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France : Politique en France

Les chiraquiens en désaccord avec la stratégie droitière de Sarkozy

Le géographe Christophe Guilluy déclare dans Marianne :

"dire que la stratégie Buisson, ou plutôt Buisson-Guaino a échoué, est-il, à mon sens une erreur d’analyse. Le marketing politique de Nicolas Sarkozy, misant tout sur la question identitaire, a fonctionné a plein. Certes moins bien qu’en 2007. Mais il n’y avait pas d’autre choix pour atteindre ce niveau. Il ne pouvait tout de même pas faire campagne sur son bilan, avec un résultat nul sur le pouvoir d’achat et une hausse du chômage ! La ligne était claire, c’est ca ou rien. Privé de la composante sociale, son discours Lepeno Sarkozysme à destination des classes populaires qui sont au front de la mondialisation, ne pouvait se résumer qu’à la seule dimension culturelle et identitaire …."

Ce discours énèrve les chiraquiens qui y voient une remise en cause du sacro-saint "cordon sanitaire" :

N"Pour franchir une étape supplémentaire – et très symbolique – dans sa chasse effrénée aux électeurs du Front national, Nicolas Sarkozy n’a rien trouvé de mieux que de se rendre mardi 24 avril à Longjumeau, ville dirigée par Nathalie Kosciusko-Morizet ! Celle-là même qui, alors qu’elle était encore ministre au moment des élections cantonales l’an dernier, avait indiqué qu’en cas de duel PS-FN, elle voterait socialiste… A croire que Sarkozy veut lui faire payer au prix fort sa promotion comme porte-parole de campagne au nez et à la barbe de tous les autres prétendants : tu l’as voulu, maintenant tu assumes.

Mais là n’est pas l’essentiel. Ce mardi, Sarkozy ne s’est pas contenté comme la veille de "comprendre les souffrances" des électeurs de Marine Le Pen et d’être "à l’écoute". Il a expliqué calmement que la présidente du Front national ayant "le droit de se présenter ", elle était "compatible avec la République ". Un sacré coup de main à cette dernière et à sa tentative de "dédiabolisation". En tout cas, une première.

Jusque-là, à droite, hormis dans les rangs de la Droite populaire, on se contentait de souligner que le FN est un parti légal. Sarkozy suggère, lui, que le parti lepéniste est un parti républicain qui défendrait des valeurs républicaines, donc les mêmes que les siennes, donc que celles de l’UMP. […]

JParce qu’il songe à l’après-6 mai face à l’échec annoncé de Sarkozy, parce qu’il craint par-dessus tout une dérive extrémiste sans fin et un éclatement de l’UMP, Alain Juppé a de son côté pris les devants dès le lendemain du premier tour. "Si Nicolas Sarkozy perdait, nous serions un certain nombre à tout faire pour que l’UMP garde sa cohésion", a dit son fondateur sur RTL. Une petite phrase qui a fait bondir Sarkozy.

Voilà un moment que les deux hommes sont en désaccord sur la stratégie. Juppé estime qu’il faut tenir un discours de rassemblement à l’adresse des modérés et des centristes. Sarkozy juge que c’est inutile et contre-productif. Ceux des centristes qui n’auront pas  voté pour Hollande au premier tour se reporteront naturellement sur mon nom, expliquait-il en substance.

Bref, la ligne est claire : le réservoir de voix est à droite et c’est de ce côté-là qu’il faut travailler. Pas convaincu du tout, le ministre des Affaires étrangères n’en fait qu’à sa tête. Le voilà qui suggère, dans "le Figaro Magazine", 10 jours avant le premier tour, la nomination de François Bayrou à Matignon ! Au grand dam de Sarkozy qui estime que Juppé brouille le message de sa campagne et le lui signifie sans ménagements. En privé. En entendant Juppé lundi 23 avril se situer dans l’hypothèse de sa défaite, Sarkozy ne prend plus de gants. C’est publiquement cette fois qu’il lui vole dans les plumes : Juppé "ferait mieux de se concentrer sur le second tour", lâche Sarkozy le lendemain sur France 2."

Une défaite de Nicolas Sarkozy signerait le retour de la stratégie chiraquienne à l'UMP et la rediabolisation du discours de droite.

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5 commentaires

  1. @ M J
    Cette analyse rapporte bien les équilibres et les oppositions internes sur la stratégie électorale ; je bien stratégie électorale, car F. FILLON a vendu la mèche en estimant les assertions de Mme JOUANNO non pas fausses, ou insupportables ou anti démocratiques, mais simplement ”contre productives”, ce qui place les propos de N SARKOZY sous leur vrai jour, des éléments de langage électoraux.
    Mais votre conclusion est troublante : en quoi N SARKOZY a t il ”dédiabolisé” le discours du FN ?
    Il vient de reprendre sur France Inter à l’instant les attaques contre les dirigeants du FN rétablissant le cordon sanitaire chiraquien, en faisant une différence entre les responsables du FN et leurs électeurs, et en rejetant les propositions du FN. Il veut bien de ceux qui votent mais pas de ceux pour lesquels ces électeurs votent, très exactement comme J. CHIRAC l’a tjrs fait.
    Il vient de se glorifier de faire rembourser l’avortement, et de n’avoir jamais passé d’alliance avec le FN. Bref, il prouve n’avoir pas de convictions, mais être en campagne, chose qu’il sait mieux faire que de corriger les lois qui contreviennent aux PNN.
    On peut voter pour lui pour éviter l’autre, mais certainement pas pour des convictions établies.
    [Il ne s’agit pas de ses convictions mais de son discours. La gauche ne s’y trompe pas elle. MJ]

  2. Plus personne ne se souviendra de ces mediocres palinodies politiciennes dans trois mois…

  3. gaulliste de gauche!!!!
    pret à voter hollande ou melenchon
    il est vrai aussi que DE GAULLE A INTERDIT LE MOT”” DROITE “” NE DONNANT QUE DES CAUTIONS AU PARTI COMMUNISTE APRES AVOIR RACHETÉ LE DESERTEUR THOREZ A STALINE POUR EN FAIRE UN MINISTRE D’ETAT
    [SVP, pouvez-vous écrire en minuscules ? MJ]

  4. En cas de defaite de M. Sarkozy, une bataille s’engagerait sans doute pour definir l’identite de l’UMP. Il n’est peut-etre pas dit que les “chiraquiens” l’emportent, en tout cas si les militants et adherents avaient leur mot a dire. N’oublions pas que la nomination de Barry Goldwater a permis de redefinir le Parti republicain US, malgre sa defaite cuisante en 1964. Mais l’ampleur d’une defaite de NS aurait sans doute egalement un impact: si c’est le 45/55 predit par les sondages, les chiraquiens pourront dire que la strategie “regalienne” est discreditee; mais si c’est beaucoup plus serre…

  5. @ MJ
    J’entends bien : un discours qui déjà a changé, un discours très flottant.
    Quand on est le premier magistrat français, il n’est pas un exploit que de dire qu’un candidat recueillant 18 % des voix est légitime.
    Cette déclaration c’est mieux que les coups de p…. au c…. habituels, mais nous sommes loin d’une reconnaissance totale : veut-il réellement être réélu ?
    [“veut-il réellement être réélu ?” Lui seul le sait. Et ce n’est pas notre question à nous : quelle est la meilleure attitude à avoir pour servir le bien commun ? MJ]

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