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Médias : Désinformation

Les carences médiatiques sur la Syrie

Frédéric Pichon, docteur en histoire, diplômé d’arabe et chercheur associé (à ne pas confondre avec l'avocat), écrit dans Causeur :

"Voici maintenant un an que le soulèvement en Syrie occupe une bonne partie de l’actualité internationale française. Prisonnière des catégories mentales (re)construites dans la foulée du « printemps arabe », notre classe politique et médiatique s’acharne à ne pas voir le réel. […] On peut se demander pourquoi aucune rédaction n’a jugé utile de publier ou même de commenter (voire de lire ?) le rapport des observateurs de la Ligue arabe sur la Syrie. On aurait certes appris certains aspects ubuesques de cette mission (certains observateurs ayant visiblement préféré profiter des délices des grands hôtels de Damas plutôt que de se rendre sur le terrain), mais aussi que les « groupes armés » avaient recours aux bombes thermiques et aux missiles anti-blindage, ce qui cadre mal avec la vision romantique d’ « opposants aux mains nues ». Le rapport concluait également que le journaliste français Gilles Jacquier avait été tué par des tirs de mortier de l’opposition. […]

Il suffit parfois de guillemets et de termes sans appel pour se dispenser de toute explication. Ainsi, le référendum organisé par le gouvernement syrien le 4 mars dernier fut immédiatement qualifié de « controversé ». Ici le mot claque sans appel : signe qu’il ne lui doit être accordé la moindre attention. D’ailleurs, quel medium aura pris la peine de lire le texte de la nouvelle Constitution syrienne qui, soit dit en passant, fait de larges concessions à l’islamisme politique en reconnaissant la charia comme « source majeure » du droit ? […] Et lorsque Human Watch Rights publie le 20 mars un rapport accusant les insurgés de « graves violations des droits de l’homme, d’enlèvements, de tortures et d’exécution », la nouvelle passe quasiment inaperçue. Tout au plus parle-t-on d’« abus », voire de « graves abus ».

[…] Alors que la situation diplomatique semble bloquée au Conseil de Sécurité et que les dissensions au sein du peu représentatif Conseil National Syrien apparaîssent au grand jour, les médias se font les auxiliaires zélés des états-majors. Il s’agit à présent de passer au stade émotionnel et humanitaire, contre les positions chinoise et russe, afin d’obtenir une « intervention » (pas une guerre, bien entendu…) à coups de « frappes chirurgicales ». Un grand classique de la « psywar » illustrée par les mensonges des couveuses koweitiennes en 1990, des massacres de Markale en 1994-1995 et des armes de destruction massives en 2003.

Il faut aussi évoquer la remarquable popularité dont jouissent certains pays arabes du Golfe. Le 7 février 2012, Arte diffuse une émission intitulée « Le printemps arabe » : tous les pays concernés sont passés en revue. Tous ? Sauf Bahreïn. Etrangement, les manifestations et leur répression brutale sont oubliées. Il est vrai que l’ordre règne à Manama, après l’intervention musclée des chars saoudiens pour soutenir la dynastie sunnite contestée…. sans que personne ne s’en émeuve ! […] En l’absence de reporters sur le terrain, les rédactions se condamnent donc au psittacisme. Leur principale source d’information s’avère être l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme. Sauf qu’il s’agit d’une émanation des Frères Musulmans en Grande-Bretagne dont le président, un certain Rami Abd el Rahmane, inonde les médias de communiqués chiffrés qui sont repris sans broncher par l’AFP, Reuters et CNN. Problème, personne n’a jamais rencontré ce M. Abd el Rahmane. Il ne s’agirait que d’un pseudonyme regroupant des activistes syriens présents en Grande-Bretagne. On s’en doutait depuis l’été 2011, quelques journalistes qui font honneur à leur métier ayant émis des doutes sur son existence. Or, l’OSDH a reconnu lui-même, le 17 janvier, que ledit Abd el Rahmane n’existait pas ! Cela n’empêche pas l’AFP de toujours solennellement citer l’OSDH et « son président Rami Abd el Rahmane ». Par ailleurs, un autre groupe syrien d’opposition conteste les méthodes de l’OSDH, qui inclut les pertes militaires et policières du régime dans son nombre total des victimes. […]"

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15 commentaires

  1. Le problème aussi c’est qu’en France une voix autorisée avec Mr Juppé fait tout pour soutenir les “psychopathes” (puisque depuis l’affaire Merhat, ce ne sont plus des islamistes mais des “psychopathes” !) oeuvrant en Syrie..
    Eh oui …

  2. Le journaliste que j’aime n’est pas celui qui prend parti mais celui qui est objectif; c’est à dire qui nous transmet l’entière vérité.
    Cette distinction est devenu rarissime parce que la plupart des journalistes sont à la solde des puissants.
    Il est possible de faire autrement mais qui le veut.
    Personne ? alors les pierres crieront…

  3. Pour soutenir les islamistes démocrates chèrs a BHL et Sarkozy,Juppé n’a pas hésité à falsifier la synthèse des rapports de l’ambassadeur français à Damas ceci afin de provoquer une guerre en Syrie.Voilà ce dont est capable un ministre des affaires étrangères de l’ère sarkozy et peut-être futur premier ministre.L’irresponsable poussera à la guerre contre l’Iran c’est son voeu .

  4. les plus grands mensonges des médias se font par la dissimulation

  5. Bonne analyse des méthodes de manipulation de l’opinion internationale.
    Cependant, même si certains insurgés sont de toute évidence des islamistes financés, et sans doute aucun, armés de l’extérieur, cela ne nous dit pas pourquoi les Syriens se sont révoltés.
    Et pourquoi à intervalles fixes ce régime doit pour survivre tuer qq milliers de Syriens.
    Ensuite il est à mourir de rire -ou à pleurer- que les ASSAD crient à l’intervention extérieure : quand on sait ce qu’ils ont fait au Liban, qu’ils ont occupé militairement, qu’ils ont pillé économiquement, dont ils ont laissé ou fait massacrer des milliers de chrétiens, et dont ils ont tenté d’éradiquer les dirigeants chrétiens, assassinant au moins deux présidents et premiers ministres, et dans lequel ils ont favorisé avec l’argent iranien l’implantation d’une armée musulmane, celle du Hezbollah, il ne faut pas inverser la charge des preuves.
    Quand on est sans pitié dans l’usage de la force, on finit par rencontrer plus fort ou plus rusé que soi.
    Comme pour POUTINE, les Assad sont certainement chargés de fautes et de crimes extravagants qu’ils n’ont pas commis, mais cet excès dans la propagande ne les exonère pas du reste : cela explique certainement l’appui de la Russie et de la Chine aux ASSAD, celles de minorités dictatoriales sous formes démocratiques.

  6. @ Panetier, je souhaiterais apporter une nuance. Comme vous je souhaite plus d’objectivité. Mais la nature humaine étant ce qu’elle est (limitée sur le plan des capacité, et bien sûr toujours encline à avoir son esprit dévié par le malin) je ne crois absolument pas en une information supposée objective. C’est une illusion. Alors comment faire ? Je vois deux pistes qui vont ensemble: 1) Etre plus transparent sur le mode de pensée des journalistes. Par exemple, si l’on savait que plus de 80% des journalistes sont à gauche (et souvent extrême gauche) en général, cela qualifierai autrement les information reçues. 2) Une plus grande pluralité. Il est indécent que certaines catégories de pensée soient interdites a priori ou presque dans le débat public (cf. la droite traditionnelle en France). Cela est bien révélateur de ce qui tient les médias.

  7. PG,
    Vous avez raison.
    En fait la propagande étatique est tellement forte et scandaleuse que nous en venons à prendre le parti de certaines personnes que nous n’apprécions pas particulièrement.
    Finira-t-on par dire “ha ce bon vieux Kadhafi, sacré Assad qui n’hésite pas à faire du Liban une sous préfecture !”
    Une fois de plus la complexité du monde moderne, les mensonges des médias et l’incompétence clownesque du pouvoir (qui permettait à Khadafi de monter sa tente en plein Paris…) troublent nos esprits.
    Encore cela serait dans l’intérêt de la France…mais j’en doute car on sait qui dirige, et on peut supposer qu’ils ne savent plus bien eux mêmes.
    Dans Mr Bergeret à Paris d’Anatole France un personnage dit dans mon souvenir : “La république est une locomotive qui avance toujours même si on se demande qui est aux commandes”.
    Aujourd’hui cela pourrait aussi bien s’appliquer à d’autres que notre seule république.
    Mais cela pose aussi la question de savoir quels sont les patterns de réflexion de la Droite nationale et catholique, à mon sens construite en protection (par opposition) de la propagande gaucho-marxiste devenue bobo.
    Et puis je le replace içi, car c’est mon dada…

  8. AH les catholiques découvrent la vérité c’est bien mais ça été un peu long…

  9. Comment des postes de missile Milan se sont-ils retrouvés aux mains de bandes armées ?

  10. Si vous voulez je peux témoigner de ce que j’ai vu en Syrie, sous Assad père puis fils.
    Mais je vais encore me faire saquer.
    C+

  11. Tiens? J’ai l’droit?
    Allez j’essaie:
    La première chose qui étonne, c’est, qu’après juste une semaine vous vous trouvez en complet décalage entre votre vie et ce qui est dit du pays en Occident.
    Français, nous dispos(i)ons d’un immense avantage sur russes et américains résidents, c’est celui d’un accueil fraternel chez le Alaouites, feint ou réel je n’ai honnêtement pas encore tranché, mais chaleureux et confiants ils l’étaient.
    A l’époque, les photos satellites américaines nous présentaient les ports de Lattakieh et de Mina el Beida comme des bases en effervescence et nous devions évaluer le niveau de menace et de préparation.
    En particulier, des silos de missiles Mer Mer étaient alignés sur les quais et inquiétaient tout le monde (c’est déjà daté, pas de confidentialité ici). Le hasard a voulu que nous nous prenions d’amitié pour des vétérans de la guerre navale avec Israël, ils nous ont lors fait tout visiter,thé à bord des patrouilleurs OSAII inclus, sachant parfaitement qui nous étions (les diplomates et militaires américains résidents étaient…verts! jamais eu le droit d’entrer dans la base). La franchise gauloise paie parfois. Du coup, ils ont compris que les centaines de silos sur les quais nous intriguaient, alors très solennellement ils nous ont montré tout leur sens pratique: ces trucs (de vrai silos à missiles)sont frais et très bien ventilés, ils conviennent à merveille pour garder … les légumes frais quelques jours, le temps de leur vente en gros. Nous avions devant nous mis à jour, la plaque tournante du trafic de légumes du pays.
    Cette anecdote pour dire que tout est à l’encan, il faut quitter un tantinet son esprit trop rationnel pour comprendre un peu.
    Ainsi, les services de sûreté (concurrents) sont particulièrement présents dès que l’on se déplace, il y a au moins 4 ou 5 types enfouraillés qui vous morpionnent.
    Rien de grave, on a fini par leur dire de réduire les distances et finalement on se déplaçait, dinait et..buvait ensemble. Très décalé je vous le concède mais vrai.
    Ainsi; pour joindre quelqu’un ailleurs au téléphone il n’y a que la poste:
    Une file d’attente pour déclarer en quelle langue vous allez converser, le temps que l’on trouve l’interprète (derrière une vitre devant vous, c’est poilant) et que l’on cale une bande sur le magnéto qui vous enregistre (quasiment à votre vue).
    Tout le monde est surveillé, et… tout le monde s’en tape, c’était très oriental.
    Ensuite, à l’époque, pas de mousmés voilées, seulement des pantalons et robes pour les tradis. La liberté de culte était absolue, du moins pour les maronites, les orthodoxes et les catholiques, et toutes les nuances les moins toxiques de l’Islam.
    Les tentatives suprématistes de l’une ou l’autre communauté (chiites, ou sunites parfois Druzes mais peu tentés)étaient vouées à ce qu’ils nommaient des accidents de voitures. Méthode dure, mais façe à un groupe du Hizballah, compréhensible, et puis manifestement, les alaouites plutôt “vivre et laisser vivre” ne pouvaient pas les blairer.
    Les chrétiens, unis comme pas deux étaient considéré comme un des ferments intellectuels indispensables à la société.
    Une propriété foncière (commune aux orthodoxes, catholiques et maronites) pour peu qu’elle fût destinée à enseigner, loger des étudiants ou soigner n’était pas taxée, et ne payait que symboliquement son énergie.
    Sorte de reconnaissance du bien commun.
    Les écoles nationalisées, ben oui:
    les pères et soeurs continuaient d’enseigner la même chose aux mêmes places, sauf que les gamins étaient maintenant fournis par l’Etat en uniformes propres, et que le matin tout le monde assistait au lever des couleurs dans la cour.
    pour ma part, rien de “Hitlerjungen” juste une peu de retour à la notion de nation (importante pour les Alaouites qui ne reconnaissent pas d’Oumma comme les Sunnites l’entendent).
    Fait assez amusant: le patriarche orthodoxe de Lattakieh était l’ancien élève du Curé jordanien de la paroisse catholique, et si chacun se tenait à sa doctrine et hiérarchie, tout ce qui n’était pas cultuel était commun.
    Bon assez de souvenirs,
    y a-t il parmi vos lecteurs, un qu’est capable de faire la différence entre un type du pays Druze, un Syrien de base et un Philistin du Sud?
    Est-ce que comme ma pomme quelqu’un a noté que de toutes les gueules de “rebelles” que nous présentent nos grands savants de journalistes, n’ont rien à voir avec la typologie locale.
    On y voit des tronches de perses et des Hizballah d’importation.
    Au départ, les aristocrates alaouites conduisent bien ce qui me semble une défense de leurs terres, et avoirs (il faut en convenir). Mais, eux savent très précisément les conséquences d’une infection verte qui se propage comme la vérole. Ils ont une fonction d’anticorps (parfois violents sûrement)dans ce coin du monde.
    Pour ce qui est des Syriens au Liban, il convient de faire la part des actions terroristes dont nous ne connaitrons pas encore les réels commanditaires, et l’idée pour le syrien de Base est que le Liban est une sorte de principauté pas vraiment indépendante qui fait partie du patchwork politique où tout se négocie.
    Pour info, à l’époque, la frontière Syrie / Liban était un simple check point ouvert, tous les syriens du Sud se rendaient en convoi au Liban pour s’approvisionner en produits occidentaux (video, clopes, etc…) réputés interdits sur place et en babioles immorales (stups et lucre visuel)qu’on ne pouvait acheter publiquement dans son quartier.
    De façon générale, Juppé et sa bande de babouins sans culture sont en train de nous choisir un adversaire facile qui constituait le seul verrou de la stabilité de ce coin de la planète.
    Une attitude irresponsable auto-entretenue par les médias et leurs spécialistes auto-proclamés. (faut voir ce qu’un afro-sachant comme B Lugan ramasse avec la bande d’abrutis qui nous servent du padamalgam à longueur d’éditoriaux)
    Les syriens ne doivent rien comprendre à ce que racontent nos journaux.
    Rédigé par : Christophoros |

  12. @ Christophoros
    Témoignez : le SB n’est pas une salle de police.

  13. Une autre fois peut-être!

  14. @ claude de rouen, pouvez-vous en dire davantage sur la falsification opérée par Juppé ?

  15. @ Jean
    – Repris d’un sîte bien informé et non controlé par les médias aux ordres.
    – Un haut fonctionnaire français a invité le 19 mars 2012 des journalistes arabes basés à Paris pour leur révéler la bataille qui se livre actuellement au sein du gouvernement français en général ,et du Quai d’Orsay en particulier à propos de la Syrie.
    – Selon cette personnalité,l’ambassadeur de de France à Damas,Eric Chevalier,a pris à parti son ministre devant ses collègues.Il a accusé Alain Juppé de ne pas avoir tenu compte de ses rapports et d’avoir falsifié les synthèses pour provoquer une guerre contre la Syrie.
    – Notamment :En mars 2011 un rapport transmis à Paris par les enquêteurs dépêchés par le Quai d’Orsay indiquait qu’après quelques manifestations,la tension était retombée,en contradiction avec les reportages d’Al-Jazeera(chaine de télé du Quatar) et de France 24 qui indiquaient à l’inverse que la ville était à feu et à sang.Furieux de ce premier rapport,Alain Juppé téléphona à l’ambassadeur pour exiger que les enquêteurs modifient et fassent état d’une répression sanglante.
    – ce n’est pas tout: Après cet incident,Alain Juppé fit pression sur l’A F P pour qu’elle publie des dépêches mensongères confortant sa vision.
    – Durant les mois qui suivirent,les incidents opposant Eric Chevelier et Alain Juppé ne cessèrent de se multiplier jusqu’à l’affaire des otages iraniens et la mort du journaliste Gilles Jacquier.A cette occasion,l’ambassadeur reçut l’ordre d’exfiltrer les agents de la DGSE travaillant sous couverture de presse .
    – Il réalisa l’importance de l’action secrète entreprise par Juppé.

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