et du développement durable ; et nous avons une Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, dont tout le monde nous envie l’efficacité dans la distribution des subventions. Ah, j’oubliais. Il y a aussi le fort pertinent Conseil national pour la transition énergétique, le CNTE. Et voici – Oh joie ! –, celui que nous attendions tous : le Haut conseil du climat ! Ce HCC est donc la très bonne réponse du président Macron aux appels au secours des Gilets jaunes. Il suffisait d’y penser.

Le HCC aura pour mission de porter un regard, critique mais bienveillant, sur l’application des mesures gouvernementales allant dans le sens de la transition écologique et énergétique. Le HCC est d’ores et déjà composé de treize « sages », treize experts. Sans doute ceux qui n’avaient pas réussi à trouver une place dans les couloirs du ministère, à l’ADEM, au CGEDD ou au CNTE ? Ou bien s’agit-il simplement de recaser des membres du CESE, le Conseil économique, social et environnemental, dans la mesure où ce Conseil, assemblée constitutionnelle spécialisée dans le recyclage des dirigeants syndicaux en préretraite et des députés battus, est sur le déclin, menacé dans son existence même (41 millions d’euros par an de budget de fonctionnement).

Il est à craindre que les Gilets jaunes et leurs amis, c’est-à-dire toujours 75 à 80% de la population, et même 100% de cette France périphérique identifiée dès 2014 par le géographe Christophe Guilluy (La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires) n’y trouvent pas leur compte, et que cette merveilleuse nouvelle, loin de calmer les colères, ne les exacerbe, au contraire. Et pourtant, « évaluer la soutenabilité économique, sociale et environnementale des mesures prises par le gouvernement » (sic !), y a-t-il plus belle mission ?

« Ancrée dans la République », bien entendu !

Le comité ne sera pas du tout un comité « théodule », nous rassure-t-on, car il sera in-dé-pen-dant, expliquent ses membres, tout juste intronisés. Mais, dans la mesure où lesdits membres ont été nommés, il s’agit d’une indépendance purement fictive. Rassurez-vous : à la différence des Gilets jaunes, dont la couleur vire au brun, paraît-il, la nouvelle institution sera « ancrée dans la République ». Qui en aurait douté ?

Mais en attendant, internet s’enflamme. Les messages hostiles, agressifs, furieux, ironiques, arrivent de partout. Quant aux écologistes, cela ne leur convient pas davantage, car la création de ce HCC ne leur fait pas digérer la « terrible nouvelle » du report des fermetures de centrales nucléaires. Tout le monde, dans ce petit milieu ultra-subventionné est donc également en colère : Réseau Action Climat, Greenpeace, France Nature Environnement, Les Amis de la terre, Le Réseau pour la Transition Energétique, La Fondation pour la Nature et l’Homme de la chère Audrey Pulvar, et bien d’autres…

Tout le monde ? Non. Il y a donc à présent treize personnes qui vantent les mérites de Macron, les treize membres du HCC. Mais évidemment, sur 67 millions d’habitants, cela ne fait pas beaucoup.