Théologien, professeur de Nouveau Testament à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, membre de la Commission sur les relations avec les juifs au Patriarcat latin, Olivier-Thomas Venard, religieux dominicain, explique les craintes que le pèlerinage de Benoît XVI suscite chez certains chrétiens de la région et analyse les risques diplomatiques d’un tel voyage :
"C’est donc la présence humaine et la structure économique et juridique des communautés chrétiennes qui est précarisée par la politique d’Israël depuis 1993. La situation est si difficile de tous côtés que l’accord fondamental de 1993 fait désormais l’objet de regrets publics. L’ancien nonce apostolique en Israël aujourd’hui à Washington, Mgr Pietro Sambi, n‘a pas hésité à déclarer qu’au fond, les relations de l’Église avec Israël étaient meilleures avant 1993, quand il n’existait pas de relations diplomatiques avec le Vatican que depuis. […]
En fait, on peut se demander si le personnel du Vatican n’a pas confondu à cette époque dialogue œcuménique (puisque les relations avec le Judaïsme en relèvent) et relations diplomatiques. Les responsables catholiques ont cru faire du dialogue judéo-chrétien alors qu’ils étaient en pourparlers avec des diplomates, dans le cadre d’une relation d’État à État entre le Vatican et Israël. Or les États n’ont pas de sentiments, ils n’ont que des intérêts : on a donné à Israël ce qu’il demandait, sans exiger de contrepartie. Il est tout simplement satisfait, quant à lui, du résultat obtenu. Dans cette logique, l’Église n’aurait qu’à s’en prendre à elle-même si elle n’a pas compris les règles du jeu.
Bref, de nombreux catholiques d’Israël et des Territoires occupés subissent aujourd’hui les conséquences d’une malheureuse confusion des genres. Et ils redoutent qu’une visite du Pape sans règlement préalable des problèmes principaux ne fasse qu’aggraver la situation. Au Proche-Orient, région où l’honneur a beaucoup d’importance culturelle, venir sans avoir l’assurance d’avancées significatives sur tous les points mentionnés ci-dessus reviendrait à se déconsidérer aux yeux de tous. Surtout, ce serait un signal donné aux Israéliens qu’ils peuvent continuer à traiter les chrétiens locaux n’importe comment – les dignitaires de l’Église continueront de faire comme si tout allait bien. […] A tout le moins, on peut penser qu’un discours clair du Pape en Terre sainte sur ces questions pourrait avoir des conséquences positives."
Amédée
Votre auteur est Dominicain, français Dominicain et choisit de s’exprimer dans La Vie dite catholique… 3 faits qui parlent pour eux.
Mais cela étant il faut effectivement un discours clair du Pape… qu’il affirme que les catholiques ont toute leur place en Israël et en Palestine.
Que maltraiter les catholiques est dangereux pour les Juifs de la diaspora (tout comme ils peuvent le constater de la part de certains musulmans avec le conflit israélo-palestinien)…
Que maltraiter les catholiques est dangereux pour les pro-palestiniens…
Parce que beaucoup de catholiques sont prêts à tendre l’autre joue, quand il s’agit d’eux-mêmes, mais pas nécessairement quand il s’agit de leurs frères et sœurs catholiques en Israël ou en Palestine.
Sancenay
Assez de relativisme ! le Saint-Père héritier et continuateur de la longue tradition diplomatique de L’Eglise, et davantage encore, tabernacle sacré de la Grâce, sait ce qu’il fait.
Xtof
Est-il si difficile de faire confiance à notre Saint Père ?
Il me semble que l’Esprit Saint est meilleur conseiller auprès de lui que nous…