Interrogé dans La Croix, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies de l’Ifop, évoque la percée du RN dans l’électorat catholique :
[…] Une partie de cette population catholique fait probablement l’expérience, avec un certain retard, de l’insécurité culturelle liée aux conséquences de l’immigration et à la montée de l’islamisme. Il y a eu des événements marquants comme l’égorgement du père Hamel en 2016, ou l’attentat de la basilique de Nice en 2020. Les catholiques qui ont participé à la longue histoire de la bataille entre l’enseignement catholique et laïc voient bien que cette querelle paraît totalement dépassée face aux drames qu’ont été les attentats contre les enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard. Ils observent que les tensions qui touchent l’école ont dramatiquement changé de registre.
Ce public catholique pratiquant peut aussi ressentir une forme d’insécurité anthropologique face aux changements sociétaux dont nous venons de parler, pris en tenaille entre le progressisme « woke » d’un côté et, de l’autre, le changement démographique et l’affirmation d’un islam identitaire dans l’espace public. En 2017, François Fillon avait réussi à les séduire en reprenant le concept du « droit à la continuité historique », à savoir le droit pour un peuple d’aspirer collectivement à perpétuer sa culture ainsi que des valeurs qui le constituent en tant que nation. Aujourd’hui, une partie de cet électorat se tourne vers le RN.
Est-ce que la dynamique du vote RN montre que ces préoccupations culturelles et identitaires prennent le pas sur les questions sociales et économiques ?
Il ne faut pas raisonner de manière binaire. Pour beaucoup de ces électeurs, ce n’est pas l’économique et le social versus l’identitaire et le sécuritaire. Les deux se mêlent. Le RN articule à la fois les préoccupations de pouvoir d’achat, de déclassement – qui pourraient pousser à voter à gauche – avec l’insécurité physique et culturelle. C’est ça qui fait son succès dans les catégories populaires. Typiquement, une petite classe moyenne qui vote RN va dire que l’école, ou le collège, du quartier n’est plus bien fréquentée, qu’il faut mettre les enfants dans le privé. C’est à la fois social, avec le coût financier supplémentaire que cela représente, et identitaire. Elle va devoir payer un loyer élevé et l’école privée, tout en pensant que dans son quartier les logements sociaux vont surtout aux populations issues de l’immigration et qu’elle n’y a pas le droit, car elle n’est pas assez pauvre. Donc c’est à la fois de l’économique et de l’identitaire qui s’entremêlent.
Lors des dernières élections, le RN a fait une percée chez les cadres et les urbains, qui sont plutôt des « gagnants de la mondialisation », selon l’expression consacrée. Comment l’expliquer ?
Chez les cadres, le RN est à 18 %, ce qui était certes inimaginable il y a vingt ans, mais chez les ouvriers et employés, c’est 45 %, le clivage de classe demeure donc très marqué dans cet électorat. Pour expliquer cette progression chez les cadres, on peut penser que même s’ils se sentent personnellement préservés d’une forme de déclassement, ils la redoutent. Cette appréhension est par exemple très forte dans les classes moyennes aux confins des départements de Seine-et-Marne ou de l’Oise. Ils n’ont qu’une hantise quand vous allez là-bas, c’est d’être, comme ils disent, « rattrapés par la banlieue », alors qu’ils se sont endettés pour acheter un pavillon dans des zones préservées de la délinquance et culturellement homogènes.
Le camp macroniste n’a pas voulu, pendant ses premières années d’exercice du pouvoir, aborder ces questions, pour ne pas faire le « jeu du RN », selon l’expression consacrée. Il y a bien eu quelques personnalités de son camp qui se sont exprimées sur la question, notamment l’ancien ministre de l’intérieur Gérard Collomb, qui, alertant sur la nécessaire « reconquête républicaine » dans les quartiers ghettoïsés, avait dit craindre que la coexistence se transforme à terme en « face à face ». Mais fondamentalement ces thématiques ne sont pas dans l’ADN d’Emmanuel Macron. Le RN par son antériorité sur le sujet et le fait qu’il n’ait jamais été au pouvoir, bénéficie, lui, d’une crédibilité sur la question.
[…] Selon nos études, 53 % des Français souscrivent à la théorie du grand remplacement, à savoir la disparition d’une population blanche et chrétienne au profit d’une population africaine et musulmane. C’était déjà le cas de 49 % des électeurs d’Emmanuel Macron et même 35 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, à la présidentielle de 2017.
cadoudal
Les Gaulois ne veulent plus être gouvernés par une caste méprisable qui les hait et veut leur perte.
Un moment arrive où ils vont crier très fort : ” Assez”!
D'Haussy
Retourner l’islam contre la gauche une solution ? Mais la droite casher et républicaine veillera à ce que ça n’arrive jamais.
POPCORN 🍿
Meltoisan
“Retourner l’islam contre la gauche une solution ?” Non car pour une grande partie, ils sont copains comme cochons, si j’ose dire.”
En revanche, “la droite casher” est bien “républicaine”, c’est ce qui nous sauvera !
Meltoisan
Je ne comprends pas le titre : On peut (on devrait) être à la fois CONTRE le prétendu “progressisme Woke”, CONTRE le grand remplacement de population et aussi CONTRE la destruction de notre culture par l’extension de l’Islam. Il n’y a pas de contradictions en cela.
Par contre, on devrait être POUR la défense de notre culture via l’école et POUR la protection de nos frontières