Dans La Mémoire assiégée, Robin Terrasse, rappelle aux Européens qu'ils sont des survivants, en racontant leur Histoire. Les générations d'après mai 68, jusqu'aux années 2010, ont vécu ce qu'on peut appeler une révolution mémorielle : c'est-à-dire un bouleversement massif des connaissances historiques transmises aux citoyens. Ces connaissances, terriblement partielles, favorisent un récit de l'Histoire axé prioritairement sur les exactions commises par les Européens à l'encontre des autres peuples. Ce choix, semi-délibéré par consensus, semi-inconscient puisqu'il prend sa source dans un contexte de fin de Seconde guerre mondiale et de décolonisations, est un rude coup donné à l'identité des jeunes Européens, sommés d'intégrer un récit qui présente leurs ancêtres, leurs peuples, leurs civilisations, comme les grands bourreaux de l'Histoire. Ce faisant, l'éducation nationale forge de futures consciences politiques bercées dans la honte de soi, la repentance et la valorisation sans borne de l'Autre. Processus qui favorise, notamment, l'acceptation de l'immigration massive de peuplement extra-européen que connait notre pays depuis plusieurs décennies. Contre toute idée reçue, l'enseignement de l'Histoire est donc bien un enjeu d'avenir, et c'est pourquoi une contre-histoire reste nécessaire si jamais l'on souhaite voir émerger, un jour, une contre-politique. C'est là tout l'objet de ce livre, qui se veut aussi une analyse de l'idéologie dominante contemporaine.
Ce livre évoque l'Empire perse, les invasions barbares, l'empire arabe-musulman, les empires africains, les invasions turco-mongoles, l'esclavagisme tatars-musulman, autant de menaces qui ont failli faire disparaître l'Europe. Ce faisant, il rappelle ce qu'étaient réellement les Croisades : la libération des terres romano-chrétiennes.
"Il est donc absolument insensé de parler séparément, d'une part, de la Reconquista et, d'autre part, des Croisades, comme si la première était une action défensive alors que les autres auraient été d'infâmes offensives belliqueuses contre d'innocents adversaires. La Reconquista espagnole était, précisément, une Croisade et les Croisades étaient, indubitablement, une entreprise de Reconquête. […]
Il est une donnée qu'il convient de faire sienne une bonne fois pour toutes : la colonisation turque contre les Européens commença au XIe siècle, puis s'arrêta pendant environ deux cent ans, avant de recommencer de plus belle avec les conséquences que l'on sait : la chute de l'Empire byzantin et la colonisation d'un tiers de l'Europe.
Le répit qui met entre parenthèses cette colonisation correspond, précisément, aux deux siècles de présence franque dans le Royaume de Jérusalem. Le lien de cause à effet entre la chute du Royaume de Jérusalem et l'invasion de l'Europe est donc direct, implacable, et ne saurait porter aucune ambiguïté.
Les Croisades furent bel et bien une action de défense de l'Europe contre l'invasion musulmane, exactement au même titre que la Reconquête en Espagne et en Italie. […]
Ainsi, pendant environ deux cent ans et grâce aux Croisades, les Européens réussirent à freiner l'avancée turque vers l'Europe et à retarder la prise de Constatinople.
En définitive, les Croisades n'auront été qu'une parenthèse, une tentative de solidarité européenne face à une invasion qui, celles-ci terminées, continuera de travailler sans relâche à son projet : conquérir l'Europe.
Loin d'être l'agression impérialiste qu'on nous rabat sans cesse, très loin aussi d'être une entreprise de prosélytisme religieux, la constitution du Royaume franc de Jérusalem n'a été rien de moins qu'un avant-poste européen de défense face aux invasions turques, héritières des invasions arabes."