Suite au décès de Mother Angelica, fondatrice de la chaîne de télévision EWTN, Famille chrétienne publie l'extrait d'un entretien daté de 1992 :
"Les écrans envahissent les foyers, même les plus chrétiens. Que doivent faire les catholiques ?
Envahir les écrans ! Il y a dans la TV un contact personnel avec les gens, qui peut être utilisé pour le meilleur ou pour le pire. Elle vient prendre la personne au cœur de son foyer, dans son intimité, les yeux dans les yeux. Nous avons reçu récemment cette lettre : « J’avais réservé une chambre d’hôtel pour me suicider. Le locataire précédent avait oublié d’éteindre le poste. J’ai regardé : c’était votre chaine. Une émission sur l’espérance. Vous m’avez sauvé la vie. Merci. » La télévision est un média : elle peut détruire comme elle peut sauver.
Vous êtes un peu « révolutionnaire » dans l’Eglise ?
Je vous cite ce que nous a déclaré le cardinal Odi après avoir visité nos studios : « Les gens sont plus vite convaincus par ce qu’ils voient et entendent par la télé que par les paroles du prêtre derrière son pupitre. La télévision accède plus facilement à l’esprit humain. Non seulement elle permet de toucher un grand nombre de gens et de s’introduire dans des familles qui n’auraient pas directement accès à la doctrine de l’Eglise, mais elle bénéficie en plus d’une certaine crédibilité intérieure qui peut parfois rendre l’Evangile plus désirable à ceux qui ne pensaient pas comme elle. »
La médiatisation n’oblige-t-elle pas à faire certaines simplifications, des concessions sur le Message ?
Nous n’avons jamais fait de concession sur la doctrine de l’Eglise, et nous n’en ferons jamais. Les premiers à le reprocher seraient les protestants qui travaillent avec nous ! Nous ne peignons pas la vie en rose et l’Eglise en bleu. Nous disons aux gens qu’ils sont sur la mauvaise voie, et ils aiment ça. Nous nous sommes éloignés de la discipline, de la maitrise de soi, de Dieu… Plus nous servons aux gens de la bouillie, plus nous essayons d’enrober la vérité de sucre pour ne pas les blesser, plus nous commettons une grande injustice. « Je veux être une épine dans votre flanc, dis-je à certaines personnes. Je veux, lorsque vous êtes sur le point de commettre une faute, que vous vous souveniez de ce que vous avez entendu à EWTN. » Aujourd’hui plus personne n’appelle un chat un chat ; or c’est ce dont les gens ont besoin. Un jour un homme m’a appelé pour me dire qu’il me trouvait odieuse. Je lui ai répondu que tout le monde me disait ça et qu’il n’était pas obligé d’écouter. « Vous m’irritez ! » ajoute-t-il. Je réponds : « Changez de chaine ! » – « Je ne peux pas ! » – « Pourquoi ? » – « Vous me fascinez ! »
Quelle vous semble être, aujourd’hui, la priorité dans l’évangélisation ?
L’annonce toute simple. Pas la haute théologie, juste les bases de la Foi. Nos frères ne connaissent pas Dieu. Invitons-les : « Jésus est dans l’Eucharistie, venez-voir, venez-voir Jésus ; écoutez sa voix dans la profondeur de votre cœur, touchez sa main ». Où sont notre foi et notre amour pour l’Eucharistie ? Quand avons-nous dit pour la dernière fois à quelqu’un en détresse, ou qui avait des problèmes : « Venez, nous allons en parler à Jésus ? »
Et puis ne plus avoir peur. C’est maintenant l’heure d’être courageux et de prendre des risques pour le Christ. Ca ne nous dérange pas d’être chrétien, mais nous ne voulons pas être fous pour Jésus parce que nous avons perdus l’audace des martyrs. Alors, d’autre le font… La tradition dénombre sept dons de l’Esprit Saint, moi j’en ajoute un huitième : l’audace ! C’est le courage de prendre des risques quand tout le monde pense que vous avez perdu la tête !"