De Jean-Noël Dumont dans Valeurs actuelles :
"Mais enfin pourquoi les chrétiens se verraient-ils privés du droit de combattre avec les moyens de la manifestation, de la protestation, du chahut, de la politique en somme ? Qui exige d'eux qu'ils se montrent dociles et polis ? En luttant dans la cité pour leur dignité, leurs droits et leurs intérêts, ils ne prétendent pas imposer leur foi. Ils en défendent seulement les moyens d'existence. Ils ne défendent pas la cause de Dieu, qui n'en a nul besoin, mais les images qui servent à leur culte.
Où est le blasphème ? Non dans l'image d'un Christ souillé mais dans la volonté de souiller son image. Le Christ du retable de Grünewald, écartelé sur un bois tordu, les doigts crispés et le corps convulsé, présente les symptômes de ce "mal des ardents" que l'on traitait dans l'hôpital où il était exposé. Les malades devant cette image comprenaient que le Sauveur porte leur souffrance. Qu'on ne nous dise pas que Grünewald perpétue ici la tradition du sacrilège ! Il ne se met pas du parti des bourreaux. Avec piété il montre le Sauveur épuisant la misère du monde. Si Rouault peint le Christ outragé, la trogne cabossée par une douleur bestiale, il met au pied de la Croix le peintre en prière.
Lorsque Jésus fut traîné au Golgotha, les disciples, manquant sans doute de culture, n'eurent pas le bon esprit d'applaudir. Ils eurent au moins le courage de se cacher. Au pied de la Croix restent Marie, la mère aux sept douleurs, Marie Madeleine, la prostituée, et "le disciple que Jésus aimait", dans lequel chaque fidèle devrait se reconnaître. Chaque chrétien, chaque homme, peut dire que son nom est Jean. Celui-ci n'avait pas payé sa place pour un spectacle aux audaces subventionnées. Quel frémissement dut le parcourir quand il entendit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ! » "
Une grande manifestation organisée par Civitas partira dimanche 11 décembre à 14 h de la Place de l’Alma à Paris.