Le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht aux Pays-Bas, a publié une tribune sur le blog d’Edward Pentin par The New Catholic Register, que Jeanne Smits a traduit sur RITV :
« Observant que les évêques, et surtout, le Successeur de Pierre, échouent à maintenir et à transmettre fidèlement et dans l’unité le dépôt de la foi contenu dans la Tradition sacrée et l’Ecriture sainte, je ne peux m’empêcher de penser à l’article 675 du Catéchisme de l’Eglise catholique : “Avant l’avènement du Christ, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le ‘mystère d’iniquité’ sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité.” »
Rappel des faits :
- Fin février, les évêques d’Allemagne approuvaient l’accès à la communion des époux protestants dans les couples mixtes.
- Début avril, sept évêques d’Allemagne ont saisi la Congrégation pour la Doctrine de la foi.
- Vers la mi-avril, le pape François a opposé un net refus à cette « assistance pastorale » proposée aux couples mixtes en apposant sa signature à la réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la foi.
- Dans les 48 heures de cette nouvelle, les évêques d’Allemagne ont publié un communiqué démentant que le pape et la Congrégation pour la Doctrine de la foi eurent rejeté la proposition de février. Le pape a rencontré le cardinal Marx à Rome jeudi dernier.
- L’affaire s’est soldée par une demande adressée par le pape François à l’épiscopat allemand de trouver « l’unanimité » sur cette question, « si possible ».
Dans sa tribune, le cardinal Eijk juge cette réponse « totalement incompréhensible ».
« La doctrine et la pratique de l’Eglise à l’égard de l’administration du sacrement de l’eucharistie aux protestants est parfaitement claire ».
Le code de droit canonique ne l’admet qu’en cas de « danger de mort » ou de « grave nécessité » :
« En cas de danger de mort ou si, au jugement de l’Evêque diocésain ou de la conférence des Evêques, une autre grave nécessité se fait pressante, les ministres catholiques peuvent administrer licitement ces mêmes sacrements aussi aux autres chrétiens qui n’ont pas la pleine communion avec l’Église catholique, lorsqu’ils ne peuvent pas avoir recours à un ministre de leur communauté et qu’ils le demandent de leur plein gré, pourvu qu’ils manifestent la foi catholique sur ces sacrements et qu’ils soient dûment disposés. »
Le cardinal Eijk souligne à quel point cette condition de la manifestation de la foi catholique est à la fois importante et difficile à trouver chez les protestants, qui « ne partagent pas la foi au sacerdoce et en l’Eucharistie ».
« La plupart des protestants allemands sont luthériens. Les luthériens croient en la consubstantiation qui implique la conviction selon laquelle, outre le Corps ou le Sang du Christ, le pain et le vin sont également présents lorsqu’une personne les reçoit. Si quelqu’un reçoit le pain et le vin sans croire cela, [pour les luthériens] le corps et le sang du Christ ne sont pas réellement présents. En dehors de ce moment de leur réception, il ne reste que le pain et le vin et le corps et le sang du Christ ne sont pas présents ».
« Les différences entre la foi en la consubstantiation et la foi en la transsubstantiation sont tellement importantes qu’il faut vraiment demander à celui qui désire recevoir la communion qu’il entre explicitement et formellement en communion plénière avec l’Eglise catholique (hormis le danger de mort), confirmant ainsi de manière explicite son acceptation de la foi de l’Eglise catholique, y compris la foi eucharistique. Un examen de conscience privée fait avec un prêtre ou une autre personne ayant des responsabilités pastorales n’offre pas de garanties suffisantes quant au fait de savoir si la personne en question accepte véritablement la foi de l’Eglise. En l’acceptant [l’Eucharistie], la personne ne peut, cependant, faire qu’une seule chose : entrer en entière communion avec l’Eglise catholique. »
« La pratique de l’Eglise catholique, fondée sur sa foi, n’est pas déterminée et ne se modifie pas conformément à des statistiques lorsque la majorité d’une conférence épiscopale vote pour, même si c’est à l’unanimité. » « Ce que disent le code de droit canonique et le Catéchisme de l’Eglise catholique aurait dû être la réaction du Saint-Père, qui en tant que successeur de saint Pierre, “est le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles” (Lumen Gentium n° 23). Le Saint-Père aurait dû donner des directives claires à la délégation de la conférence épiscopale de l’Allemagne, fondées sur la doctrine et la pratique claires de l’Eglise. Il aurait également dû répondre sur ce fondement à la femme luthérienne qui lui a demandé, le 15 novembre 2015, si elle pouvait recevoir la communion avec son époux catholique, en disant que cela n’est pas acceptable, plutôt que de suggérer qu’elle pouvait recevoir la communion sur le fondement de son baptême, et en accord avec sa conscience. En échouant à donner la clarté, c’est une grande confusion qui est créée parmi les fidèles et l’unité de l’Eglise est mise en péril. C’est également le cas lorsque des cardinaux proposent publiquement de bénir des relations homosexuelles, une chose diamétralement opposée à la doctrine de l’Eglise, fondée sur l’Ecriture sainte, selon laquelle le mariage, selon l’ordre de la création, n’existe qu’entre un homme et une femme. »