C'est le sentiment qui ressort du dernier observatoire des commerces publié comme chaque année par Ifop et la mutuelle de santé Médicis. 59% des propriétaires de boutiques estiment que l'ouverture le jour du Seigneur leur coûterait plus d'argent qu'elle ne leur en rapporterait. Christophe Rollet, le directeur général du spécialiste des pneus Point S; déclare :
«Dans le climat actuel, c'est mal vu de la part d'un entrepreneur de dire qu'on ne veut pas travailler le dimanche. Mais entre l'augmentation des charges fixes, les salaires majorés, et les coûts de communication autour de l'ouverture, on ne s'y retrouve pas!»
Il sait de quoi il parle : a testé il y a trois ans dans ses magasins l'ouverture dominicale, avant de l'abandonner six mois plus tard.
«On parle du volontariat, mais si tout le monde peut ouvrir, ce volontariat devient relatif et cela devient une prise en otage des salariés et des entrepreneurs».
FR
C’est une évidence logique.
Les professionnels du commerce feraient mieux d’adopter une vraie démarche marketing, et de constater que leur grande faiblesse, c’est la formation insuffisante de leur personnel, couplée avec l’obsession destructrice des objectifs à court terme (le sacro-saint TT, plutôt que la fidélisation, le transactionnel à la mode des années 80 plutôt que le relationnel).
Les commerçants sont tellement le nez dans le guidon qu’ils en viennent à rechercher le développement de leurs affaires par le moyen de purs effets d’aubaine… Effets d’aubaine qui, lorsqu’ils disparaîtront, laisseront l’entreprise seule et démunie face à l’augmentation de ses coûts fixes salariaux…
Les seuls acteurs qui ont un intérêt à ce que l’on puisse travailler le dimanche sont les entreprises de la grande distribution, qui entendent par cette mesure tuer leurs concurrents du petit commerce. La grande distribution goûte très peu de ce principe de subsidiarité cher à l’Église Catholique ; la loi de Mammon impose la concentration et la recherche des économies d’échelle.
La saine raison et les principes fondamentaux de la démarche marketing rejoignent le Catéchisme de l’Église Catholique.
Il faudrait que Guillaume de Thieulloy l’explique à la bande d’idéologues ultra-libéraux qui sévissent sur NDF…
Jga
Non, les commerçants ne sont PAS opposés à une ouverture un jour ou un autre, cet article confirme seulement qu’ils veulent, à juste titre, qu’on arrête de les contraindre à gérer leur commerce à coups de lois débiles et de taxes vexatoires (entre autres celles s’appliquant le dimanche).
nath
Bien qu’ayant longtemps été loin de l’église, j’ai toujours été contre ce travail du dimanche généralisé et ce qu’il suppose de mercantilisme.
Il est vrai que la façon édifiante dont le vieux curé qui -pour nous faire comprendre le vrai sens du dimanche- nous enseignait le catéchisme dans les années 70 nous parlait des médecins, infirmières … qui sacrifiaient aux autres leur journée du dimanche y est sans doute pour quelque chose.
Robert Marchenoir
La façon dont la presse a rendu compte de ce sondage est typique de la mauvaise foi gauchiste.
– On fait l’amalgame entre trois questions qui n’ont rien à voir : l’Etat doit-il interdire le travail le dimanche ? vous-même, en tant que chef d’entreprise, voulez-vous que votre entreprise travaille le dimanche ? vous-même, en tant que salarié ou travailleur indépendant, voulez-vous, ou seriez-vous prêt à travailler le dimanche ?
– On fait ainsi comme s’il allait de soi que l’Etat doit décider pour tout le monde si l’on travaille ou non le dimanche. On répond donc à la question la plus importante avant même de l’avoir posée.
– On lit des titres grotesques typiques du communisme le plus enragé, du genre : les Français sont pour le travail du dimanche, mais pas pour eux. Suggérant ainsi que, à partir du moment où quelqu’un souhaite faire ses courses le dimanche, il aurait pour ainsi dire une obligation morale, “par compensation”, de travailler lui-même le dimanche. Sinon, il serait un hypocrite et un égoïste.
C’est stupide à cinquante niveaux différents : par définition, les gens font leurs courses (par exemple) quand ils ne travaillent pas. Pour une bonne organisation de la société, il est donc nécessaire que certains travaillent quand d’autres “se reposent”. Du point de vue économique, il n’y a pas de symétrie : un hypermarché (pour ne prendre que cet exemple) a infiniment moins de salariés que de clients. C’est même ce qui lui permet de créer des richesses.
– Une fois de plus, les articles rapportant ce sondage omettent de préciser ce fait : un tiers des gens qui travaillent travaillent déjà le dimanche, régulièrement ou occasionnellement. Et cet autre fait : les soi-disant opposants au travail du dimanche seraient les premiers à protester si une part significative de ces gens-là cessaient de travailler le dimanche, les privant ainsi de courrier, de radio, de télévision, d’Internet, d’eau courante, d’électricité, de train, d’avion, d’autobus, de métro, d’hôtel, de restaurant, de musée, de marché, de pain, de légumes frais, de livres, de brocante, de police, de pompiers, de médecins, d’hôpital, etc, etc.
Robert Marchenoir
J’ajoute que ce sondage est révélateur d’un des pires vices français : la haine de la concurrence. A partir du moment où moi, je ne veux pas que mon entreprise ou mon commerce soit ouvert le dimanche, eh bien tout le monde doit fermer le dimanche. Sinon, quelqu’un d’autre risquerait de gagner de l’argent dans mon dos.
Eh bien, il y a toujours quelqu’un qui gagne de l’argent dans le dos de quelqu’un, et c’est une bonne chose. Ca s’appelle la liberté. C’est le contraire du communisme.
A cette aune, n’est-il pas scandaleux que les commerces ouvrent le samedi, alors que la plupart des gens ne travaillent pas ce jour-là ? Mais quel scandale ! tout le monde au boulot le samedi, et que ça saute ! Ou bien : interdisons le travail le samedi, c’est un scandale !
Pour bien mesurer l’horreur du conservatisme franchouillard que révèle ce combat rétrograde, il faut remarquer qu’on met toujours en parallèle le pitit commerçant di proximiti (gentil) et le gros hypermarché capitaliste (méchant).
Comme d’habitude, les Français ont une guerre de retard. Le vrai concurrent du commerce qui n’ouvre pas le dimanche, ce n’est plus Castorama ou Ikea : c’est Internet. Et Internet, il est ouvert non seulement le dimanche, mais tous les jours à trois heures du matin.
Sans surprise, une part énorme du chiffre d’affaires d’Amazon se fait le week-end — nuit et dimanche compris, naturellement.
Alors, messieurs les catholiques, comment on fait, sur ce coup-ci ? On interdit Internet ? Et le Salon Beige par la même occasion ? Au fait… je vois, ici, des billets publiés le dimanche. Ca ne me paraît pas très conforme à la doctrine. Qu’en est-il de votre fameuse vie familiale ? Et puis vous faites une concurrence déloyale aux journaux, qui, eux, ne peuvent pas être publiés le dimanche.
Remarquez que la noble administration françouése l’a tenté, ce coup-là : on a appris il y a peu, avec retard, qu’un dirigeant des PTT (pardon, de France Télécom), à moins que ce ne soit un haut fonctionnaire, avait tout à fait sérieusement envisagé d’interdire Internet sur le territoire français, au profit du Minitel.
Je vais vous faire encore plus peur, si c’est possible. Aux Etats-Unis, Amazon vient d’annoncer qu’il commençait à livrer le dimanche à New York, avant d’étendre ce service à d’autres villes.
Il se trouve qu’Internet est l’un des domaines où les Français sont plutôt bons sur le plan mondial. Mais non, au lieu de favoriser ce secteur qui serait susceptible de réduire le chômage, défendons le charcutier de quartier contre l’ignoble concurrence de… Castorama. C’est bien clair que, pendant que la charcuterie Sanzot jouit le dimanche d’un repos bien mérité, Casto débite des kilomètres de saucisse de morteau au nez et à la barbe du petit commerce.