Hier, lors de la 4e rencontre pour l'unité catholique, organisée par Réunicatho à Paris, Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan, a fait une intervention remarquée. Celui que Sandro Magister qualifie de "meilleur élève" de Benoît XVI (avec le cardinal Ranjith) a dénoncé les désordres liturgiques, en montrant, texte à l'appui, que certaines applications de la forme ordinaire étaient en contradiction avec la Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium. Il a énoncé les 5 plaies qui défigurent la liturgie aujourd'hui :
- la célébration vers le peuple, sans crucifix au centre de l'autel (crucifix et tabernacle sont mis de façon quasi-systématique de côté dans l'église, sauf s'il y a intervention des Monuments historiques…)
- la communion dans la main (il a écrit un ouvrage sur ce sujet)
- la disparition du latin et du chant grégorien
- le nouvel offertoire
- les fonctions de lecteur et d'acolyte, dans le choeur, sont effectués par des femmes ou par des laïcs en civil
Textes du Concile à l'appui, il a ainsi montré que ces pratiques sont en contradiction avec la volonté des pères conciliaires et la tradition de l'Eglise. Dans la pratique, Benoît XVI est revenu sur les 3 premiers points. Mgr Schneider a demandé au Saint-Père à ce que la liberté soit donnée aux prêtres d'utiliser l'offertoire traditionnel dans le nouvel ordo. Selon Mgr Schneider, qui compare cette rupture dans la liturgie avec l'exil de la papauté en Avignon, la résolution de ces "5 plaies" permettrait de rapprocher les deux formes du rite romain.
La réunion ayant pour thème "la forme extraordinaire et la nouvelle évangélisation", Mgr Schneider a insisté sur le fait qu'il n'y aurait pas de nouvelle évangélisation sans une conversion des membres de l'Eglise sur le plan liturgique. Pour favoriser un retour d'exil de la liturgie, Benoît XVI a publié le Motu Proprio Summorum Pontificum et a donné l'exemple de la communion à genoux et sur la langue.
Interrogé par l'abbé Barthe sur le Concile Vatican II, Mgr Schneider a jugé que les progressistes comme les traditionalistes avaient trop dogmatisé ce Concile, au point d'en faire un 5e Evangile, alors qu'il ne fallait pas lui donner autant d'importance. Il a rappelé que seul le Pape a l'autorité d'interpréter ce Concile. Ni les fidèles, ni les prêtres, ni les évêques, qui doivent être plus modestes, ni même les conférences épiscopales n'ont l'autorité suffisante pour l'interpréter.
Parmi les autres intervenants, le professeur Luc Perrin a dressé un bilan en demi-teinte du motu proprio Summorum Pontificum, rappelant que ce texte n'est pas appliqué puisque, alors qu'il donne le pouvoir décisionnel aux curés, c'est systématiquement l'évêque qui prend toute décision, il y a très peu de recours aux instituts et fraternités traditionnelles, et extrêmement peu de création de paroisse personnelle (depuis 2007, il y en a eu 2 en Europe : l'une à Rome pour la Fraternité Saint-Pierre, l'autre à Blois, annoncée hier).
L'abbé Biziou a raconté son expérience dans le diocèse de Fréjus-Toulon. Dans sa paroisse où coexistent les deux formes, elles utilisent chacune pour la célébration de la messe, le même autel, ad orientem. L'abbé Coiffet, prêtre de la Fraternité Saint-Pierre à Bordeaux, a évoqué le soutien de la hiérarchie catholique dans son ministère, ce qui constitue un vrai changement pour ce prêtre qui fut ordonné en 1977 par Mgr Lefebvre. Max Guazzini, producteur du disque Credo, a rappelé l'importance du chant grégorien dans la piété populaire. Enfin des laïcs ont témoigné de l'enrichissement qu'avait apporté dans leur vie la forme extraordinaire du rite romain et l'importance de cette forme dans la nouvelle évangélisation voulue par Benoît XVI.