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Les conséquences de l’abandon d’une catéchèse cohérente et adaptée sur la sexualité humaine

Les conséquences de l’abandon d’une catéchèse cohérente et adaptée sur la sexualité humaine

De Gabrielle Vialla :

D’une affaire à l’autre, je cherche un petit mot dans les communiqués, et je lis ceci :

« Ce que nous découvrons de quelques-uns de nos frères nous appelle à nous examiner, cela nous a été rappelé, sur notre rapport au pouvoir, aux biens, à notre ministère, à chacune des personnes avec qui nous agissons. » Mgr de Moulins-Beaufort, 8 novembre 2022

Chers frères évêques, je pose tout haut la question: personne ne vous a-t-il rappelés à vous examiner sur votre rapport à la sexualité ?

Comme parents laïcs qui éduquons patiemment nos adolescents avec leurs portables et leurs désirs compliqués… quand on nous parle de « strip-confession » et d’agression sexuelle, nous comprenons vite qu’il y a un sujet à traiter : la sexualité. C’est l’éléphant dans la pièce !

Comment ne pas interroger et rappeler chacun à l’éducation de sa conscience ? Comment pourrions-nous nous passer de la responsabilité personnelle dans un monde aux profondes mutations anthropologiques ?

Les actes répréhensibles ne sont pas posés par une fonction (prêtre ou évêque, même si celle-ci aggrave l’abus) mais par un être humain. Chaque victime est aussi une personne unique.

Dans la mesure du possible, quels éléments humains et de catéchèse sont-ils donnés largement pour que les adolescents, les jeunes adultes, les familles, mais aussi les prêtres discernent en matière de sexualité ce qui est juste ou non, puissent enfin dans le pire des cas dénoncer rapidement les abus subis ? Les délais – plus longs que ceux de la prescription judiciaire – pour que les faits soient révélés ou traités laissent songeurs sur l’ampleur du travail à fournir.

C’est bien de revoir les procédures. C’est bien de reconnaître et de demander pardon. Mais ce n’est pas suffisant. Il convient d’admettre enfin une évidence. Il y a eu une autre grave démission ecclésiale collective: l’abandon d’une catéchèse cohérente et adaptée sur la sexualité humaine.

Mais le pire, c’est que l’on préfère encore chuchoter dans l’entre-soi : « ce prêtre là, il s’occupe un peu trop de ce sujet! » « Il vaut mieux ne pas trop s’afficher en faveur de telle oeuvre éducative » « Le mot chasteté c’est bien trop compliqué, personne ne va le comprendre ».

Pourtant, chaque chrétien devrait pouvoir répondre à cette question : à quelle anthropologie fondamentale(*) est-ce que j’adhère personnellement ? Quels moyens humains et spirituels est-ce que je prends pour être fidèle à mes engagements?

N’est-ce pas cela la véritable maturité?

C’est bien trop facile de noyer la responsabilité personnelle derrière les décisions collectives.

L’éléphant est dans la pièce! Il marche manifestement avec nous dans le chemin synodal… espérons que des pauvres crient: il piétine tout! Même si les évêques n’entendent pas, le Dieu de miséricorde aura pitié d’eux. Le petit mot de chasteté existe toujours pour eux.

Gabrielle Vialla, auteur de la Chasteté, un don qui rend sa beauté à la sexualité

(*) on peut lire Familiaris Consortio 32 :

Dans le cadre d’une culture qui déforme gravement ou qui va jusqu’à perdre la signification véritable de la sexualité humaine, en l’arrachant à sa référence essentielle à la personne, l’Eglise découvre de façon urgente et irremplaçable sa mission de présenter la sexualité comme valeur et engagement de toute la personne, créée, homme et femme, à l’image de Dieu.

Dans cette perspective, le Concile Vatican II a clairement affirmé que «lorsqu’il s’agit de mettre en accord l’amour conjugal avec la transmission responsable de la vie, la moralité du comportement ne dépend pas de la seule sincérité de l’intention et de la seule appréciation des motifs; mais elle doit être déterminée selon des critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte d’amour véritable, la signification totale d’une donation réciproque et d’une procréation à la mesure de l’homme; chose impossible si la vertu de chasteté conjugale n’est pas pratiquée d’un cœur loyal»(86).

C’est en partant de la «vision intégrale de l’homme et de sa vocation, non seulement naturelle et terrestre, mais aussi surnaturelle et éternelle»(87), que Paul VI a affirmé que la doctrine de l’Eglise «est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal: union et procréation»(88). Et il a conclu en réaffirmant qu’il y a lieu d’exclure, comme intrinsèquement mauvaise, «toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation»(89).

Lorsque les époux, en recourant à la contraception, séparent ces deux significations que le Dieu créateur a inscrites dans l’être de l’homme et de la femme comme dans le dynamisme de leur communion sexuelle, ils se comportent en «arbitres» du dessein de Dieu; ils «manipulent» et avilissent la sexualité humaine et, avec elle, leur propre personne et celle du conjoint en altérant la valeur de leur donation «totale». Ainsi, au langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage objectivement contradictoire, selon lequel il ne s’agit plus de se donner totalement à l’autre; il en découle non seulement le refus positif de l’ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité intérieure de l’amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière.

En revanche lorsque les époux, en observant le recours à des périodes infécondes, respectent le lien indissoluble entre les aspects d’union et de procréation de la sexualité humaine, ils se comportent comme des «ministres» du dessein de Dieu et ils usent de la sexualité en «usufruitiers», selon le dynamisme originel de la donation «totale», sans manipulations ni altérations(90).

A la lumière de l’expérience de tant de couples et des données des diverses sciences humaines, la réflexion théologique peut saisir – et elle est appelée à l’approfondir – la différence anthropologique et en même temps morale existant entre la contraception et le recours aux rythmes périodiques: il s’agit d’une différence beaucoup plus importante et plus profonde qu’on ne le pense habituellement et qui, en dernière analyse, implique deux conceptions de la personne et de la sexualité humaine irréductibles l’une à l’autre. Le choix des rythmes naturels comporte l’acceptation du temps de la personne, ici du cycle féminin, et aussi l’acceptation du dialogue, du respect réciproque, de la responsabilité commune, de la maîtrise de soi. Accueillir le temps et le dialogue signifie reconnaître le caractère à la fois spirituel et corporel de la communion conjugale, et également vivre l’amour personnel dans son exigence de fidélité. Dans ce contexte, le couple expérimente le fait que la communion conjugale est enrichie par les valeurs de tendresse et d’affectivité qui constituent la nature profonde de la sexualité humaine, jusque dans sa dimension physique. Ainsi, la sexualité est respectée et promue dans sa dimension vraiment et pleinement humaine, mais n’est jamais «utilisée» comme un «objet» qui, dissolvant l’unité personnelle de l’âme et du corps, atteint la création de Dieu dans les liens les plus intimes unissant nature et personne.

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