L'interdiction des spectacles de Dieudonné pose la question des justes limites à apporter à la fois à la liberté d'expression et à l'intervention de l'Etat. Pour nous guider, nous pouvons relire l'encyclique Libertas Praestantissimum publiée en 1888 par le pape Léon XIII. L'Homme nouveau en cite de larges extraits, dont celui-ci :
"Et maintenant, poursuivons ces considérations au sujet de la liberté d’exprimer par la parole ou par la presse tout ce que l’on veut. Assurément, si cette liberté n’est pas justement tempérée, si elle dépasse le terme et la mesure, une telle liberté, il est à peine besoin de le dire, n’est pas un droit, car le droit est une faculté morale, et, comme nous l’avons dit et comme on ne peut trop le redire, il serait absurde de croire qu’elle appartient naturellement, et sans distinction ni discernement, à la vérité et au mensonge, au bien et au mal. Le vrai, le bien, on a le droit de les propager dans l’État avec une liberté prudente, afin qu’un plus grand nombre en profite ; mais les doctrines mensongères, peste la plus fatale de toutes pour l’esprit ; mais les vices qui corrompent le cœur et les mœurs, il est juste que l’autorité publique emploie à les réprimer avec sollicitude, afin d’empêcher le mal de s’étendre pour la ruine de la société. Les écarts d’un esprit licencieux, qui, pour la multitude ignorante, deviennent facilement une véritable oppression, doivent justement être punis par l’autorité des lois, non moins que les attentats de la violence commis contre les faibles. Et cette répression est d’autant plus nécessaire que contre ces artifices de style et ces subtilités de dialectique, surtout quand tout cela flatte les passions, la partie sans contredit la plus nombreuse de la population ne peut en aucune façon, ou ne peut qu’avec une très grande difficulté se tenir en garde.
Accordez à chacun la liberté illimitée de parler et d’écrire, rien ne demeure sacré et inviolable, rien ne sera épargné, pas même ces vérités premières, ces grands principes naturels que l’on doit considérer comme un noble patrimoine commun à toute l’humanité. Ainsi, la vérité est peu à peu envahie par les ténèbres, et l’on voit, ce qui arrive souvent, s’établir avec facilité la domination des erreurs les plus pernicieuses et les plus diverses. Tout ce que la licence y gagne, la liberté le perd ; car on verra toujours la liberté grandir et se raffermir à mesure que la licence sentira davantage le frein.
Mais s’agit-il de matières libres que Dieu a laissées aux disputes des hommes, à chacun il est permis de se former une opinion et de l’exprimer librement ; la nature n’y met point d’obstacle ; car une telle liberté n’a jamais conduit les hommes à opprimer la vérité, mais elle leur donne souvent une occasion de la rechercher et de la faire connaître."
Léon XIII conclut ainsi son encyclique :
"De ces considérations, il résulte donc qu’il n’est aucunement permis de demander, de défendre ou d’accorder sans discernement la liberté de la pensée, de la presse, de l’enseignement, des religions, comme autant de droits que la nature a conférés à l’homme. Si vraiment la nature les avait conférés, on aurait le droit de se soustraire à la souveraineté de Dieu, et nulle loi ne pourrait modérer la liberté humaine. Il suit pareillement que ces diverses sortes de libertés peuvent, pour de justes causes, être tolérées, pourvu qu’un juste tempérament les empêche de dégénérer jusqu’à la licence et au désordre. Là enfin où les usages ont mis ces libertés en vigueur, les citoyens doivent s’en servir pour faire le bien et avoir à leur égard les sentiments qu’en a l’Église. Car une liberté ne doit être réputée légitime qu’en tant qu’elle accroît notre faculté pour le bien ; hors de là, jamais."
Et l'Homme nouveau de poser cette question :
"Si, aujourd’hui, il est étonnant de voir des catholiques défendre un droit illimité à la liberté d’expression, la question demeure de savoir comment un État relativiste et officiellement « neutre » peut régir la vie en société conformément au bien, en se prononçant sur ce qui est juste et conforme au vrai."
[Addendum] : On notera que si Léon XIII estime qu'il faut apporter de justes limites à la liberté d'expression quand elle propage le mal, il la veut totale sur "certaines matières libres que Dieu a laissées à la dispute des hommes", car le débat permet l'émergence et la propagation de la vérité. Il s'agit donc de se demander, pour chacun des cas récents – spectacles de Dieudonné, Femen sur les réseaux sociaux, Piss Christ, Golgota picnic… s'il s'agit de l'expression d'une opinion sur "une matière libre" ou de la propagation "de la licence et du désordre" ; et dans ce second cas, comment elle peut être limitée de façon proportionnée.
Laurent Petit
Pour ma part, l’antisémitisme fait partie des choses qui doivent être interdites de professer publiquement, mais l’antisionisme est une posture politique, et doit donc libre. Entre les deux, se tient un espace qui peut sembler petit, mais qui est énorme dès qu’on a compris que certains juifs, pour des raisons inexplicables, se déclarent athées, et donc ne sont pas juifs. Le texte du pape est très bon.
Bertrand
Mais alors, on n’aurait pas dû demander l’interdiction de Golgota Picnic et Piss Christ ?
[Si, puisqu’il est légitime de limiter une liberté qui propage le mal (ici la laideur, l’avilissement, le blasphème…)
L.T.]
Florian 78
Voilà une parole sensée qui renvoie dos à dos Manu le Chimique, dictateur au petit pied, et le sieur Mbala Mbala, soi-disant “humoriste”.
Emilie
Le problème n’est pas de pouvoir dire n’importe quoi, il est que ces politiques tels des pharisiens hypocrites “filtrent le moustique et laissent passer le chameau”
(Dieudo vs Femen)
Lion
Bienheureuse affaire Dieudonné.
Beaucoup trop de vrais catholiques se sont énervés de cette querelle qui n’est pas la leur.
Beaucoup trop de chrétiens, de monarchistes pourtant prompts à critiquer la laïcité, le laïcisme ont pourtant repris les arguments républicains, voltairiens.
Il faut remettre les évènements en perspective.
En 1988, le film “La dernière tentation du Christ” sort dans les salles et malgré les nombreux troubles des consciences et à l’ordre public le film n’est pas interdit.
http://www.sciencespo.fr/bibliotheque/statique/censure-cinema/religion/affiches/pages/08lasttemptation.html
http://ressscd.univ-tlse1.fr/scd/sujets_examen/AES/2008-2009/L2/S3/DtAdmGr2.pdf
En 2004, le film “La Passion du Christ” de Mel Gibson au prétexte fallacieux d’être antisémite ou de favoriser l’antisémitisme, d’être trop violent, manque de peu de ne pouvoir être distribué en France.
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18362419.html
http://www.rfi.fr/actufr/articles/051/article_27168.asp
http://www.diocese-frejus-toulon.com/La-Passion-du-Christ-de-Mel-Gibson.html
http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/communiques-de-presse/la-passion-du-christ-de-mel-gibson.html
En avril 2011, la production urinaire insultant le Christ et insultante pour tous les chrétiens, “Piss Christ”, bien que clairement source de trouble à l’ordre public est exposée puis vandalisée.
http://rue89.nouvelobs.com/2011/04/17/des-cathos-integristes-detruisent-le-piss-christ-blasphematoire-200337
La pornographie et la violence se banalisent dans de nombreux films (et BD !) sans provoquer la moindre censure. Il suffit de comparer sur les dvd de films anglo-saxons les petites pastilles de visa de distribution : presque tout le temps, une absence de restriction ou une restriction de diffusion a minima caractérisent la politique d’autorisation audiovisuelle française.
La liberté dans la doctrine chrétienne n’est pas la liberté de tout faire :
http://campus7.free.fr/synid/document/Leliberalismeestunpeche.pdf
http://www.fsspx.org/fr/bibliotheque-mediatheque/ils-lont-dcouronn/principes-et-applications/chapitre-4-la-loi-opprime-t-elle-la-libert-automaticaly-imported/
La république, consacre une version maximale de la liberté d’expression sous prétexte de ne pas entériner l’interdiction du blasphème et approuve par là-même un droit à l’insulte.
Le problème vient du fait qu’il existe en France un stupide et puéril droit à l’insulte.
Il vient surtout du fait que ce droit est à géométrie variable.
Pour un autre rappel :
http://leblogdejeannesmits.blogspot.fr/2011/11/blaspheme-ou-non.html
La liberté d’insulter est à l’égard des catholiques quasi-totale :
les démarches pseudo-culturelles (nous n’oserons pas le mot artistique), pseudo-intellectuelles ne servent en l’espèce que de prétexte à la manifestation de la liberté pour elle-même, à l’expression de leur haine du Christ, de l’Eglise, des catholiques.
L’arbitraire, l’absence d’égalité entre les citoyens caractérisent le droit régissant la liberté d’expression, le droit de la police administrative.
Pour un régime, une religion républicaine ?!, fondée sur la devise Liberté, Egalité, Fraternité c’est une contradiction fatale.
Soit en la matière la puissance publique doit faire preuve d’un libéralisme général, soit elle doit appliquer une vigilante censure systématiquement.
Pour que les catholiques sortent de leur situation de sous-citoyens où les intégristes de la laïcité les ont cantonnés depuis 1905, il est nécessaire de bien aller au fond des choses, de bien cerner le problème.
Le problème vient du fait que le droit public est d’origine essentiellement jurisprudentielle : il est développé, prétendument éclairci, au gré de visions malléables, de revirements de jurisprudence de juge qui ne font en général que statuer dans le sens du vent que soufflent des élites politiques et intellectuelles en rébellion contre leur peuple, le peuple français.
S’il est un combat salutaire, un de plus (mais ô combien cardinal !), à mener pour les catholiques, c’est celui de rendre à la loi ce qui revient à la loi.
Ce n’est pas à des juges, à force de vouloir statuer sur tout, de toujours plus éclaircir les vides, les brouillards législatifs, de créer le droit.
Il y a là usurpation de pouvoir.
Le juge doit sanctionner la mauvaise application du droit, conseiller le prince et c’est tout.
Cela en devient arbitraire et grotesque.
Quand le législateur aura retrouvé son pouvoir exclusif, les citoyens pourront être traités de façon égale et les catholiques seront à l’abri des opinions des magistrats.
Dritani
Tout simplement Merci de ce rappel salutaire.
Un grand merci au SB de TOUJOURS rappeler l’enseignement du magistère.
F.A
” … Si, aujourd’hui, il est étonnant de voir des catholiques défendre un droit illimité à la liberté d’expression … ” :
C’est que Dieudonné dit (dans un style parfois grossier et vulgaire) des vérités sur ceux qui ont mis la main sur notre France depuis 2 siècles !!! !!! !!!
Merci de ne pas censurer mon message comme vous l’avez fait avec le précédent.
[Votre précédent message est introuvable. Vous pouvez me le renvoyer par mail, je vous dirai si je l’ai censuré et pourquoi.
L.T.]
siloe08
Je cite B.A
– ” En vérité il (la valseuse) instrumentalise l’affaire Dieudonné à son profit selon sa vision dictatoriale, totalitaire, jacobine et léniniste. Et c’est ainsi que, par le procédé traditionnel d’amalgame commun à tous les Fouquier-Tinville et tous les Vychinski, il déclare bien sûr qu’il est un défenseur de la liberté d’expression mais que celle-ci naturellement exclut la défense du régime de vichy, l’antisémitisme, le racisme, l’islamophobie, l’homophobie. Seule, nous avons pu encore le vérifier, la haine antichrétienne le laisse indifférent et d’évidence complaisant – ”
Capitaine nemo
Pour info: http://www.youtube.com/watch?v=AJm7Edmm2VY
ermort
Merci :)
Fort intéressant
Ulysse
Fausse symétrie.
Vous confondez amusement d’un histrion et liberté de créer du rire, avec des idées et des idéologies légalisées.
Tout ce que vous citez de Léon XIII s’applique à Valls, qui est ministre et socialiste, pas à Dieudonné qui n’est qu’un homme de spectacle et n’a jamais diffusé l’immoralité, ni remis en cause la morale naturelle.
Il se moque des Tartuffes : ce que Louis XIV permettait, vous justifiez par Léon XII qu’on l’interdise en 2014 ?
Pas d’accord. Mais c’est votre liberté……
[Je n’ai pas dit que cela s’appliquait à l’un autant qu’à l’autre. Je vais mettre un addendum car il semble que ma volonté de laisser les lecteurs interpréter eux-mêmes cet extrait soit mal comprise.
L.T.]
Philomène
Cette encyclique est très intéressante et juste, elle éclaire bien le fond de la question, mais si elle est appliquée, le frein nécessaire à la liberté d’expression sera ressenti sincèrement ou accusé avec mauvaise foi d’être une dictature à la façon des ayatollahs ou de l’ex-URSS.
Il ne faut pas non plus oublier que tout pouvoir temporel, même celui du clergé, a tendance à monopoliser la parole et à imposer ses idées pour conserver et renforcer sa tutelle. Il n’y a qu’à regarder la CEF actuelle qui prétend parler au nom de tous les catholiques français.
Donc cette encyclique donne la direction à suivre, c’est indubitable, mais elle est déjà très difficile à mettre en œuvre dans l’église, et d’autant plus dans le monde qui est le règne de Satan.
P.R.
Oui ceci est paradoxal. Des libertaires sont liberticides, des moralistes sont favorables à la liberté totale d’expression. Maintenant, Léon XIII n’a pas toujours été cohérent. Il a par exemple appelé les catholiques à devenir républicains. Cela était contestable non ?
On peut être républicain et catholique mais il ne devrait pas y avoir d’obligation. De plus, Benoît XVI ou le pape François écriraient-ils exactement la même chose aujourd’hui ? Les mentalités et la culture ne sont plus les mêmes.
En l’occurrence, la scatologie des spectacles de Dieudonné est vilaine mais faut-il l’interdire ? Quant à son antisémitisme, il est vilain aussi. Si un humoriste passait la totalité de son spectacle à cracher exclusivement sur des catholiques, le Salon Beige ou l’Agrif s’en émouvraient légitimement. Certains pourraient même avoir envie de faire interdire le spectacle totalement anticatholique.
Le plus sage est de recourir non à une interdiction générale mais de faire condamner pour diffamation. Mais l’humanité est rarement sage malheureusement.
rolalalalala
La liberté d’expression avec des limites cela n’existe pas.
Pour ce qui est de l’insulte et de la calomnie, le duel à l’épée rendrait peut être les gens plus prudents et polis.
Torrens
Bonjour,
Article certes intéressant mais qui paraît absolument hors de propos en ce qui concerne “l’affaire Dieudonné”
En effet:
“les doctrines mensongères, peste la plus fatale de toutes pour l’esprit ; mais les vices qui corrompent le cœur et les mœurs, il est juste que l’autorité publique emploie à les réprimer avec sollicitude, afin d’empêcher le mal de s’étendre pour la ruine de la société.”
Mais depuis quand Dieudonné serait il un doctrinaire? A t il professé quelque chose qui soit contraire à la foi et aux mœurs? Depuis quand réclamer le droit pour soi et pour autrui de débattre d’un fait d’histoire serait il un vice? Mis à part le fait que cela soit contraire à la loi Gayssot, qui n’est pour l’instant pas encore un article du droit canon…
Ensuite:
“Accordez à chacun la liberté illimitée de parler et d’écrire, rien ne demeure sacré et inviolable, rien ne sera épargné, pas même ces vérités premières, ces grands principes naturels que l’on doit considérer comme un noble patrimoine commun à toute l’humanité.”
À moins de considérer l’impossibilité pour quiconque de remettre en cause les circonstances de la Shoah ( et il faut bien le dire c’est pas le souci majeurs des Français en ce moment…), la politique de l’état d’Israel, et la puissance d’un certain réseau, je ne vois pas en quoi il faudrait limiter le droit de Dieudonné de s’exprimer.
Puis:
“Mais s’agit-il de matières libres que Dieu a laissées aux disputes des hommes, à chacun il est permis de se former une opinion et de l’exprimer librement”: donc à moins que M. Gayssot, la LICRA et autre CRIF soient d’institutions divine, tout ce qui concerne Israël, les juifs, etc demeure une libre matière où il est permis à chacun de se former une libre opinion.
Quant à la question posée par l’homme nouveau, je ne crois pas que les catholiques authentiques défendent un droit illimité à la liberté d’expression: ils l’ont suffisamment prouvé lors de l’exposition d’un Serrano ou les représentations de Golgotha picnic et autres pièces scandaleuses. Cela se prouve également par l’engagement de catholiques contre la supercherie de l’art dit contemporain, etc.
Bonne journée et bonne année!
[En effet, si l’on considère que Dieudonné ne propage pas la haine des juifs mais donne son opinion sur un fait historique ou des pratiques, c’est donc le paragraphe de l’encyclique relatif à la totale liberté d’opinion sur certains sujets qui s’applique. S’agissant des catholiques, détrompez-vous ! Certains lecteurs du SB notamment défendent l’idée d’une totale liberté d’expression, qui garantirait ainsi celle des catholiques.
L.T.]
Crookslebou
L’Homme nouveau devrait savoir que le vrai ne souffre pas le faux. La “liberté” de mentir, de tuer, de voler… n’a aucun sens. Carl Zéro dit bien : “liberté de pensée, oui, si on dit vrai”.
Avant même la confirmation de Léon XIII, la loi naturelle s’impose : le faux n’a aucun droit. L’État doit pouvoir le dire et le combattre. Évidemment, dans le cas présent, Il a mal raison. De leur côté, les cathos qui ne voient aucune limite “ne savent pas ce qu’ils font”… C’est pire !
Il est piquant que ce soit la pression sioniste (et le ressentiment des puissants tribuns aveuglés) qui rappelle les limites de la liberté sans vraiment savoir dire pourquoi. Comme Caïphe… Le deuxième commandement est toujours d’actualité.
Sans doute est-ce présentement au nom de faux dieux qu’il est rappelé. Mais patience, le vrai Dieu revient doucement sur le devant de la scène.
Le poil à gratter Dieudonné se doit d’éliminer ses outrances quenellières et ad hominem qui sont autant de bâtons pour se faire battre. Pour le reste, qu’il continue avec humour mais sans vulgarité ni ambiguïtés, à dénoncer les injustices et contradictions du système… C’est là la clé et la voie de son succès.
[L’Homme nouveau cite largement les passages de l’encyclique sur la loi naturelle, mais je n’ai pas eu la place de les reproduire ici. Le format du blog ne s’y prête pas.
L.T.]
Nicolas Jaisson
Le libelle a toujours fait partie du patrimoine de la littérature française, et ce bien avant Léon XIII que l’on a pas attendu pour savoir à quelles impasses pouvaient mener une répression de la libertés d’expression même si celle-ci devait conduire à l’envahissement de l’esprit humain par les ténèbres. La furie répressive du régime tsariste comme des monarchies catholiques au XIXème siècle n’ont pas empêché les théories révolutionnaires de se répandre dans toute la société de l’époque en produisant leurs fruits délétères de subversion qui ont conduit l’effondrement de ces régimes. Il faut croire que la recherche de vérité est plus forte que tout et que rien ni personne ne peut empêcher l’esprit humain d’explorer des voies nouvelles, fusse au prix d’erreurs fatales conduisant à des impasses tragiques. Dieudonné ne fait finalement que s’inscrire dans cette grande tradition française qu’est la littérature ou le théâtre polémiste qui fait oeuvre de salubrité publique en dénonçant les puissances qui verrouillent le système moribond, chose que les clercs n’ont plus le courage de faire, à commencer par nos prélats qui se réfugient dans une position prudente de défense de la vie plutôt que d’affronter directement les nouveaux totalitaires.
Thibault
Bonjour cette distinction entre une liberté d’opinion et une liberté d’expression est marque de grande débilité (faiblesse) conceptuelle et intellectuelle.
A quoi sert d’avoir une opinion que l’on garde pour soi ?
Comment transmettre, éduquer, enseigner, débattre si l’on doit se garder de toute opinion?
Pensez-vous qu’il va faire beau demain?
Ces questions montrent bien que la liberté d’opinion est inhérente à la liberté d’expression.
La seule question est de savoir quelle doit être la limite dans la liberté d’expression.
Personnellement (c’est mon opinion que j’exprime), je ne sais pas où elle se trouve:
Une liberté totale est inconcevable (par ex:pédophilie) et une liberté contrainte pose la question du censeur et de sa légitimité.
[Vous avez raison, j’ai modifié : il s’agit de distinguer les sujets sur lesquels porte la liberté d’expression, qui doit être totale seulement quand il s’agit de former son opinion sur “certaines matières libres que Dieu a laissées à la dispute des hommes”.
L.T.]
Bainville
“les doctrines mensongères, peste la plus fatale de toutes pour l’esprit ; mais les vices qui corrompent le cœur et les mœurs, il est juste que l’autorité publique emploie à les réprimer avec sollicitude, afin d’empêcher le mal de s’étendre pour la ruine de la société.”
Léon XIII énonce avec force que la liberté ne doit pas être illimitée quand les principes les plus élevés sont attaqués et que cette liberté mal exercée entraîne les esprits au mal ou à la perte morale.
La liberté physique est nécessairement garantie, ainsi que la liberté psychologique et intellectuelle.
Mais la liberté morale doit être assurée pour le bien mais limitée quand elle propage le mal et l’apostasie.
Léon XIII reprend l’enseignement multimillénaire de l’Eglise assistée de l’Esprit Saint.
Nul n’a le droit de propager l’erreur morale et religieuse qui conduit les âmes à leur perte. L’Etat anti chrétien ne veut plus dire cela, mais l’Eglise doit continuer à proclamer que la vérité dont elle est gardienne, et l’erreur, n’ont pas les mêmes droits.
scat
Manuel GAZ !!!
Nicolas Jaisson
On se prend à rêver d’une double quenelle par Benoît et François s’exposant sur une carte de voeux “2014, l’année de la quenelle” à tirage limité ou bien d’une quenelle de François sur les marches de la basilique St Pierre quand il prendra congé de François Hollande accompagné de sa nouvelle concubine. Ce serait une bonne occasion de pratiquer le salut romain inversé, histoire de dire M… aux Césars modernes.
DUPORT
Vous mélangez tout !
Femen, Piss Christ, Golgota picnic ce sont des ACTES !!!!
Dieudonné ce sont des MOTS !!!!!!!!!
[Femen, Piss Christ et Golgota picnic ne sont pas hors sujet à mon avis, puisqu’il s’agit aussi de mots : les menaces des Femen sur les réseaux sociaux relèvent de l’expression, de même que le titre de Piss Christ et les dialogues de Golgota picnic véhiculent un message auprès du public. Néanmoins, vous avez raison de noter que dans ces cas, les actes s’ajoutent aux mots, ce qui n’est pas neutre. Se poser la même question pour eux et pour Dieudonné (de quoi s’agit-il précisément ? cela nécessite-t-il une limite et laquelle ?) ne signifie pas qu’on apportera à chaque fois la même réponse.
L.T.]
ama
Des années de liberté d’expression pour Dieudonné, et soudain, coup d’arrêt.Pourquoi cette longue tolèrance et ce sursaut soudain, non pas des sémites, mais de la classe politique et des médias?
Dieudonné bat en retraite, se réservant de contre-attaquer de façon beaucoup plus dangereuse avec les négriers et la traite des noirs. Et Vals qui lui a ouvert ce boulevard, jouant les matamores, fait curieusement appel aux plus hautes instances pour paraitre terrasser ce dragon maléfique, bataille dont il ne peut être que le perdant et dans laquelle il semble s’être laissé piéger.
Langue de bois, pensée unique, dictature de la pensée, loi Gayssot, ce ne sont pas plus les problèmes du Vals d’aujourd’hui que ce furent ceux de l’Europe et de la France depuis 1945.Il ne peut pas y ajouter grand’chose. Au point de vue liberté d’expression,le mal est déjà fait.
La mascarade Dieudonné-Vals est à ranger dans les faits divers de la petite politique. C’est peut-être dans les tractations gouvernementales de “premier- ministrable” qu’il vaut mieux chercher les tenants et les aboutissants de cette pièce de théâtre de boulevard.
A noter que le Conseil d’Etat n’en sort pas indemne, et c’est cela le plus triste.
bbldudo
Pas d’accord avec l’idée de renvoyer dos à dos Dieudonné et Valls avec Léon XIII en arbitre. L’énonciation des principes du magistère, limite de la liberté et limite du pouvoir ne s’applique pas au ministre comme à l’humoriste. Valls a franchi la limite, Dieudonné non. C’est aussi simple que cela.
[Je ne prends pas parti dans le post, mais dans les commentaires, que je vous invite à lire.
L.T.]
Anne Lys
Il serait, en effet, « étonnant de voir des catholiques défendre un droit illimité à la liberté d’expression », mais je crois que ce n’est pas le cas.
Ce n’est pas un « droit illimité à la liberté d’expression » que défendent beaucoup de catholiques, et que je défends, mais le droit de ne pas voir celle-ci limitée par une censure « à priori », alors que dans un État de droit, une personne ne doit voir ses libertés légitimes (s’exprimer oralement ou par écrit, manifester, assister à un spectacle) qu’à titre de sanction de fautes qu’elle a déjà commises et non parce que les pouvoirs publics redoutent qu’elle vienne, peut-être, à en commettre, alors que cela n’a rien de certain.
Cette réaction ne cherche pas à justifier tels ou tels propos ou gestes prêtés, à tort ou à raison, à Dieudonné (qui d’ailleurs ne faisait l’objet d’aucune critique de M. Valls lorsque c’était le Christianisme qui était l’objet de sa « verve » !) ni à lui reconnaître le droit de dire n’importe quoi au nom de la « liberté d’expression ». Il semble d’ailleurs que la justice avait suffisamment d’armes pour juguler les excès de M. Dieudonné sans que M. Valls s’arroge le droit de censure préalable.
M. Valls, qui naguère rompait des lances, au nom d’un droit illimité à la liberté d’expression des artistes, contre ceux qui voulaient faire interdire l’immonde “Golgota Picnic”, au cours duquel le visage du Christ était maculé de matières fécales (ce qui semble bien aussi offensant pour les Chrétiens que les pitreries de M. Donnadieu peuvent l’être pour les Juifs), est d’ailleurs bien mal placé pour, aujourd’hui, vouloir limiter ce même droit.
Thibault
Re-bonjour,
Je vous remercie pour votre réponse et prise en compte de ma remarque.
Votre modification est nettement mieux mais toujours pas suffisante.
Lorsque l’on souhaite étudier un élément il faut porter un intérêt égal sur son milieu (environnement), afin de comprendre les interactions existantes.
Alors indubitablement on peut avoir une vue d’ensemble et une compréhension plus fine des mécanismes.
Qu’est ce qui pourrait idéalement permettre de garantir la liberté d’opinion, sans poser le problème du censeur et de sa légitimité.
La seule réponse acceptable est un consensus sur des valeurs commune.
Ce système de valeurs à l’époque a été défini par la liste des péchés et des vices.
Or on ne peut que constater que celle-ci n’a plus cours.
1/ Destruction de la morale historique chrétienne
2/ Glissement de l’économie d’une société de réponse à des besoins à une société basée sur l’envie. (Edward Bernays)
(cf:Georges Bernanos estime que le système économique rendra toujours plus rentable le fait de spéculer sur les vices de l’homme que sur ses besoins. Il voit donc la « société marchande » comme un facteur de corruption s’il n’est pas équilibré d’une manière ou d’une autre par une sorte d’idéal)
3/ Dégradation et appauvrissement général de l’éducation (parent) et l’enseignement (école).
En ne donnant plus les outils du logos, ni la matière culturelle aux enfants on s’assure de leur incapacité intellectuelle.
A mes yeux je comprends l’acédie (péché capital) comme la paresse intellectuelle.
Il est de notre devoir en tant qu’Homme, en tant que Chrétien, d’apprendre, de réfléchir, de douter. Ne pas le faire est un péché
4/ Destruction du respect dû envers nos ainés, ceci dû en grande partie aux besoins du marchés. Un jeune est productif, solide, facilement exploitable, ne coûte pas cher. Une personne en fin de carrière est tout l’inverse.
Pour le marché, le calcul simple.
Il en va de même pour l’attachement spécifique qui lie l’homme, à une terre, et à ses ancêtres. (lien d’ailleurs multi-millénaire, que l’on voit se déliter dans l’histoire avec l’apparition d’un marché de la propriété.)
5/…
6/Et corruption de l’Eglise.
Je sais que je vais choquer des lecteurs, mais lorsque l’on effectue un listing complet des éléments qui ont fait disparaître les valeurs chrétiennes, on constate l’absence d’engagement concret de l’Eglise.
Avec la somme d’érudition qu’a compté l’Eglise, on ne peut imaginer qu’elle ne pouvait pas prévoir, et anticiper les conséquences de ces changement sur la disparition des valeurs morales.
Mais force est de constater qu’il n’y a pas eu d’engagement, de rejet, de martyrs.
Pour conclure: nous ne pouvons évidemment pas avoir de liberté totale d’expression, à partir du moment ou nous ne serons pas capable de penser.
Réfléchir n’est pas un droit, c’est un devoir de Citoyen et de Chrétien.
[Ce post n’est qu’un tout petit éclairage, qui ne prétend pas faire le tour de la question.
L.T.]
DUPORT
Femen, Piss Christ, Golgota picnic propagent la haine par le mensonge c’est exactement ce que condamne l’encyclique.
Il s’y ajoute des ACTES et cela est infiniment plus grave.
Dieudonné dit la vérité sur la chape de plomb mensongère qui étouffe notre pays. Il n’est en aucun cas visé par cette encyclique ou bien les mots n’ont plus aucun sens.
C’est bien beau de citer des textes encore faut-il les lire !
Encore faut-il les comprendre…
S’il y en a ici qui pensent (même une seconde) que c’est un pur hasard qu’au moment même où on condamne les quenelles (et qu’on essaye de les faire passer mensongèrement pour un salut nazi), les Femen se livrent à de véritables saluts nazis dans la stricte impunité c’est qu’il ne croient pas tout simplement.
Bien sur que la Providence veille depuis quelques temps à ce que chaque fois qu’il se passe une chose anormale, un phénomène identique se passe au même moment en toute impunité. C’est pour que LES HOMMES DE BONNE VOLONTÉ, et seulement eux, voient où est la vérité.
[Ce texte n’apporte pas une réponse toute faite mais une réflexion cohérente démontrant tout d’abord que la liberté totale d’expression n’est pas un droit, puis distinguant des situations pour lesquelles elle doit être limitée, et d’autres pour lesquelles elle doit être totale. Pouvoir étudier chaque cas à la lumière des deux catégories me paraît tout à fait pertinent. Je n’ai écrit nulle part que Dieudonné était visé par la première partie (plus longue) plutôt que par la seconde, je prétends seulement permettre aux lecteurs de pouvoir étudier les deux catégories et voir à laquelle ils pensent que tel ou tel propos de telle ou telle personne correspondent. Cela permet en outre de comprendre pourquoi il peut être cohérent de réclamer à la fois la dissolution des Femen et le maintien des spectacles de Dieudonné par exemple. Ou de vouloir interdire un spectacle et pas un autre. On peut même se demander comme l’Homme nouveau si une telle encyclique peut encore s’appliquer dans un Etat qui se veut neutre. Cela n’enlève rien à l’intérêt du texte et au fait qu’il permet de développer la réflexion de chacun sur ce sujet. Je pense que c’est mon titre, qui ne vise qu’à attirer l’attention, qui vous fait vous méprendre sur mes propres conclusions, que je ne précise à aucun moment dans ce post. Enfin, vous serez gentil de considérer que je lis ce que j’écris.
L.T.]
Lion
“Femen, Piss Christ, Golgota picnic propagent la haine par le mensonge c’est exactement ce que condamne l’encyclique.
Il s’y ajoute des ACTES et cela est infiniment plus grave.”
Monter un spectacle, en être l’interprète, tenir un discours particulier devant des centaines et des centaines de personnes ce sont AUSSI des ACTES.
La question dépasse la personne de Dieudonné.
Il s’agit de savoir quelle conception on a de la liberté d’expression (en l’occurrence dans des salles de spectacle).
Soit on est pour la liberté totale et on est pas chrétien.
Soit on est Chrétien et on estime qu’il n’y a de liberté que pour le vrai, le bien.
Les décisions du Conseil d’Etat sont en l’espèce une révolution, une bénédiction pour qui estime que la liberté d’expression, de manifestation , n’est pas illimité.
N’en déplaise aux pseudo-catholiques inconséquents, qui vomissent la république, les complots à n’en plus finir mais qui ne veulent pas de la méchante CENSURE, ces décisions sont le commencement de la fin du règne de l’esprit voltairien (pure produit des lumières et des loges) sur notre beau pays.
Trêve de blabla messieurs les rieurs, un peu de logique !